Meilleur buteur de la Ligue des champions d’Afrique, l’Espérantiste vit sans doute la plus belle année de sa carrière. A 27 ans, la consécration paraît toute proche. Et méritée. 2022mag s’est penché sur sa belle histoire.
C’est sûr, dans quelques années, quand il rembobinera le film d’une carrière qui l’a conduit de France en Tunisie, en passant par la Belgique, Anice Badri portera un regard particulier sur cette année 2018. Celle de sa consécration internationale avec une Coupe du monde disputée en Russie avec les Aigles de Carthage, puis une victoire en Ligue des champions d’Afrique, avec un but exceptionnel en finale retour. Et un titre de meilleur buteur de la compétition.
Au commencement, il y a le départ du centre de formation de Lyon, ville dont il est natif, à l’âge de 16 ans, une structure qu’il a intégrée trois ans plus tôt. Non pas parce qu’on ne veut plus de lui mais bien parce que Anice doit se faire opérer d’une hernie discale. Il passera ensuite par le club MDA (Mont d’or-Chasselay) dans la région lyonnaise avant de rejoindre le LOSC. Mais ce n’est pas la Ligue 1 qui l’attend. Plutôt les joutes très disputées de la CFA avec la réserve pro, alors que Lille remporte le titre national.
2012-13 : Badri est prêté à Mouscron-Péruwelz, un club belge satellite du LOSC. Quelques matches suffisent à convaincre ses dirigeants, qui l’engagent. Le voici en D2 belge. Pour peu de temps puisque le club monte en D1. Le milieu offensif excentré travaille dur, marque des buts, démontre un vrai talent. En 2014-15, il affiche 6 buts et 4 assists, des jolies statistiques. La saison suivante sera quasiment du même tonneau en Jupiler League.
Etonnamment, et alors qu’il paraît promis à un bel avenir dans un club européen plus ambitieux que Mouscron, il décide de rejoindre l’Espérance de Tunis. Un choix sensé lui permettre de franchir un pallier plus important. Et, éventuellement, de l’amener en équipe nationale de Tunisie.
Il ne lui faut guère de temps à prendre sa place dans le onze de départ sang et or, où sa qualité technique, sa mobilité et son efficacité devant le but et la dernière passe en font un atout essentiel pour la formation dirigée par Khaled Ben Yahia, remplacé depuis le mois passé par Mouïne Chaâbani.
Il est rapidement appelé en équipe nationale par Nabil Maaloul, le sélectionneur, et inscrit un but importantissime dans la campagne éliminatoire pour la Coupe du monde en Russie : celui du match nul 2-2 en RD Congo, à Kinshasa ! La qualification en poche, il a continué de dérouler son football sur les terrains d’Afrique. A commencer par la Ligue des champions. Double buteur au 1er tour contre les Mauritaniens de l’ASAC Concorde (5-0), il inscrit le but de la qualification pour la phase de poule contre les rugueux Kenyans du Gor Mahia (0-0, 1-0).
Lors de la 2e journée des poules, le voici auteur d’un nouveau doublé contre les modestes Botswanais de Township Rollers (4-1). Sonne alors l’heure des préparatifs pour le Mondial en Russie.
Contre le Portugal et la Turquie, deux matches disputés à l’extérieur, Anice Badri s’offre une belle prestation, avec encore un but à son actif. De retour de la Russie, il reprend le fil de son histoire en LDC africaine. Un but pour la victoire 3-2 sur Kampala CC. Puis un but supplémentaire lors de la demie retour à Radès face au Primeiro do Agosto (4-2).
L’apothéose est programmée ce 9 novembre, ainsi qu’il l’avait lui-même promis en annonçant un but il y a quelques mois en finale ! A l’image de ses coéquipiers, il réalise en finale retour une prestation XXL face à un Ahly cairote sans griffe. Et c’est lui qui, en toute fin de rencontre, inscrit d’une frappe dans la lucarne le dernier but à la suite d’un slalom dans la défense égyptienne ! Son huitième dans la campagne continentale, et certainement le plus beau. En tout cas le plus symbolique puisqu’il lui permet de terminer meilleur réalisateur de la LDC.
A 28 ans, l’international tunisien vit certainement l’un des moments les plus forts de sa carrière. Il s’éclate, régale le public, évolue au milieu d’un groupe constellé d’internationaux. ET, avant de rejoindre les Emirats le mois prochain pour y prendre part à la Coupe du monde des clubs, il défie dans quelques jours l’Egypte en éliminatoires de la CAN 2019. S’il est titularisé, El-Shennawy, le gardien du but du Ahly et habituellement des Pharaons, sera certainement sur ses gardes quand Anice s’approchera, lui qui a payé un lourd tribut contre l’Espérance à Radès. Badri, de son côté, continue sa marche en avant. Il aura en tout cas été l’un des grands héros du football arabe en 2018. Et ce n’est pas fini !
@Samir Farasha