Entraîneur à l’expérience africaine reconnue, l’ancien joueur de l’AS Saint-Etienne s’est engagé au cours de l’été dernier avec le Ahly Tripoli, qu’il a déjà dirigé en Coupe d’Afrique interclubs. Il a découvert le week-end dernier son nouveau championnat avec dans quelques jours avec, rapidement, un derby contre l’Ittihad, champion 2021…
« Bernard bonjour ! Heureux de vous retrouver en Libye, vous qui avez coaché en Algérie, en Tunisie et dernièrement au Maroc. Mais jamais dans ce pays. Vous n’avez pas hésité, au moment où l’on vous a proposé ce poste ? Quand on m’a présenté le projet, je connaissais déjà le club et son importance puisque j’avais failli reprendre l’équipe nationale libyenne après le premier passage de Javier Clemente. Ca ne s’était pas fait finalement mais je m’étais renseigné.
Comment se retrouve-t-on à la tête d’un club comme le Ahly ? Le club avait sollicité des personnalités du football (Jean-Michel Cavalli et Philippe Troussier, NDLR) pour leur proposer un nom de technicien. C’est comme ça que le rapprochement s’est fait.
Ne craigniez-vous pas de rejoindre un pays dont l’image n’est pas forcément positive,vu de l’extérieur ?
Effectivement, vu de l’extérieur, il y a toujours une vision des choses pour des pays en reconstruction, une vision souvent négative. Moi, de mon côté, je n’avais que des échos positifs. Cela va faire bientôt trois mois que je vis à Tripoli et je n’ai pas l’impression d’être dans un pays avec une vie chaotique.
Ca se passe comment en ville ? Il y a certes de contrôles, des barrages. Mais je ne ressens pas une énorme différence avec ce que j’ai déjà vécu ailleurs en Afrique. Au jour le jour, on bouge, on vit normalement, on va au café. Il y a beaucoup de circulation. Mais aussi beaucoup de supporters, on parle de trois millions !
Qui finance le club et lui permet d’être ambitieux sur la scène nationale ? Nous avons un président qui est en place depuis longtemps et puis surtout, un sponsor qui fait partie des plus gros investisseurs du Moyen Orient.
Avez-vous été surpris par les infrastructures à votre arrivée ? Absolument. On a deux terrains en herbe, un synthétique, une salle de sport, un jacuzzi, des beaux vestiaires et même un restaurant, sans oublier un terrain de beach soccer ! Il y a tout ce que l’on peut imaginer dans un club de haut niveau. Après, ce qui importe est la bonne gestion de ces atouts.
Etes-vous satisfait de votre effectif ? C’est un groupe de qualité avec sept internationaux faisant partie de la sélection libyenne dont le gardien de but Mohamed Nashnoush, plus quelques étrangers. On a des Tunisiens mais les joueurs du Maghreb sont considérés comme des nationaux. Sinon, on a recruté récemment un Mauritanien, Abdoul Ba, l’ancien vainqueur de la CAN 2017 avec le Cameroun Jacques Zoua et le Congolais Harvy Ossété.
Avez-vous croisé le sélectionneur Javier Clemente depuis votre prise de fonction ? Y-a-t-il eu des échanges par rapport à vos joueurs ? On s’est croisés récemment à l’aéroport, il repartait en Espagne avec son staff après des matches éliminatoires de CDM 2022. On a échangé, sans plus. Le souci que j’ai eu durant cette période internationale -de septembre à novembre- c’est que mes joueurs ne jouaient pas forcément mais ils ne s’entraînaient pas beaucoup non plus !
Vous êtes qualifiés pour le tour de cadrage en Coupe de la Confédération africaine, où vous affronterez le Stade Malien dans quelques jours. Quel est votre objectif sur la scène africaine ? Ce n’est pas nécessairement de remporter la compétition. Plutôt d’atteindre la phase de poule. En revanche, nous nourrissons de vraies ambitions au plan national, on veut gagner le titre malgré une préparation tronquée, due notamment aux matches de CDC africaine. Il faut savoir que nous avons des recrues qui ne sont pas encore qualifiées pour la phase de poule, mais qui le sont pour le championnat.
Qui compose votre encadrement technique ? Je m’appuie sur deux adjoints, Fred Anikine (FRA) et Sami Zomit, un préparateur physique, Okba Selmi, et Tarek Mimich pour les gardiens. A l’exception de Fred, ils sont tous tunisiens et donc francophones. C’est un bon groupe de travail. Sami est mon traducteur puisqu’il n’y a qu’une seule personne au club qui parle anglais. L’environnement est évidemment arabophone.
Joueur, vous portiez les couleurs vertes de l’AS Saint-Etienne. Avec le Ahly, très symboliquement, vous retrouvez ces mêmes couleurs, le vert et blanc… Effectivement, je suis redevenu vert ! Ce sont deux clubs qui représentent quelque chose de fort, l’ASSE en France et le Ahly ici. Je considère que c’est une belle étape dans ma vie professionnelle. Le Ahly est une belle vitrine avec des moyens, c’est vraiment un grand club ».
Propos recueillis par @Frank Simon