CAN 2017. Le rideau est définitivement tombé dimanche soir dernier sur la 31e édition de la CAN au Gabon. Voici notre bilan des représentants du monde arabe -ils étaient quatre – durant ce tournoi continental.
AU TOP
Les Pharaons d’Egypte
Pour leur retour à la CAN après sept ans d’absence, ils ont réalisé un parcours de qualité, seulement battus (2-1) par le Cameroun en finale. Avec dix-neuf joueurs n’ayant jamais pris part à une CAN et un gardien (et capitaine) âgé de 44 ans, les Pharaons ont levé les doutes qui accompagnaient leur come-back international. Bravo à leur défense axiale (Hegazy-Gabr), performance exceptionnelle de leur gardien vétéran El-Hadary qui figure parmi les tout meilleurs de l’épreuve. On a aimé Mohamed Salah, deux buts et deux passes décisives. On a redécouvert Abdallah Saïd, un milieu offensif très entreprenant. A eux de confirmer tout ça en se qualifiant pour la Coupe du monde dans un peu plus d’un an.
Naïm Sliti, le feu follet tunisien
Pour sa première CAN, l’attaquant excentré de Lille n’a pas paru déconcerté par un environnement nouveau pour lui. Dire qu’il y a six mois en arrière, il évolue en L2 (Red Star, FRA) et qu’il débutait à peine chez les Aigles de Carthage. Intenable, il a été à l’origine des principales offensives de la Tunisie et a bien combiné avec Youssef Msakni et Khenissi, le buteur de l’Espérance. Une belle satisfaction, malgré l’élimination en quart.
Les petits nouveaux du Maroc (Fayçal Fajr, Rachid Alioui, Romain SaÏss)
Privé de joueurs importants (Sofiane Boufal et Younes Belhanda blessés, mise à l’écart de Hakim Ziyech), Hervé Renard a présenté un onze équilibré entre ses lignes, dont le seul point faible était son secteur offensif. On a quand même découvert un milieu de qualité et adroit sur coups de pied arrêtés, Fajr, un ancien du SM Caen parti en Espagne. On a également apprécié l’entrée décomplexée du meilleur buteur de L2 française, Alioui, aux avant-postes contre la Côte d’Ivoire face à laquelle il a réussi l’un des plus beaux buts de la CAN. Enfin, bravo à Saïss, dont c’était la première compétition pour les Lions de l’Atlas et qui a justifié sa présence dans ce groupe.
Raïs Mbolhi, le gardien algérien
Sans lui face au Zimbabwe (2-2) lors du match d’ouverture, les Fennecs auraient perdu cette rencontre compliquée. Auteur d’une demi-douzaine de parades spectaculaires et efficaces il a été décisif. Malheureusement blessé, il était absent face à la Tunisie puis au Sénégal. Il fut le seul joueur d’El-Khedra à tenir son niveau. Son remplaçant, Asselah, n’a pas démérité mais n’a pas su être décisif contre ces adversaires.
NOS FLOPS
L’équipe d’Algérie
Quart de finaliste en 2015, elle n’a été que l’ombre d’elle-même au Gabon alors que le tournoi était ouvert sur le plan des favoris puisqu’au moins huit nations pouvaient prétendre à la victoire finale. Défensivement elle a failli en encaissant 6 buts (deux par match). Offensivement, elle s’en est remis au talent de Mahrez et de Slimani (deux buts chacun). Leekens aurait certainement dû faire confiance à un Hanni plus tôt dans le tournoi. Définitivement LA déception de 2017. Et mal partie en éliminatoires de la CM 2018…
Hervé Renard
Le sélectionneur des Lions de l’Atlas a perdu son pari tactique face à l’Egypte. Très serein avant d’affronter les Pharaons, celui qui avait été battu par la RDC (1-0) au premier tour avait misé sur une démolition en bonne et due forme des Egyptiens. Il avait oublié la solidité défensive de cet adversaire, habitué à subir avant de piquer. Une fois lui a suffi contre le Maroc. Renard, qui a souvent remporté ses duels tactiques par le passé, a échoué face au madré Hector Cuper, qui s’est distingué par une extrême frilosité. Sauf lors de la première mi-temps en finale.
Henry Kasperczak
Le coach des Aigles de Carthage a fait preuve d’une vraie subtilité tactique lors du premier tour et présenté une formation entreprenante. Pourtant, il n’a pas su réagir en quart aux problèmes posés par les Etalons du Burkina Faso. Il n’a pas su endiguer leurs raids offensifs, bloqué leurs excentrés et proposer un jeu de contre capable de trouer la défense adverse. Cet échec ne remet pas totalement en question tout le parcours des Tunisiens ni même l’apport de ce technicien septuagénaire qui a surpris lors du 1er tour.
BILAN GENERAL
Avec l’Egypte finaliste, le Maroc et la Tunisie en quarts de finale, nos représentants ont été plutôt performants, lorsqu’on sait la difficulté parfois d’évoluer sur des terrains difficiles, et cette CAN n’y a pas échappé. La seule déception, d’importance parce qu’on ne soupçonnait pas que cet échec serait aussi tonitruant, c’est l’Algérie. Sans tout reprendre de zéro, il va lui falloir trouver rapidement l’homme idoine pour la relancer, et recomposer une défense qui, rappelons-le, a encaissé six buts en trois matches, qui faisaient écho aux quatre encaissés en éliminatoires de la CM 2018 à l’automne (1-1 contre le Cameroun, 1-3 contre le Nigeria). La contre-performance enregistrée face aux Lions Indomptables à Blida prend ici une toute autre saveur d’ailleurs, quand on se souvient de l’ouverture du score par Slimani et l’égalisation de Moukandjo. Les Algériens pourront toujours se consoler en disant qu’ils ont tenu le futur champion d’Afrique en échec…
@Samir Farasha, à Libreville