Septième du Ballon d’or France Football, l’international algérien Riyad Mahrez est le tout premier joueur du monde arabe à figurer dans le top dix de la prestigieuse récompense attribuée par France Football. Retour sur le parcours d’un joueur définitivement pas comme les autres.
A moins de lire dans une boule de cristal, il était bien difficile d’imaginer l’émergence de Ryad Mahrez en cette année 2016, au point de s’immiscer dans tous les classements et d’être en lice pour de nombreuses récompenses. Les derniers mois de 2015 avaient pourtant annoncé la promesse de jolis exploits. On a été gâté ! Septième du Ballon d’or 2016 qui a sacré Cristiano Ronaldo, le talentueux Algérien a également reçu le trophée du Meilleur Joueur africain attribué par les internautes de la BBC. Sans surprise en vérité, tellement il a éclaboussé l’année finissante de son talent. Et il demeure très bien placé pour succéder au Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang (Dortmund) pour le titre très convoité de Joueur Africain de l’Année, une récompense attribuée annuellement par la Confédération africaine de football.
Mahrez, c’est d’abord et avant tout l’histoire d’un destin exceptionnel. De père algérien et de mère marocaine, Ryad Mahrez est né à Sarcelles (banlieue parisienne) il y a 25 ans. Formé à l’AAS Sarcelles, ce pur gaucher décolle en catégorie U19 avec le club de sa ville. Il intègre l’équipe seniors rapidement et multiplie à cette époque les essais, en Espagne, en Roumanie et même en Ecosse. Repéré par Quimper (CFA), il rejoint le club en 2009-10. Titulaire, il y inscrit deux buts avant de rejoindre Le Havre en L2, qui l’a repéré lors d’un match contre Quimper. Ce sera dans un premier temps l’apprentissage en équipe réserve pendant une demi-saison prolifique (10 buts). Son efficacité et ses performances lui valent un premier contrat pro de trois ans, début 2011.
Il débute en L2 sous la direction de Cédric Daury, devenu l’un de ses mentors, le 29 juillet 2011 contre Angers (2-1). Il jouera peu (9 matches) en 2011-12. Au cours de la saison suivante, le coach Erik Mombaerts fait de lui son titulaire au poste d’excentré droit. Il termine avec 34 matchs en L2 à la ceinture et surtout, 4 buts et 6 passes décisives. Après une demi-saison de qualité en 2013-14, le jeune joueur – qui figure déjà sur les tablettes de la fédération algérienne, au même titre que son coéquipier d’alors, Walid Mesloub – accepte une offre de Leicester City. Les Foxes jouent la (re)montée en Premier League anglaise. Bingo ! Même s’il n’est pas titulaire, il contribue à l’accession parmi l’élite, et suprême récompense, sera le dernier nouveau joueur convoqué par Vahid Halilhodzic en équipe d’Algérie, en vue de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Depuis, il est devenu un cadre à Leicester sous Nigel Pearson puis désormais avec l’Italien Claudio Ranieri. Mais aussi un élément important de l’équipe nationale, avec laquelle il a joué la dernière CAN en Guinée Equatoriale, avant de se qualifier, sans difficulté d’ailleurs, pour l’édition 2017 au Gabon.
Un potentiel impressionnant
Une première saison en Premier League (2014-15) avait très vite permis de l’identifier parmi les meilleurs techniciens du championnat… et d’Europe ! Sa qualité dans le dribble et ses accélérations balle au pied sont redoutées et redoutables. Passeur de qualité, il n’est pas maladroit non plus devant le but. Clairement, l’international algérien porte en lui toutes les qualités techniques et physiques pour jouer dans un club européen plus huppé. Il est capable d’éliminer plusieurs joueurs dans une course puis d’enchaîner une frappe placée. Par ailleurs, Mahrez possède une jolie palette technique sur coups de pied arrêtés, qu’il s’agisse de coups francs directs ou de corners. Mais c’est dans le jeu en mouvement qu’il excelle. Depuis toujours, Riyad Mahrez semble habité par cette folle passion pour le jeu. C’était le cas lorsqu’il était adolescent. Et il a su conserver au fond de lui ce plaisir viscéral de jouer au football, même lorsqu’il est passé pro. Humble et discret, il ne fait pas parler de lui en dehors du terrain, où il vit une vie de famille classique auprès de son épouse anglaise et de leur enfant. Sur le pré en revanche, il se comporte véritablement en leader technique et en patron du jeu de Leicester. De quoi considérer que le jeune homme a quelques prédispositions pour s’élever encore dans la hiérarchie du football européen.
Une expérience grandissante
A 25 ans, il a (presque) tout connu : le football amateur (CFA), l’antichambre de l’élite en France (L2) puis en Angleterre (Championship) où il a connu une accession en Premier League. Et puis, il vient de débuter sa troisième saison à ce niveau de compétition, avec la saison dernière, l’aventure du titre de champion, salué unanimement en raison de statistiques affolantes : 17 buts et 11 assists (passes décisives) en 37 matches ! Avec le buteur Jamie Vardy et Ngolo Kanté, parti depuis à Chelsea, il aura été l’un des éléments moteurs et principaux artisans de cette victoire saluée partout dans le monde. Jusqu’à cet automne, il lui manquait finalement quelques matches de Coupe d’Europe, un oubli réparé depuis. La victoire en Premier League lui a en effet ouvert les portes de la Ligue des champions où il a inscrit quatre buts et aidé les Foxes à se qualifier pour les huitièmes de finale, après avoir bouclé leur groupe en tête devant le FC Porto ! Quant à l’équipe nationale, il l’a accompagnée au Brésil (un match disputé comme titulaire, contre la Belgique au 1er tour) où l’Algérie avait atteint les huitièmes de finale, avant d’enchaîner sur une participation à la CAN 2015. Mahrez n’a plus rien d’un débutant, puisqu’il affiche six saisons professionnelles. Et il n’en est qu’au tout début de sa carrière, c’est dire. A Leicester, son influence dans le jeu est considérable et l’Italien Claudio Ranieri, son entraîneur chez les « Foxes », est naturellement ravi de disposer d’un joueur capable de créer du jeu, de l’orienter mais aussi de se transformer le cas échéant en finisseur. En sélection nationale, les sélectionneurs qui ont succédé à coach Vahid ( Christian Gourcuff, Milovan Rajevac et désormais le Belge Georges Leekens) ont continué de s’appuyer sur sa vista, son pied gauche dévastateur et surtout cette capacité à pouvoir accélérer le jeu. Preuve de son influence remarquée en Angleterre, il a été désigné Meilleur joueur de Premier League par ses pairs à la fin de la saison dernière. Et ce n’est probablement que le début d’une série de récompenses…
@Samir Farasha