L’hebdomadaire France Football ne décernera par le Ballon d’or et les récompenses associées en décembre 2020. Une décision liée selon ses organisateurs à cette année largement perturbée par le Covid-19.
Après les CAF Awards annulés fin juin par l’instance faîtière du football africain, une annonce faite par le Président Ahmad en personne, c’est au tour du Ballon d’or d’être mis entre parenthèses cette année. La décision a été annoncée lundi en début d’après-midi par la rédaction en chef de l’hebdomadaire parisien, sur son site, avant de développer en détails les raisons de ce choix dans l’édition parue ce mardi matin.
Dans un papier de deux pages et titré « Pourquoi on vote l’abstention », FF explique que la récompense créée en 1956 ne peut être abimée par « un exercice bancal » et justifie cette mise entre parenthèses par une année 2020 très largement perturbée par la pandémie de Covid-19. Selon l’hebdomadaire du football français, l’équité sportive ne saurait être préservée, certains ayant repris la compétition, d’autres pas. 2020 n’est pas « une année ordinaire » puisque la saison a été amputée pour certains candidats au titre.
On attend de savoir ce qu’en pensent les principaux intéressés, en particulier ceux qui ont brillé ces derniers mois, on pense à un Karim Benzema, qui a porté le Real Madrid jusqu’au titre en Espagne, ou encore au Polonais Robert Lewandowski, le grand bonhomme du Bayern Munich.
Depuis lundi et l’annonce de cette décision, les réseaux sociaux bruissent de mille critiques et de gros reproches à l’encontre du média sportif français, soupçonné de complot à l’encontre de certains joueurs considérés comme les grands favoris. Du grand n’importe quoi. Certaines voix en revanche comprennent en revanche les raisons qui ont poussé FF à mettre entre parenthèses le trophée doré.
On suivra d’ailleurs prochainement les décisions de l’UEFA, de l’AFC et de la FIFA qui possèdent toutes leurs propres trophées. Ces récompenses, remises lors de cérémonies somptueuses, seront-elles maintenues ou annulées, à l’instar de la CAF et du BO ? On peut l’imaginer. 2020, on l’a bien compris, n’est pas une année comme les autres et ne saurait l’être, au regard de la situation sanitaire qui prévaut dans l’ensemble du monde. Evidemment, on peut être déçus et regretter que ces récompenses, qui font partie du paysage du foot-business international, soient remisées. Elles ont rythmé et égayé depuis 1956 les fins d’année, et donné lieu à des jeux de pronostics. Elles ont entraîné des débats très animés entre partisans des uns ou des autres. Mais France Football, ainsi que l’a écrit son rédacteur en chef, ne voulait pas « apposer au palmarès une astérisque indélébile du style trophée remporté dans des circonstances exceptionnelles dues à la crise sanitaire du Covid-19 ». Un refus de minorer ce qui demeure à ce jour le trophée individuel le plus convoité au monde par les footballeurs de tous les continents.
L’an dernier avait sacré Lionel Messi, alors que de nombreux observateurs de la chose espéraient le triomphe d’un Sadio Mané, finalement quatrième. La période ayant précédé l’annonce du vainqueur à Paris avait été extrêmement animée. On avait alors vu émerger, tardivement, un lobby pro-Mané qui s’était manifesté sur différents supports médiatiques. Mais ce soutien réel n’avait pas été suivi d’effets, notamment du côté des votants africains du jury de FF qui n’avaient pas massivement accordé de points au joueur de Liverpool. Si l’on ajoute ses points à ceux de son coéquipier Mohamed Salah (178 pour l’Egyptien, 347 pour le Sénégalais), Mané aurait au mieux pu terminer à la 3e place, à 161 points de Messi, élu avec seulement six longueurs d’avance sur un autre joueur de Liverpool, Virgil van Dijk.
Bref, le BO masculin, le BO féminin, le trophée Kopa du meilleur espoir et le trophée Yachine du meilleur gardien de but ne seront pas désignés en 2020. A la place, FF a annoncé un autre évènement pour la fin de l’année : la Dream Team FF, ou meilleure équipe de tous les temps qui sera élue par le jury du Ballon d’or masculin. Ils éliront poste par poste cette formation de légende. Une façon de garder la main en attendant le retour du BO, qui ne perdra rien en termes de légitimité. Il continue, on l’a vu à travers toutes ces réactions, de susciter l’intérêt de la planète football, preuve qu’il demeure un évènement suivi partout. Y compris par ses détracteurs !
@Samir Farasha