Les championnats majeurs de football reprennent tout doucement leur droit depuis la mi-août. A grand renfort de publicité, les chaines détentrices des droit télévisuels rivalisent d’imagination marketing, en
mettant en avant les stars et les entraineurs charismatiques, pour vendre du « rêve » à leurs abonnés ou aux indécis qui n’ont pas encore franchi le pas.
Dans cette Europe en paix, les vedettes médiatisées , sauf exception, s’adonnent à leur passion avec pour seule pression celle du résultat. Cette réalité heureuse ne doit pas nous faire oublier qu’en matière de football la frontière entre le sommet et les abîmes peut être parfois ténue quand l’entourage d’un joueur se révèle peu fréquentable ou lorsque le contexte politique n’a rien de démocratique. En publiant« Débordements », la jeune maison d’édition Anamosa nous rappelle au souvenir de certains destins brisés qui ont jalonné l’histoire du ballon rond. Ecrit à six mains (Olivier Villepreux, Samy Mouhoubi et Fréderic Bernard), l’opus nous dresse treize portraits de ces acteurs du football (footballeurs, dirigeants, agent) dont les noms ont débordé les limites du rectangle vert pour entrer dans la rubrique des faits divers.
Allers-retours prison-gazon pour Villaplana
Les moins de 20 ans découvriront ainsi que dans les années 30 Matthias Sindelar, le « Mozart du football » autrichien, a ét retrouvé inanimé dans son appartement après avoir refusé de collaborer sportivement avec le pouvoir nazi. Ou qu’Alexandre Villaplana, premier capitaine de l’équipe de France lors d’un Mondial, fera des allers-retours réguliers entre le gazon et la prison pour escroqueries avant de finir fusillé pour sa collaboration avec la Gestapo. Pour Eduard Streltsov, brillant attaquant du Torpedo de Moscou, les faux rapports des services de sécurité soviétiques, et l’accusation de viol dont il sera la victime, le condamneront à subir, quatre ans et demi durant, les affres du goulag.Plus proche de nous Luciano Moggi, ancien chef de gare, sera la locomotive du plus vaste système de corruption (le Calciopoli) que l’Italie du foot a connu. Toutes ces trajectoires ont un point en commun, celles d’individus dépassés par leur propre histoire. Bill Shankly, ancien manager de Liverpool, n’avait-il pas raison quand il disait que le football était bien plus qu’une question de vie ou de mort?