Avant même le coup d’envoi, la grande question qui agitait observateurs et spectateurs ressemblait à ça : l’Egypte jouera-t-elle enfin après avoir été sur la défensive pendant une partie du tournoi ?
Avec cinq joueurs blessés et un Cameroun conquérant et convaincant en demie, les pronostics étaient alors nettement favorables à ces Lions indomptables de retour en finale de CAN pour la première fois depuis 2008 à Accra.
Mais, dès l’entame du match, c’était bien les Pharaons qui se lançaient à l’assaut du but du talentueux Ondoa. Abdallah Saïd, embusqué à droite, expédiait une frappe tendue à ras de terre qui forçait le portier des Lions à une première intervention (2e). Les Camerounais se manifestaient cinq minutes plus tard pour la première fois : un centre en retrait était repris aux abords de la surface par Siani, dont la frappe écrasée était captée facilement.
Après un petit quart d’heure, les Egyptiens avaient tissé leur toile : bien en place techniquement, ils maitrisaient le rythme de la rencontre, à peine inquiétés par les déboulés couloir droit de Bassogog. A la 22e, un superbe mouvement collectif initié depuis le milieu dans le couloir droit voyait Salah trouver devant lui Elneny. Absent lors des deux matches précédents, le milieu de terrain d’Arsenal trompait Ondoa d’une frappe entre lui et le poteau (1-0).
Le scénario auquel n’avait certainement pas songé Hugo Broos. Avec des Egyptiens contrôlant le milieu et fermant les ailes, les espaces se raréfiaient pour le Cameroun. Peu de vitesse, pas de percussion et des frappes de loin ou centres pour personne.A la dernière minute de la première période, Mohamed Salah, replacé seul en pointe avec Amr Warda sur sa droite, filait vers le but. Ondoa se couchait sur le ballon poussé un peu fort.
L’Egypte rentrait au vestiaire avec un avantage mérité. Le Cameroun, décevant, se retrouvait devant une équation bien compliquée.
L’Egypte se recroqueville, recule puis craque
La seconde période a repris sur le même tempo, avec un Cameroun bien décidé à recoller à la marque. L’entrée en jeu d’Aboubakar à la place de Ndip Tambe, invisible, devait ajouter un peu de pression sur la défense égyptienne. Juste avant l’heure de jeu, et dans l’une de ses périodes favorables, le Cameroun égalisait de la tête par son remplaçant, Nicolas Nkoulou, à la suite d’un centre venu de la gauche (58e, 1-1). Tout était à refaire pour les Pharaons, battus sur une belle action des Lions.
Après l’égalisation, le match devient à sens unique : l’Egypte, comme souvent durant cette compétition recule et se recroqueville. Le Cameroun pousse physiquement et domine dans la possession. La tension est ressentie sur les bancs techniques, où l’on s’agite aussi. Chez les Pharaons, Mohamed Salah est le seul à ressortir du lot. Mais son aisance technique ne se matérialisera pas par d’autres occasions de buts. Le Cameroun, au contraire, donne tout ce qu’il a. Il obtient la délivrance sur une action de son super-sub, l’attaquant Aboubakar à la 87e, qui crucifie une défense endormie (2-1).
Les dernières minutes de la rencontre sont tendues. Les nerfs craquent côté égyptien. Elneny envoie un dernier coup franc dans les nuages. Le Cameroun a maîtrisé et renversé le match en seconde période. Il s’impose dans un vacarme indescriptible. Pour avoir tout donné dans cette seconde période, il aura bien mérité ce cinquième titre continental.
Les Pharaons, quant à eux, ont donné tout ce qu’ils pouvaient dans une compétition où personne ne les attendait en finale. Hector Cuper, comme s’il était maudit, n’a toujours pas gagné une finale internationale mais ils sont vice-champions d’Afrique pour leur retour, sept ans après. Le Cameroun disputera la prochaine Coupe des Confédérations. Il devra confirmer ce joli sacre d’une bande de joueurs méconnus en allant aussi chercher un ticket pour Russie 2018.
@Samir Farasha, à Libreville
LA FEUILLE DE MATCH
A Libreville (stade de l’Amitié)
EGYPTE – CAMEROUN : 1 – 2 (1-0).
Arbitre : M. Janny Sikazwe (Zambie). 38 216 spectateurs.
Buts : Elneny (21e) pour l’Egypte ; Nkoulou (58e), Aboubakar (87E) pour le Cameroun.
EGYPTE: Essam El-Hadary – Ahmed Al-Mohamady, Ali Gabr, Ahmed Hegazy, Ahmed Fathy – Tarek Hamed, Mohamed Elneny – Mohamed Salah, Abdallah Saïd, Mahmoud Hassan Trezeguet (Ramadan Sobhi, 66e) – Amr Warda. Entraîneur.: Hector Cuper (ARG).
CAMEROUN : Joseph Ondoa – Collins Fai, Adolphe Teikeu (Nicolas Nkoulou, 32e), Michael Ngadeu, Ambroise Oyongo – Arnaud Djoum, Sébastien Siani – Christian Bassogog, Robert Ndip Tambe (Vincent Aboubakar, 46e), Benjamin Moukandjo – Jacques Zoua (Georges Mandjeck, 90e +2). Entraîneur.: Hugo Broos (BEL).