Le sélectionneur malien des jeunes Mourabitounes évoque son travail à la tête de la sélection qui défie le Nigeria pour le troisième et dernier tour qualificatif à la CAN U20 programmée en 2019. Rencontre avec un passionné qui croit au projet mauritanien.
« Baye Ba, dans quelles circonstances avez-vous été amené à accepter la proposition de la FFRIM ?
J’ai beaucoup réfléchi avant d’accepter cette proposition. J’ai fait des va et vient entre Bamako et Nouakchott avant de donner mon accord. J’ai senti que c’était un grand projet que le président de la FFRIM, M. Ahmed Yahya, est en train de mettre en place. C’est un challenge, un défi pour moi que de venir dans un endroit inconnu. J’ai accepté l’expatriation en sachant que ce ne serait pas facile. Cela ne l’était pas non plus au Mali. Mais avec le courage et les efforts, on peut aller loin. La mission m’a motivé, le président m’a bien expliqué ce qu’il attendait de moi, et je fais tout mon possible pour soutenir ce superbe projet.
A quelles difficultés vous heurtez-vous dans les catégories de jeunes ?
La difficulté n’en finit pas. Il faut au niveau des U20 se donner beaucoup pour améliorer les choses. L’état d’esprit, le mental, le manque de compétition. Un entraîneur travaille sur les aspects physiques et techniques, et tactiques. Mais il faut que les joueurs jouent. On essaie d’améliorer ce qui manque aux jeunes mauritaniens. On commence à cibler là où ce doit être amélioré.
Après le Maroc et la Guinée, vous êtes aujourd’hui confronté au Nigeria, un sacré client chez les jeunes…
On a eu la chance de franchir de franchir deux grandes nations de football, habituées des petites catégories. C’est quelque chose qui n’a pas été simple à réaliser. La Mauritanie part en tant qu’outsider mais nous aussi on veut rivaliser et tutoyer tout le monde. Une nation qui cherche à jouer une phase finale ne doit négliger personne. Une nation qui cherche à s’ouvrir ne doit pas baisser la tête et doit oser. On a osé. On veut aller loin. On est des petits poucets mais on veut s’élever et devenir grands, aux côtés des grands. On respecte tout le monde. Mais la Mauritanie avance et veut être présente dans toutes les compétitions internationales.
Le Nigeria apparaît comme le favori de cette confrontation…
C’est un très gros morceau. C’est un pays costaud dans toutes les catégories, bien organisé. Ce sera difficile mais avec le respect qu’on leur doit, on va aller chercher quelque chose. On souhaite des matches qui nous soient favorables. Ils sont puissants. Ce sera la première fois entre eux et nous. C’est un défi à relever et on s’est préparé pour ça.
Quels sont vos axes de travail au quotidien ? Pour moi, c’est de réfléchir à comment rehausser le football mauritanien. Comment y parvenir ? Faire comprendre aux jeunes que le football peut changer leur vie. C’est le professionnalisme, il faut laisser derrière soi l’état d’esprit amateur. J’accompagne le projet de la FFRIM, qui est de bâtir une équipe compétitive dans deux catégories, soutenir les entraîneurs de clubs, améliorer le travail par des séances spécifiques. Faire comprendre à cette jeunesse que le football demande beaucoup de concentration. Voilà ce à quoi je réfléchis chaque jour.
En plus de vos attributions chez les U20, vous avez hérité des U23 en vue des qualifications préolympiques de 2020. Quel était l’objectif du regroupement en Tunisie ?
L’objectif de notre stage était de se familiariser avec le groupe, tutoyer les joueurs, essayer de faire passer le message du staff. Certains joueurs ont un bon niveau et le stage a permis de mieux les connaître, surtout les joueurs basés à l’étranger. On a vu l’homogénéité entre les locaux et les expatriés. Notre volonté est de bâtir une équipe forte et compétitive. Rivaliser avec les autres pays et développer le football mauritanien. Et pourquoi pas, chercher cette qualification olympique.
N’est-ce pas trop compliqué de diriger ces deux groupes, U20 et U23 ?
C’est un peu compliqué mais c’est notre job. Ca nécessite une grande planification à réaliser car il s’agit de penser aux deux groupes et à leurs objectifs respectifs. Ce n’est pas facile. Mais ça peut se faire, puisque les deux générations se suivent directement. On peut jongler entre les deux. Les U20 sont l’antichambre des U23. Je crois qu’on va y arriver.
Quelles sont les difficultés des clubs mauritaniens en matière de formation de jeunes ?
Les clubs locaux ont des difficultés au niveau du temps de travail et de l’espace. J’ai remarqué qu’il y a un manque de récupération pour les joueurs. ON peut faire un bon championnat mais pour affronter des clubs étrangers, c’est compliqué. Il faut des bons kinés, des préparateurs physiques, avoir plusieurs séances de travail hebdomadaires. Il manque encore des choses mais avec l’engagement du bureau de la FFRIM, ça commence à changer. C’est pourquoi je pense qu’à moyen terme, le championnat mauritanien pourra rivaliser avec ses voisins africains.
Que pouvez-vous nous dire de l’académie de la FFRIM, basée à Nouakchott et dirigée par l’ancien international et professionnel Oumar Ndiaye ?
L’académie de la FFRIM ma beaucoup impressionné. Je suis souvent avec le staff pour discuter. Ils ont des entraineurs qui cherchent à améliorer les choses, ils font tout pour aider ces jeunes. Ils font jouer le vrai football. D’ici deux ans, je suis persuadé que ces académiciens seront en capacité de faire quelque chose pour la Mauritanie. Je les suis parfois en championnat U17. Ils montrent de belles choses. Donc si ça continue avec ce même staff, emmené par Oumar, la Mauritanie peut soulever des trophées dans les trois ans à venir, au niveau des compétitions africaines.
Quels sont les talents en herbe ?
J’en ai vu pas mal chez les U17, chez les U20 aussi qui peuvent marquer demain le foot mauritanien. Il y a des défenseurs comme Abdallaye, au milieu il y a Baba. En attaque, il y a un 2002, Oumar, qui est U17, qui a fait les éliminatoires en U20, que j’ai utilisé. Il y a Teguidi, Tanjy… La Mauritanie pourra s’appuyer sur eux. Il y a Hacène El-Eid, notre jeune élément qui évolue à Levante, en Liga espagnole. Il est exceptionnel ! Un modèle. Il respecte tout le monde, joue le premier rôle dans chaque domaine. Je souhaite qu’il continue à progresser. En U23, c’est mon capitaine, il le mérite. »
Propos recueillis par @Samir Farasha