La décision de ne pas retenir l’international français Karim Benzema pour l’Euro 2016 continue de faire couler beaucoup d’encre et à donner lieu à de multiples commentaires dans l’Hexagone. La plupart sont, hélas très défavorables à l’attaquant du Real Madrid. Dans cet océan d’adversité, quelques voix s’élèvent pour dire que trop c’est trop. Qu’il y a dans cette affaire, comme un délit de sale gueule sinon de sale « patronyme ». C’est en tout cas, l’impression qu’a Guy Roux.
L’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, aujourd’hui consultant écouté et respecté du paysage audio-visuel français, interprète tout haut ce que n’arrive pas à dire tout haut la majorité qui a condamné le Merengue : « Il faut avoir le courage de le dire. S’il s’appelait Jean-Claude et était né à Brest, on ne parlerait pas autant de cette affaire. Mais son problème, a confié le Bourguignon au quotidien Le Parisien, est de s’appler Karim. C’est déplorable, mais c’est ainsi. Aux yeux de certains, il paie ses origines. Il faudra un sicèle avant que ce genre de préjugés disparaisse ». Et pan sur le bec des partisans du politiquement correct,des déclarations policées et des attitudes hypocrites.
Guy Roux a raison. Cela dépasse le cas Karim Benzema. Avant lui, Hatem Ben Arfa et Samir Nasri avaient été broyés par le cyclone. Tous les deux jugés arrogants, ingérables et moins patriotes que les autres. N’oublions pas que ce qui est devenue l’affaire Karim Benzema après avoir été l’affaire de « Sextape Valbuena » a vu intervenir de façon virulente les plus hauts dirigeants de l’Etat français;: du ministre des Sports au Président de la Républque en passant par le Premier ministre. Ce dernier étant le plus expéditif et le plus virulent.
Le cas Benzema met encore mieux en lumière les récentes déclarations de l’attaquant de Valence, Sofiane Feghouli, au sujet du choix qu’il avait fait de porter le maillot des Fennecs. Interrogé par le quotidien français l’Équipe, notamment sur la question de l’intégration des binationaux dans l’Hexagone, le milieu international algérien, Sofiane Feghouli, a eu une réponse lucide et pleine de bon sens. En prenant l’exemple de Zidane, le natif de la Seine Saint-Denis a déclaré “Quand j’étais jeune, Zinédine Zidane m’a fait rêver et, à travers le football, c’était un exemple d’intégration. Mais j’avais en tête qu’on le considérait comme un Français à part entière parce qu’il avait réussi et qu’il avait fait gagner le pays. Si ça n’avait pas été le cas, je pense pas qu’on l’aurait toujours ramené à ses origines algériennes.” Abordant son cas personnel, il a ajouté qu’il ne se sentait pas “pleinement” intégré au sein de la société française et qu’en choisissant de jouer pour l’Algérie, c’est parce qu’il se sent “algérien tout simplement”. C’est peut-être ce qui arrive aujourd’hui a Karim Benzema.
@Fayçal CHEHAT