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A la veille d’un match décisif pour la qualification en quarts de finale, le milieu de terrain des Fennecs, Sofiane Feghouli, a accepté de faire pour nous l’analyse des deux premières sorties et d’évoquer celui que l’équipe s’apprête à disputer contre le Sénégal mardi soir à Bata. Un discours d’une grande franchise. Où les mots sont pesés et le ton empreint d’une grande sérénité. A l’image du personnage.
Trois jours après la défaite surprise contre le Ghana (0-1), est-ce que la déception a été dépassée ?
Vous savez, quand on entre dans une compétition où l’on joue tous les trois jours on n’a pas le temps de gamberger. Il faut tout de suite se concentrer sur le rendez-vous suivant. La déception est inévitable lorsqu’on rentre dans le vestiaire. Mais après, avec l’aide du staff technique, on se remobilise dans la foulée.
Mais encaisser un but à la dernière seconde du match…
Bien sûr que nous avons trouvé cela cruel. Tellement frustrant et rageant.Mais cela ne servait à rien de ruminer.
Face à l’Afrique du Sud, l’équipe n’a pas eu son rendement habituel. Il y a plusieurs séquences. Un début prometteur, un trou noir au coeur du match et puis un final époustouflant. Comment expliquez vous cette irrégularité sur 90 minutes?
Il existe au moins deux explications. D’abord, il y a eu des conditions de jeu épouvantables avec ce taux d’humidité incroyablement élevé. Il n’était pas possible de maintenir un rythme soutenu durant tout le match. On a souffert. Beaucoup. Ensuite, il y avait en face de nous, les gens ont tendance à l’oublier, une équipe sud-africaine de grande qualité. Avec des joueurs vifs, techniques, mobiles et un jeu collectif remarquable. L’Afrique du Sud nous a occasionné beaucoup de soucis, mais nous avons fini par trouver la solution.
Face au Ghana, l’équipe s’est montrée solide défensivement et a bien occupé les espaces durant l’essentiel de la rencontre, mais il faut reconnaître que vous n’avez jamais su ou pu accélérer et porter le danger…
Revoyez le match. Les Ghanéens n’ont pas eu d’occasions franches, eux aussi. Une tête qui est passée au dessus de M’Bolhi et c’est tout. Jusqu’au but, évidemment. Nous avons été solides et solidaires et avons réussi à contenir un adversaire qui était, lui, dans l’obligation de gagner pour rester dans la course à la qualification. Il est vrai aussi que notre jeu à beaucoup penché d’un seul côté. Ce que nous n’avons pas réussi à corriger.
Vous ne cherchiez pas à assurer le match nul ?
(Ferme) . Non ! Nous sommes des compétiteurs. Lorsqu’on commence un match, c’est avec la volonté d’aller chercher la victoire.Le staff technique est dans le même état d’esprit. Jamais, nous n’aurions encaissé un tel but, si tel était notre projet. Ce but est tout simplement une grosse faute de concentration.
–Le match de mardi soir contre le Sénégal ressemble clairement à un match de coupe. Ça passe ou ça casse. Vous l’aborderez différemment?
Dans un tel tournoi, avec un groupe aussi relevé que l’est le groupe C, tous les matches sont des matches de coupe. L’erreur n’est pas permise. Nous l’abordons avec la volonté de le gagner. Cette compétition est très serrée. Vous voyez bien qu’aucune équipe n’a pu se qualifier après deux journées. Les quatre équipes de notre poule joueront leur qualification sur un seul match. Le Sénégal dispose d’excellents joueurs. C’est une équipe physique. Mais nous saurons nous adapter à l’adversaire.
En cas d’élimination précoce, redoutez-vous une cassure au sein du groupe ?
Je ne le crois pas. En tout les cas, je ne le souhaite pas. Ce serait vraiment dommage après tout ce qui a été fait ces derniers mois.
Le président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, est semble-t-il venu vous dire des mots d’encouragement et vous soutenir?
(Il coupe). Le président a toujours été derrière nous. Nous sommes tous solidaires: joueurs, encadrement technique et dirigeants.
La semaine dernière, le sélectionneur a appris le décès de sa maman. Vous avez été touché par sa décision de rester auprès du groupe pour poursuivre sa mission ?
(Gêné). C’est une affaire privée sur laquelle il m’est difficile de m’exprimer.
Des rumeurs sur de supposées dissensions au sein du groupe – démenties fermement par le sélectionneur en personne – ont été relayées par les médias algériens. Cela vous attriste ?
(Un peu fataliste) On ne peut rien contre ça. C’est un classique. Nous en avons l’habitude. Lorsque nous gagnons, nous sommes tous des Ballons d’or et lorsque nous perdons… A vrai dire ce qui parlent ne savent rien de la vie du groupe. Nous, nous savons comment nous vivons.
La préparation de vos matches vous laisse-t-elle le temps de suivre le tournoi? Comment jugez-vous le niveau de cette CAN ?
Je le trouve bon. En dépit de conditions climatiques compliquées, le jeu est soutenu. Il y a une belle bagarre. Beaucoup d’équipes se valent. Il n’y a qu’a voir le nombre de matchs nuls depuis le début de la compétition. Pour le moment, je ne peux pas sortir une équipe du lot. Peut-être que le deuxième tour permettra une décantation.
En espérant que les Fennecs en feront partie…
Inchallah ! Mais Il ne faut pas douter de notre bon état d’esprit et de notre volonté de donner le meilleur. Comme nous l’avons toujours fait. »
@Fayçal CHEHAT