Sans surprise, l’homme d’affaires sud-africain et président des Mamelodi Sundowns a été élu par acclamations vendredi à Rabat. Porté par Gianni Infantino, il devient le premier anglophone à présider l’instance faîtière africaine, ballottée depuis de longs mois par de nombreux scandales.
Il était un peu plus de midi lorsque Patrice Motsepe s’est levé pour recevoir les applaudissements, peu nourris du reste, des présidents de fédération. En l’absence de tout autre candidat et ainsi que les statuts de la CAF le prévoient, le Sud-Africain de 59 ans était élu par acclamations au cours de la 43e AG élective de la CAF tenue à Rabat. Motsepe, âgé de 59 ans, succède au Malgache Ahmad Ahmad, lui-même remplacé en fin de parcours par l’intérimaire Constant Omari en raison de sa suspension par la FIFA, initialement de cinq ans et ramenée récemment à deux ans par le TAS.
Motsepe devient le huitième président de la CAF mais le premier anglophone à occuper ces fonctions. Il n’a jamais exercé de responsabilités présidentielles à la SAFA, la fédération sud-africaine, mais dirige les Sundowns depuis 2003 et les a d’ailleurs conduits voici quelques années au titre suprême en Ligue des champions. Avocat d’affaires entré dans le secteur des mines, il n’est pas le plus populaire des dirigeants du foot sud-africain ni même une figure très connue du public africain. Mais il apparaît clairement comme un homme de rupture puisque n’ayant jamais occupé de fauteuil de décideur à la CAF.
Premier candidat à se déclarer, soutenu par Moïse Katumbi (TP Mazembe) mais surtout Gianni Infantino et la FIFA qui avaient fait de lui leur champion, Motsepe a bénéficié du « protocole de Rabat », qui a vu se désister en sa faveur les trois autres candidats : le Sénégalais Augustin Senghor, le Mauritanien Ahmed Yahya et l’Ivoirien Jacques Anouma. Leurs retraits leur valent aujourd’hui d’occuper les fonctions de vice-présidents de la CAF pour les deux premiers. Quant au troisième, il récupère un poste de conseiller du président. L’élection de Motsepe se traduira très prochainement par l’arrivée, attendue, ou plutôt le retour, de la Sénégalaise Fatma Samoura. On s’en souvient, celle-ci, SG de la FIFA, avait été déléguée par l’instance mondiale en 2019-20 pour conduire un audit au sein de la CAF. Elle devrait être nommée prochainement au poste de secrétaire générale de la CAF.
Par ailleurs, d’autres élections conduites pendant cette AG élective ont permis de renouveler le Comité exécutif. Le Tunisien Wadie Jary fait partie des huit nouveaux membres du ComEx. Quant au Conseil de la FIFA, il compte désormais six nouveaux représentants africains : le Marocain Fouzi Lekjaa, l’Egyptien Hani Abo Rida, le Béninois De Chacus, le Nigérian Amaju Pinnick, le Malien « Bavieux » Touré et la Sierra Leonaise Johansen.
Que retenir également de cette AG ? La CAF a décidé de porter à cinq le nombre de ses vice-présidents. On a également découvert l’état des finances de l’institution africaine. Selon Fouzi Lekjaa, le boss des finances, il reste environ 90 millions de dollars dans les caisses, et la CAF devrait épuiser ses ressources à l’issue du prochain cycle de quatre ans… Sauf si elle décide de réduire drastiquement ses coûts de fonctionnement, d’économiser là où elle le peut. Mais aussi, si elle se cherche de nouvelles ressources, ainsi que le Président Motsepe l’a exprimé très rapidement, essentiellement dans le secteur privé. On peut s’attendre également à ce que de nouveaux contrats TV soient vite signés afin de faire rentrer du cash dans les caisses de la CAF. Les sud-africains de Supersport devraient ainsi être approchés, eux qui ne retransmettent plus de matches continentaux depuis qu’a été rompu (unilatéralement) le (long) contrat Lagardère qui portait sur un milliard de dollars…
Au registre des choses entendues à Rabat – et selon une indiscrétion de la directrice du Simba SC tanzanien, Barbara Gonzalez- , il se confirme que le nouveau boss devrait appuyer une demande récente d’Infantino, et donc de la FIFA : la création d’une Super Ligue africaine de vingt clubs, avec un ticket d’entrée à hauteur de 20M de dollars sur cinq ans. Cela signerait l’arrêt de mort de la LDC actuelle…
Une nouvelle ère s’ouvre donc à la CAF avec certaines urgences en matière financière. De nombreux observateurs cependant ont noté que le nouvel élu n’a pas abordé ce que beaucoup considèrent comme le problème central aujourd’hui au sein de l’instance africaine : la bonne gouvernance, qui a fait tant défaut lors du cycle précédent, ainsi que la FIFA a pu le dénoncer en écartant le président Ahmad. Sur ce terrain précis, Motsepe et sa nouvelle équipe seront forcément attendus.
@Samir Farasha