Il y a quelques semaines en Australie, 2022mag.com est allé à la rencontre du numéro 2 de l’AFC, la Confédération asiatique, Dato’ Alex Soosay, qui a accepté de nous recevoir en fin de compétition.
Ancien joueur, ancien entraîneur devenu dirigeant et entré dans la carrière d’administrateur international, Dato est un homme affable, pour ne pas dire sympathique. C’est avec courtoisie qu’il nous a reçus dans sa suite de Sydney. Malheureusement, quelques minutes avant notre rencontre, il nous a été spécifié de ne poser aucune question « à caractère politique », ce qui a restreint le champ de notre conversation. Cela devait être précisé. Nous avons malgré tout décidé d’aller au bout de cette rencontre.
« Monsieur le secrétaire général de l’AFC ? quel est votre feedback sur cette première édition de la Coupe d’Asie sur le sol australien ?
C’est la première fois effectivement que l’Australie accueille le tournoi majeur de notre confédération. Et je dois dire que c’est une expérience remarquable, tant pour le pays que pour l’AFC, qu’il s’agisse de l’organisation, des audiences télévisées ou même du taux de remplissage des stades. L’organisation du tournoi par le Comité local (LOC) a été exceptionnelle, qu’il s’agisse des ressources mises à disposition ou du temps consacré. Aujourd’hui, on peut parler d’un tournoi de classe mondiale. Les seize équipes présentes ont également fait part de leur satisfaction, même si certaines ont exprimé leur déception du fait de certains déplacements importants. Mais c’est quelque chose que les équipes vivent déjà en phase finale de Coupe du monde.
L’Asian Cup et la CAN ont lieu, à une semaine près, à la même date. Les deux Confédérations échangent-elles sur la question du calendrier. Ou en est d’ailleurs la collaboration entre les deux institutions?
Vous savez, ce calendrier a été décidé et fixé par la FIFA. La FIFA a organisé un certain nombre de réunions entre les confédérations afin de s’asseoir enfin et de discuter sur ces points. Bien entendu, nous avons échangé avec la CAF mais nous ne voyons pas en quoi il y aura un « clash » entre les dates des deux compétitions. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les dates sont si proches entre CAN et Asian Cup. La prochaine Asian Cup se déroulera à la même saison. Ensuite, en 2023, la compétition se disputera dans des pays de l’est asiatique, et nous devrons l’organiser durant l’été, en juin ou juillet, pour des raisons climatiques.
Il y avait neuf équipes nationales arabes qualifiées pour la phase finale de l’Asian Cup. Au final seules deux d’entre-elles se sont qualifiées pour les quarts et ont même atteint le dernier carré (Irak, Emirats). En tant qu’ancien technicien, pensez-vous que l’écart technique se creuse entre les pays du Golfe et du Moyen Orient et celles de l’Extrême Orient et de l’Australie ?
Bien entendu, l’écart existe, on ne peut le nier. Mais on voit dans le même temps un football comme celui de l’Irak se maintenir au plus haut niveau continental. La base de l’équipe qui a atteint les demies a disputé la CM U20 en 2012 en Turquie. Les Emirats, en 2012 ont participé pour la première fois aux JO en 2012 et cette équipe est constituée de pas mal de ces joueurs. Le Qatar a déçu car il était arrivé en tant que vainqueur de la Coupe du Golfe. L’équipe compte de bons joueurs mais elle a plafonné à ce tournoi. Ca peut arriver quand l’attente est forte. Elle a perdu contre son grand rival, les Emirats, lors de son match d’ouverture et elle n’a jamais pu se remettre dans le bon sens après.
L’Inde vient de lancer son premier championnat national professionnel, l’engouement semble réel, boosté notamment par la présence de « stars » sur le retour venues d’Europe et d’Amérique Latine. Vu le potentiel démographique de pays comme l’Inde, la Chine ou l’Indonésie, pensez-vous que l’avenir du football est dans cette région du monde ?
Ce sont des géants endormis qui possèdent un potentiel énorme. Il faut encore beaucoup travailler pour cela. La Coupe du monde U17 aura lieu en Inde dans deux ans et la Fédération fait tout pour pouvoir aligner une équipe de qualité à l’occasion de cet événement. L’Inde veut également accueillir les JO, les jeux asiatiques et espère pouvoir organiser l’Asian Cup 2023. Ces pays essaient donc de renforcer leurs championnats respectifs, l’objectif étant pour leurs meilleurs clubs d’atteindre les phases finales de nos compétitions continentales. La Chine, la Corée, l’Australie sont sur le bon chemin. La Chine en particulier a un très bonne compétition. L’Indonésie possède aussi un gros potentiel.
Que pouvez-vous nous dire de la prochaine Coupe d’Asie des Nations, programmée en 2019, dont il se dit qu’elle pourrait avoir lieu aux Emirats ?
Aujourd’hui, il ne reste plus que deux pays en lice pour 2019 : l’Iran et les Emirats, tous les autres se sont retirés pour des raisons techniques ou d’autres non mentionnées. Ces deux pays ont le potentiel, les infrastructures sportives et autres et sont très enthousiastes à l’idée d’organiser ce tournoi. La décision sera prise en mars. Nous étudierons les dossiers respectifs et prendrons la décisions la plus sage pour l’Asian Cup qui changera de format à cette occasion.
C’est à dire ?
Nous passerons de seize qualifiés à vingt-quatre dans quatre ans. Ce sera une grosse compétition et il y aura beaucoup à faire autour de cette compétition. Les éliminatoires de ce tournoi débuteront en 2017, juste après les éliminatoires de la CM 2018 programmées en Russie. »
@Samir Farasha, à Sydney