Terminée sur un constat d’échec, l’ère Kasperczak a laissé place à un nouveau cycle. La Fédération tunisienne a décidé de confier la sélection à Nabil Maaloul, dont ce sera le deuxième mandat. Avec une ambition : disputer le Mondial 2018.
Attendue pour cette fin de semaine, l’information est finalement arrivée avec quelques heures d’avance. Le bureau fédéral de l’instance faîtière du football tunisien a confié jeudi soir les destinées des Aigles de Carthage à un ancien sélectionneur, Nabil Maaloul. Il y a deux semaines, sur le plateau de BeInsport, il avait déclaré au micro du présentateur Hichem Khalsi : « A 98% je serai le successeur de Kasperczak à la tête de la sélection ». Il ne bluffait pas, mais a dû patienter un peu en attendant que les dirigeants tunisiens s’accordent pour officialiser la nouvelle.
Ce dernier, qui connaît parfaitement la maison, succède donc à un autre « revenant », le franco-polonais Kasperczak (passé en 1994-2000) et qui sera resté un peu moins de deux ans. Et surtout, qui quitte son poste sur trois défaites d’affilée : en quart de finale contre le Burkina Faso à la CAN (0-2), et tout récemment lors des matches amicaux de mars contre le Cameroun (0-1) puis, quatre jours plus tard, le Maroc (0-1).
A 54 ans, l’ancien milieu de terrain offensif de l’Espérance de Tunis et de Hanovre (ALL) fait partie depuis trois décennies du paysage footballistique tunisien. D’abord, on l’a vu, en sa qualité de joueur de « Taraji » et de l’équipe nationale pendant une quinzaine d’années. Reconverti en tant qu’entraîneur, Maaloul a ensuite été de l’inoubliable conquête du titre africain lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2004 à domicile. Adjoint du Français Roger Lemerre, Maaloul a ensuite goûté aux vicissitudes de la vie de coach en club. Naturellement, l’Espérance de Tunis, son club de cœur, lui a ouvert les portes. Sous sa conduite, les Sang et or ont remporté deux championnats (2011, 2012), une Coupe nationale (2011) et la Ligue des champions d’Afrique 2011 aux dépens du WAC de Casablanca (0-0, 1-0) grâce à un but exceptionnel du Ghanéen Harrison Afful à Radès.
En février 2013, après la CAN en Afrique du Sud, il succède à Sami Trabelsi sur le banc des Aigles de Carthage. Sept ans après avoir quitté la sélection pour se consacrer à un club, Maaloul revient par la grande porte. Il n’y passera que sept mois. Au lendemain d’une défaite contre le Cap Vert (2-0) à domicile, le 7 septembre 2013, résultat qui -croit-il alors – élimine la sélection de la course à la Coupe du monde il remet sa démission. En réalité, la commission de discipline de la FIFA décidera quelques jours plus tard de donner la victoire sur tapis vert 3-0 aux Tunisiens puisque le Cap Vert a aligné Varela alors qu’il était sous le coup d’une suspension… Maaloul ne reviendra pas sur sa décision et ne dirigera pas les Aigles de Carthage en barrage contre le Cameroun.
Il opte quelques semaines plus tard pour le Raja de Casablanca, avant de se raviser. En 2014, on le retrouve sur le banc qatarien d’El-Jaish. Fin 2014, il accepte l’offre du Koweit, qui lui a proposé de diriger la sélection en phase finale de la Coupe d’Asie des Nations en Australie, en remplacement du Brésilien Jorvan Vieira. Une participation à cette compétition majeure qui se soldera par trois défaites (1-4 contre le pays organisateur, 1-0 respectivement face à Oman et la Corée du Sud) et surtout, une élimination dès le premier tour.
Parallèlement à ses activités d’entraîneur et/ou sélectionneur, Maaloul a également gagné une certaine popularité en qualité de consultant sur Al-jazira et BeInsport. Quelle sera la méthode Maaloul ? Dès sa nomination, le nouveau sélectionneur a déclaré chez nos amis et confrères de Mosaïque FM qu’il s’était entretenu avec Wadi Jary, le président de la FTF, au sujet de Wahbi Khazri coupable d’un mauvais comportement lors du match de CAN contre le Burkina Faso en quart de finale, où il avait refusé de serrer la main du coach Kasperczak. Maaloul compte sur le joueur de Sunderland et l’a fait savoir. Sans surprise, Maaloul a également fait savoir qu’il modifierait et étofferait son encadrement technique.
Premier test, un choc terrible contre l’Egypte
La mission qui attend le boss des Aigles de Carthage, et qu’il débutera le 1er mai, est la même que celle confiée à tout sélectionneur africain : une qualification à la CAN 2019 avec un choc terrible contre l’Egypte début juin et une qualification, plus espérée encore, pour le Mondial 2018 en Russie avec une double confrontation, fin août-début septembre, face à la RD Congo.
Maaloul aura certainement à cœur de relancer une machine un peu grippée depuis la CAN. Tout n’avait pourtant pas été désastreux au Gabon puisque la sélection avait dominé l’Algérie puis le Zimbabwe en phase de poule. Elle s’était inclinée en quart contre les Etalons Burkinabè et avait fait preuve à cette occasion d’un manque de réalisme sur le plan offensif et d’une prise de risque exagérée défensivement. Tout n’est cependant pas à jeter et Maaloul devrait s’appuyer majoritairement sur un groupe qui a déjà fait ses preuves. Le dynamisme du football tunisien des clubs en compétitions africaines cette année (Espérance, Club Africain, Etoile du Sahel et CS Sfaxien toujours en lice en Ligue des champions et en Coupe de la Confédération) lui fournira à n’en pas douter des joueurs motivés par les prochaines échéances.
C’est dans la gestion des ego, et la sélection n’en manque pas avec ses vedettes identifiées, tout autant que dans sa capacité à gérer tactiquement une équipe qui peut exceller dans le jeu offensif lorsqu’elle s’en donne la peine (cf le match contre le Zimbabwe à la CAN), que Maaloul sera attendu. Son premier rendez-vous à la tête des Aigles est déjà programmé : face aux médias, dans un grand hôtel de Tunis, lundi en fin de matinée. Habitué des plateaux TV, l’homme ne craint pas les médias. Il exposera certainement les axes de sa politique et dévoilera ses choix en hommes. Sans oublier ses ambitions. Trois ans et demi après son échec à qualifier la sélection pour une Coupe du monde, le destin lui offre une deuxième chance…
@Samir FARASHA