Actrice, comédienne, auteure, Annamaria Spina est devenue l’égérie de la lutte contre la violence dans le sport et le football en particulier. Même si cela a commencé par un drame personnel qui l’a conduite à se mobiliser contre la violence faite aux femmes. Un combat symbolisé par le superbe court métrage, Sei Mia ( Tu es à moi ) produit par Blue dont elle fait la promotion dans toute l’Italie. Exceptionnellement, la belle artiste originaire de Catane a bien voulu répondre aux questions de 2022mag qui ont porté essentiellement sur la violence dans le football.
Est-ce que vous pensez que le football est plus propice à la violence que d’autres disciplines sportives? Si oui, pourquoi selon vous ?
Il y a malheureusement plus de violence dans le football, toute l’histoire de cette discipline le dit. C’est dû au manque d’éducation d’un certain nombre de supporters qui fréquentent les stades, à l’absence d’esprit sportif très fréquent dans l’environnement du football.
Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau situez vous cette violence dans le football et le sport en Italie, le pays que vous connaissez le mieux ?
Il est très élevé en Italie. je le situerai au niveau 8.
En cherchant dans vos souvenirs, avez-vous été marquée par un événement violent en particulier en Italie ou dans le monde ?
J’ai toujours été impressionnée par le mouvement des hooligans qui a fait partout des dégâts.
En Italie, notamment à Rome (Lazio), beaucoup plus qu’en France, en Allemagne ou en Angleterre, les footballeurs blacks sont la cible d’insultes racistes avec notamment des cris de singe, voire des lancers de bananes. C’est une autre forme de violence, selon vous?
Oui, Absolument ! Le racisme est une autre forme de violence contre laquelle ont doit lutter en s’attaquant clairement aux préjugés culturels.
Lorsqu’on est femme, fille ou mère, que l’on se trouve dans les tribunes d’un stade ou dans son salon à suivre un match à la télévision, et que l’ on entend les hurlements de “hijo de puta, “fils de pute”, “ figlio de un cagna “que ressent -on ?
Comment pensez-vous que les femmes se sentent ? On se sent offensées, humiliées, inférieures, sales
C’est un phénomène planétaire d’ailleurs. En entend ça dans tous les stades du monde. Cela nous renvoie sans doute à l’inégalité hommes-femmes et dépasse le cadre du football: que faire alors ? Bien sûr que cela va au-delà de l’espace du football et du sport. Aujourd’hui encore, dans de nombreuses cultures à travers le monde, il y a une nette différence entre les hommes et les femmes, Une forme de «discrimination sociale», où la femme est inférieure à l’homme » dans la vie de tous les jours.
Vous avez été victime à titre personnelle de la violence machiste. Avez-vous envie de nous en parlez ? Parlez nous de Sei mia le court métrage réalisé par Alessandro Bonifazi avec vous comme actrice principale…
Il y a des années, j’ai été » victime d’une tentative d’assassinat de la part de mon ancien partenaire. Heureusement, j’y ai survécu. Depuis, j’ai pris la décision d’aider les femmes, toutes les femmes qui sont victimes de violence. Avec la société Blue Movie » basée à Rome, j’ai tourn » un court métrage intitulé » Sei Mia » qui évoque mon histoire.
Je crois que c’est cet événement dramatique que vous a amenée à être à l’écoute de toutes les violences ? De cette expérience, je décidai de consacrer ma vie à la prévention de toutes les formes de violence dans le monde, en utilisant comme calcium du véhicule tracteur.
Où trouvez-vous l’aide dans votre lutte . Chez Les clubs, les associations, les institutions sportives ? Répondent-elles toutes positivement?
Je me tourne vers les écoles, les universités », la associations sportives Partout où il y a des jeunes, afin de les sensibiliser au respect des droits humains.
Sur certaines photos on vous voit en compagnie de Marco Tardelli, l’un des plus grandes stars du football italien des années 80 et 90 . Il fait partie de ces soutiens ?
Oui, Marco Tardelli a participé à mes côtés à un événement contre la violence, mais il ne fait pas partie du projet.
Avez-vous d’autres noms célèbres à vos côtés : footballeurs, acteurs, autres sportifs, comédiens ?
Non, hélas, il n’y a pas de noms célèbres pour le moment.
Lors du Mondial 2006 en Allemagne, vous devez vous souvenir, en tant qu’Italienne, Zinedine Zidane avait été té exclu de la finale pour avoir donné un coup de tête à Materazzi. A vos yeux, c’était plus grave qu’un simple fait de match du au stress et à l’enjeu de la compétition
A vrai dire, l’histoire de Zidane et Materazzi, nous fait comprendre l’importance du projet de prévention à la violence culturelle internationale. Cette violence atteint tous les niveaux du sport, l’élite, pas seulement les compétitions de deuxième ou troisième catégorie
Un artiste a immortalisé la scène quelques années plus tard en réalisant une imposante statue. On l’a vu même à Paris près du prestigieux entre culturel Georges Pompidou. Cela vous choque-t-il ? Direz-vous que c’est un hymne à la violence ou la considérez vous juste comme une oeuvre d’art et que l’on ne doit pas censurer la création ?.
Non, Abdessemed est un artiste particulier, magique et original. Pour lui, l’amour n’est pas un sentiment, il est une force. Sa statue est une d’œuvre d’art et en tant que telle elle ne doi pas être soumise à la censure. Jamais !
Vous même, êtes vous fan d’un club de Serie A en particulier ? Et si oui pourquoi celui-là et pas un autre ?
Je suis devenue une grande fan de la Juventus …. D’abord, parce que le jour où j’ai commencé à développer mon projet de lutte contre la violence dans le sport, il y avait Marco Tardelli Marco, icone de la Juventus et du football mondial à mes côtés. Ensuite, je l’avoue, parce que le noir et le blanc sont mes couleurs préférées: extrêmes et déterminées.
Parmi les joueurs que vous avez croisés dans le cadre de vos campagnes de sensibilisation y en a-t-il un, deux ou plusieurs qui vous ont impressionnés ? Au point d’en faire des modèles pour les jeunes tifosi ?
J’en retiens au moins un : Roberto Baggio. C’ est un joueur et un homme d’une grande humanité. Il est un exemple pour les enfants. Par son éducation et son comportement le domaine et dans la vie.
Est-ce qu’une présence plus importante des femmes dans les stades réduirait la tension et “adoucirait” les moeurs des hommes ?
Non, je ne pense que ma présence des femmes en nombre dans les stades puisse réduire la tension de façon fondamentale. Pour changer le comportement des hommes, nous avons besoin d’un effert dans l’éducation, la discipline et un vrai effort dans prévention de la violence grave.
Aujourd’hui, votre action se déroule en Italie, vous pensez pouvoir l”étendre sur le plan international
Absolument. Je veux développer mon projet de prévention de la violence dans le sport notamment à travers toute l’ Europe et partout dans le monde. C’est ma volonté et mon objectif premier.
Quel message aimerez vous lancer à cette jeunesse du monde ( à majorité masculine ) et qui se passionne pour le football et le sport en général ?
Si je devais rédiger un slogan, ce serai : » Coup de pied à la violence dans le foot »
@ propos recueillis par Chehat Fayçal