La Coupe d’Afrique qui débute aujourd’hui avec un match d’ouverture entre la Guinée-Équatoriale et le Congo s’annonce très ouverte. Elle n’a pas un ou deux prétendants favoris indiscutables, comme cela a pu arriver par le passé, mais une flopée. Le champion sortant a été éliminé, celui de l’édition 2012, la Zambie, n’est plus dans sa meilleure forme et celui des éditions de 2006 à 2010, en l’occurrence l’Égypte, a carrément disparu des radars.Bien sûr, il est commode pour les observateurs comme pour de nombreux concurrents de désigner l’Algérie comme le monstre qui fait peur. Sous prétexte que les Fennecs sortent d’une phase éliminatoire quasi parfaite et d’une Coupe du monde très réussie. Mais s’ils ont le projet de faire honneur à leur statut de meilleure équipe continentale au classement FIFA, les Algériens ne veulent pas endosser seuls ce lourd statut de favoris. Ils préfèrent le partager avec d’autres dont l’expérience est autrement plus étoffée. Ils pensent évidemment au Cameroun renaissant où à la Côte d’Ivoire en transition, mais dont l’envie d’offrir à certains de ses cadres vieillissants une sortie digne de leur palmarès personnel en club. Ils pensent aussi à ce Ghana a la recherche du Graal sacré depuis 1982 et dont la jeunesse triomphante de la CAN 2010 aimerait enfin conclure et confirmer par une victoire ce talent que tout le monde lui reconnaît. Et pourquoi pas l’Afrique du Sud ? Cette équipe s’est régénérée depuis sa CAN un chouia raté en 2013. Tiens, et le Burkina Faso, surprenant finaliste il y a deux ans ? Ces Étalons, justement, n’ont-ils pas vraiment perturbé les Fennecs lors des éliminatoires du Mondial 2014 ?
Bref, on le voit, il n’y a pas un favori, mais une flopée de candidats à la renommée. Le danger peut venir de partout dans cette CAN que la Guinée-Équatoriale s’apprête à organiser dans des conditions confuses et certainement compliquées puisqu’elle n’a eu que trois mois pour remplacer au pied levé la défaillance du Maroc. Sur le thème de l’organisation, ce n’est pas les Equato-Guinéens qu’il faudra monter du doigt en cas de difficultés majeures, mais bien la Confédération africaine de football qui a paniqué à l’idée qu’on lui confisque son joujou. Même provisoirement. Mais ça, c’est une autre histoire. Sur laquelle on reviendra en temps voulu.
Les forces en présence
Groupe A
Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Burkina Faso
Le Burkina Faso est l’incontestable épouvantail du groupe. C’est une formation solide égale à elle même depuis quatre ans. Elle devrait pouvoir s’extraire de la mêlée. La deuxième place se jouera entre le Congo, tombeur magnifique du Nigéria, et le Gabon dont l’attaquant Pierre-Emerick Aubameyang, désormais reconnu et apprécié dans l’exigeante Bundesliga est l’atout efficacité numéro un. Il sera certainement l’un de ceux qui feront le spectacle. Il n’est pas sûr que le fait de jouer à domicile suffira à la Guinée Équatoriale. En 2012, elle avait réussi à passer le premier tour, mais elle était préparée à l’événement. Cette fois, l’équipe, sans entraîneur à quelques jours de l’ouverture de la compétition, elle ne doit sa place qu’à la fuite en avant de la CAF.
Groupe B
Zambie, RD Congo, Tunisie, Cap Vert
Dans ce groupe équilibré, nous mettrons bien une pièce sur le Cap Vert. On se souvient de son formidable parcours en 2013. Et bien, les coéquipiers du talentueux Ryan Mendes n’ont pas changé leur façon de faire. Une équipe sans stars, mais ô combien joueuse, portée vers l’offensive et sans complexe. N’était une disqualification malheureuse qui avait profité à moitié à la Tunisie, le Cap vert aurait pu arracher son ticket pour le Mondial 2014. Ils retrouveront justement la Tunisie au premier tour. Les hommes de Georges Leekens ne seront sans doute pas les plus spectaculaires du tournoi à venir. Mais c’est du solide derrière, avec de beaux gabarits et de l’expérience. Et aussi une belle discipline tactique et une grande solidarité. Bémol : une attaque décimée par les blessures. Wahbi Khazri sera l’arme fatale mais un peu isolée. La RD Congo de Claude Le Roy devra éviter de tout donner sur un seul match comme en 2013 avant de disparaître. Quand à la Zambie, elle ne semble pas avoir vraiment digéré son fabuleux et inattendu succès de 2012.
Groupe C
Afrique du Sud, Algérie, Ghana, Sénégal
Que n’a-t-on dit sur la composition de ce groupe et la difficulté qu’il présente ! Avec raison, d’ailleurs. Les quatre formations peuvent toutes prétendre aller au bout de l’épreuve. Malheureusement, il n’y aura que deux heureux élus. Avec un effectif jeune et talentueux, l’Algérie est sur un nuage depuis deux ans, le Sénégal revient du diable Vauvert, tout comme l’Afrique du Sud, alors que le Ghana, promet, comme il le fait depuis six ans, de mettre le feu à la baraque. Nous ne prendrons pas de paris. Une chose est sûre, les vainqueurs de la première journée, s’il y en a, prendront une sacrée option pour la qualification. La bonne nouvelle pour les équipes des trois autre groupes, c’est qu’au sortir du premier tour, deux grosse locomotives auront versé dans le fossé.
Groupe D
Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, RD Congo
De l’équilibre, ce groupe n’en manque également. En fait, il est composé de trois équipes convalescentes, même si le niveau de cette convalescence n’est pas le même. Dépitée par une Mondial raté, un changement de sélectionneur et des cadres dans le doute, la Côte d’Ivoire jouera gros. Pour espérer rebondir, il lui faudra impérativement atteindre le dernier carré. Sa qualification laborieuse et le paquet de buts encaissés ne plais-dent pas pour elle, mais les Éléphants disposent d’un atout cœur exceptionnel : Yaya Touré. Le milieu de Manchester City est dans une forme royale. Mais suffira-t-il à illuminer le parcours de la bande à Hervé Renard ? De son côté, le Cameroun a retrouvé des couleurs. Sans redevenir complètement indomptables, les coéquipiers du solide défenseur axial Nicolas Nkoulou recommencent à faire peur aux adversaires. Pour avoir été balayés durant les éliminatoires, les Ivoiriens en savent quelque chose. Qualifiés dans la douleur et par la petite porte, les Maliens vont sans doute souffrir dans ce groupe. Demi-finalistes en 2012 et 2013, ils auront du mal à renouveler la performance, d’autant qu’ils doivent compter avec la présence d’un quatrième larron, la Guinée. Contrainte de disputer ces matches sur terrain neutre en raison de l’épidémie d’Ebola, la Guinée a arraché son billet en laminant le Togo (4-1) à Lomé lors d’une sixième journée héroïque.
@Fayçal CHEHAT