Entre l’entraîneur Pitso Mosimane et Al Ahly du Caire l’affaire n’a pas traîné en longueur. De la rumeur à la réalité, il n’y a eu qu’un pas. Les octuples champions d’Afrique ont annoncé jeudi soir dans un sobre communiqué l’arrivée sur leur banc du désormais ancien coach Mamelodi Sundowns : « Mosimane a signé un contrat de deux saisons à partir du 2 octobre 202. L’entraîneur adjoint Sami Komsan et l’entraîneur belge des gardiens de but Michel Lannacone resteront à leurs postes tandis que Sayed Abdel-Hafiz restera directeur de football de l’équipe ».
Les Red Devils ont également dit un mot sur le sort de son prédécesseur : « La direction du club a mis fin à l’accord avec l’entraîneur suisse René Weiler conformément aux clauses de son contrat, en raison des difficultés à répondre à ses demandes qui n’étaient pas incluses dans son contrat avec l’équipe. La direction du club a constaté que les demandes de Weiler sont incompatibles avec les intérêts et la stabilité de l’équipe pendant cette période importante ».
Pour rappel, Pitso Mosimane a démissionné quelques jours plus tôt de son poste d’entraîneur du Mamelodi Sundowns après l’avoir mené à son cinquième titre national depuis 2012. Le président – propriétaire du champion d’Afrique 2016, Patrice Motsepe, avait accepté la demande de celui qui a dirigé l’équipe durant huit saisons. Un vrai record en Afrique. Et c’est dans la foulée de cette séparation à l’amiable, que l’annonce d’un futur exil du natif de Kagiso vers l’Afrique du Nord est devenu virale. Mais il est peu probable que le club cairote et le natif discutaient depuis longtemps d’une possible collaboration. Car jusqu’à la mi-septembre la poursuite de l’aventure de René Weiler en place était acquise et sa prolongation de contrat d’un an devait être automatique à l’issue de la saison de Premier League et de la campagne de Ligue des champions retardées par la pandémie.
A noter que c’est la première fois dans l’histoire du club qu’Al Ahly fait appel à un technicien africain pour occuper le prestigieux banc des Rouge et Blanc. C’est à des cadres égyptiens et européens que le club a toujours confié son destin. Cela dit, l’audace dont ont fait preuve les dirigeants cairotes est dictée d’abord par l’urgence de la situation et le profil presque parfait de l’homme qui a tout gagné avec les « Brazilians » de Pretoria.
C’est sans doute parce qu’il a eu une offre concrète et urgente- de celles que l’on ne rate pas – que Mosimane a demandé sa libération aux dirigeants de Mamelodi alors qu’il avait un contrat qui courrait jusqu’en 2024 : « Alors qu’il me restait quatre ans dans mon contrat, a expliqué le nouveau bossetechnique des Reds, cette offre est une énorme opportunité pour moi qui ne se serait pas présentée si je n’avais pas eu le privilège de faire partie de l’équipe qui a conduit Mamelodi Sundowns à remporter la Ligue des champions et à atteindre la Coupe du monde des clubs. Ironie de la vie, Al Ahly vient de confier son destin proche à l’entraîneur qui lui a fait subir sa pire déroute sur le plan international. C’était en 2018, quand les champions sud-africains avaient étrillé les Cairotes (5-0) à Pretoria en quarts de finale aller de la Ligue des champions.Et si cette signature était inscrite dans l’ordre des choses ?
En effet, le Sud-Africain qui a une vraie côte d’amour au Maghreb, notamment au Maroc et en Egypte, a eu des mots de belle reconnaissance en février 2020 alors que son équipe était au Caire pour affronter la bande à René Weiler en quart de finale aller de la LDC: « Vous allez au Caire et ils vous respectent. La façon dont ils vous traitent est incroyable », s’est-il enthousiasmé dans les colonnes du magazine sud-africain Kick-Off, avant de s’interroger : « Je veux dire, qui suis-je pour être traité comme ça? Avec autant d’égards. Ils me traitent comme s’ils voyaient Pep Guardiola. Je suis un simple entraîneur local d’Afrique du Sud, mais c’est incroyable le respect et la réponse que j’obtiens d’eux. Je ne sais pas, ils croient en moi. Les Egyptiens m’ont donné une chance et m’ont invité à la télévision pour analyser leurs matches [pendant la Coupe d’Afrique des Nations. Alors que ne parle même pas arabe. Quand on est respecté, ça rend humble .Quand vous venez et que vous dites que vous êtes d’Afrique du Sud, en Égypte, ils vous respecteront ».
Au Caire, Mosimane n’aura pas le temps de s’installer et de prendre ses marques. Il va plonger d’entrée dans le bain avec au programme une fin de championnat national (déjà gagné par Al Ahly ) et une fin de campagne passionnante en Ligue des champions. Son premier vrai baptême du feu aura lieu à la fin octobre du côté de Casablanca lorsque viendra le moment d’affronter le Wydad dans une manche aller brûlante de la prestigieuse compétition continentale.
@Cheikh Mabele