Victorieux de la Tunisie (2-0) à Radès, où ils ont établi le nouveau record d’invincibilité africain (27 matches), les Fennecs ont conclu de façon positive la fenêtre internationale. Et rappelé au passage pourquoi ils demeuraient la meilleure sélection africaine et arabe du moment.
Vingt minutes. Vingt-huit minutes à peine auront suffi à El-Khadra pour mettre KO des Aigles de Carthage très remontés. Mais qui, au final, n’auront pas pesé lourd face à l’esprit de discipline et à la culture de la gagne des coéquipiers de Ryad Mahrez. D’abord, sur un coup franc de Benlamri repris de la tête par Youssef Belaïli à destination de Baghdad Bounedjah, côté droit, dont la reprise de volée du droit, avec rebond, laissait Moez Hassen sans réaction (1-0). Quelques instants plus tard, Mahrez, en capitaine du navire algérien, réussissait sa spéciale sur un coup franc axial. Sa frappe traversait le mur et venait se figer dans le coin droit du but tunisien (2-0). Ne pas croire cependant que ces deux réalisations avaient été les seules dans cette première période. Moez Hassen s’est beaucoup employé en première période pour faire en sorte que l’Algérie n’écrase pas totalement ce derby disputé dans un anonymat sonore.
L’ Algérie a dominé son sujet dans les deux périodes. En faisant preuve d’efficacité sur coups de pied arrêtés lors de la première, en gérant les rares contres adverses en seconde, tout en essayant de construire son jeu. Même si le deuxième acte a été moins spectaculaire, il a permis de constater que cette Algérie ne s’en laisse pas compter, même quand elle est fatiguée. Elle défend bien collectivement, elle sait gérer la profondeur et puis, s’en remettre, comme ce fut le cas à plusieurs reprises, au talent essentiel de Raïs Mbolhi, son gardien. Depuis plus d’une décennie, on n’a pas fait mieux à ce poste. Raïs a rassuré et assuré, sur des frappes tendues et dangereuses, par son calme et la sûreté de ses mains.
On a évidemment la grosse activité d’un Sofiane Feghouli au milieu de terrain, capable de trouver la bonne passe, de faire la course juste aussi. On a apprécié l’activité de la « fourmi » Zerrouki, toujours bien placé pour colmater des brèches, aussi à l’aise que s’il évoluait en sélection depuis des années. On a noté les immenses progrès d’un Ramy Bensebaini, latéral impressionnant dans ses interventions, qui a bien profité de son passage en Bundesliga, à Mönchengladbach. Que dire aussi de l’activité d’un Bounedjah sur le front de l’attaque, qui ne rechigne à aucun effort ?
On a juste un peu regretté les changements tardifs de Djamel Belmadi, quand la sélection semblait chercher un second souffle après l’heure de jeu. Mais ce n’est pas là l’essentiel. En remportant à l’extérieur son dernier match de la fenêtre internationale, l’Algérie s’est adjugée seule le record d’invincibilité d’une équipe nationale africaine (27 matches, 20 victoires et 7 nuls) qu’elle codétenait jusque-là avec la Côte d’Ivoire. Elle a effectué une piqûre de rappel à l’attention de ceux qui doutent de sa solidité, de la confiance qui règne dans le groupe et surtout de la qualité de son jeu collectif, qui lui permet d’envisager toutes sortes de scenarii.
Après avoir disposé d’une Mauritanie accrocheuse mais totalement désemparée en seconde période (4-1), après avoir lutté pour renverser un adversaire plus costaud, le Mali (1-0), l’Algérie championne d’Afrique en titre (depuis juillet 2019, et au moins jusqu’en janvier 2022) a conclu de façon positive et concrète cette fenêtre internationale de juin 2021. La satisfaction de Belmadi au micro de la chaîne tunisienne n’était pas feinte. Sa voix enrouée trahissait l’énergie qu’il a mis à guider et à corriger le placement de ses troupes. L’Algérie, c’est une évidence, est candidate à sa propre succession dans quelques mois au Cameroun. Il faudra se montrer plus régulier, plus collectif, plus efficace que cette équipe cet hiver. Et pour l’instant, on ne voit pas quel adversaire pourrait contrarier les plans de cette force collective qui tâchera aussi, entre septembre et mars 2022, de se qualifier pour la CDM 2022 au Qatar. Cette mission n’est pas la moins exaltante pour Belmadi, qui ambitionne de revenir à Doha (où il est installé) avec des ambitions de victoire finale. Certains avaient souri quand, à sa prise de fonction, il avait annoncé viser la victoire à la CAN, chose qu’il a réalisée. Ils doivent aujourd’hui prendre les propos du sélectionneur algérien avec précaution et se dire que cette ambition repose sur l’idée qu’il existe peu de sélections capables de faire mordre la poussière à l’Algérie, invaincue depuis fin 2018…
@Samir Farasha, avec Fayçal Chehat
Les équipes
Tunisie: Moez Hassen, Oussema Haddadi (Ali Maaloul, 46′), Dylan Bronn (Montassar Talbi, 61′), Yassine Meriah, Mohamed Drager, Aissa Aidouni, Mohamed Ali Ben Romdhane (Hamza Rafiaa), 46′), Ellyes Skhiri, Naim Sliti (Hannibal Majbrn 78’i), Anis Ben Slimane (, Wahbi Khazri (Seifeddine Jaziri, 61′). Entraîneur: Mondher Kebaier
Algérie: Rais Mbolhi, Youssef Atal, Rami Ben Sebaini, Aissa Mandi, Jameledine Ben Lamri, Haris Belkebla, Ramie Larbi Zerrouki (Adlène Guedioura*, 82′), Riadh Mahrez (Adam Ounas, 80′), Youssef Belaili (Ghezzal, 90’+1), Baghdad Bounedjah (Islal Slimani 80′), Sofiane Faghouli (Mehdi Abeid, 90′).Entraineur : Djamel Belmadi