Il y a des signes qui ne trompent pas. Et ils indiquent clairement que l’élection de la présidence de la CAF prévue en mars 2021 sera chaude, très chaude pour le patron actuel, Ahmad Ahmad. Le dernier signe été donné samedi à l’heure de l’inauguration à Salé du séminaire portant sur le développement des compétitions et de l’infrastructure en Afrique sous le parrainage de la CAF, de la FIFA et de la Fédération royale marocaine de football, hôte de l’événement. Pour le Malgache, le danger viendra du Maroc.
En effet, dans son discours d’ouverture, le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, a fait état des lieux plutôt pessimiste du football africain et appelé à un sursaut rapide et salvateur : « Il y a deux ans, nous avions tenu le symposium du football africain ici même à Rabat, a-t-il rappelé, mais aujourd’hui, le contexte est différent, car nous n’avons plus de temps, il faut agir et réagir, sans relâchement. Il faut de la bonne foi conjuguée à l’expertise de tous, pour aller de l’avant et développer le football africain. Ce dernier, malgré tout le potentiel dont il dispose, est souvent critiqué et taxé de fragile et sous-développé, avec une évolution bloquée ».
Si jusque-là, le constat fait est partagé par nombre d’observateurs spécialistes du continent, Fouzi Lekjaa « oublie » de citer le nom du président de la CAF, Ahmad Ahmad, au moment d’énumérer les personnalités en mesure de participer à cette révolution appelée de ses voeux. Alors qu’il se félicite du soutien du président et de la secrétaire générale de la FIFA : » Si la situation est aussi difficile, conclut le dirigeant chérifien, le potentiel est toujours là ! A mon sens, la conjoncture est plus propice que jamais, avec une relation exemplaire avec l’institution-mère du football et son président (ndlr, Gianni Infantino) qui admire l’Afrique, la secrétaire générale (ndlr, Fatima Samoura) qui est parmi nous et qui connaît notre réalité, mais aussi un responsable du développement qui est aussi de chez nous. Avec une volonté collective et partagée, on peut relever le défi ! ».
Cette sortie et cet oubli sont loin d’être innocents. Le patron du football marocain avait déjà sorti la grosse artillerie pour critiquer la Confédération africaine dont il est, ne l’oublions pas, le deuxième vice-président. Début janvier 2020, il avait tenu un discours sans concession en évoquant la corruption qui gangrène le football africain, y compris son institution faîtière : « L’Afrique et la CAF continuent de fonctionner selon les mêmes méthodes depuis 30 ans. La corruption est toujours là, il y a une personne bien connue, par sa corruption historique et légendaire, qui utilise l’argent du pétrole et le gaz, la vente de véhicules… et qui continue de polluer le football. J’assume pleinement mes propos et je prends à témoins les personnes qui étaient présentes à la réunion du Caire, en présence de Gianni Infantino (ndlr – président de la FIFA), où’ j’avais parlé de ce fléau», avait-il martelé.
La course au fauteuil présidentiel est bel et bien lancée. D’autant que le dirigeant malgache, qui était interrogé il y a quelques jours par RFI Afrique, n’a pas annoncé qu’il se représenterait. A noter qu’un homme a déjà officialisé sa candidature : il s’agit de l’Égyptien Amr Fahmy, ancien secrétaire général de la CAF, viré par sa direction en mars 2019 pour « fautes graves ».Il avait en réalité dénoncé Ahmad à la FIFA pour « corruption et de harcèlement sexuel à l’encontre de quatre salariées égyptiennes de la CAF, dont le siège est situé au Caire ».
@Cheikh Mabele