Premiers de leurs poules respectives lors du tour d’écrémage, Pharaons et Etalons se retrouvent pour un choc… qui a déjà eu lieu en 1998. Retrouvailles au stade de l’Amitié de Libreville ce mercredi soir à partir de 20h.
Egypte – Burkina Faso. Tout sauf une affiche inédite entre ces deux formations qui se connaissent bien même si leur pedigree diffère. Les Pharaons, qui sont de retour en phase finale de CAN après sept ans d’absence – une période de jeûne forcé qui succédait à trois victoires consécutives- se sont fixés un objectif élevé : rapporter la Coupe au pays.
Les Etalons, qu’on n’attendait pas forcément dans le dernier carré, ont offert de la générosité dans le jeu, de la discipline et du spectacle aussi – notamment face à la Tunisie en quart (2-0) – mais aussi une vraie solidité au plan défensif. Seulement deux buts encaissés en quatre apparitions. Et encore, deuxsur coups de pied arrêtés.
Quelques joueurs, du gardien Koffi à Préjuce Nakoulma, qui est attendu à Nantes (L1) en passant par l’inoxydable attaquant Aristide Bancé (ASEC, 33 ans) ont fait vibrer le (maigre) public présent. Quant au sélectionneur, Paulo Duarte, dont c’est le troisième (et plus fructueux) passage sur le banc des Etalons, il n’est pas du genre à paniquer ou à calculer. « Disputer une demie, c’est vrai que c’est quelque chose de spécial. Mais je ne raisonne pas comme ça : l’important, c’est le groupe. La finale demeure une mission collective. »
Duarte, qui a déjà bien roulé sa bosse sur le continent africain, ne mésestime pas cette Egypte rajeunie, ultra-réaliste qui n’a encaissé aucun but en quatre matches mais n’en a marqué que trois. « Il y a une capacité et une maturité chez cette équipe rajeunie. On sait que la philosophie de cette équipe sera de nous laisser le contrôle du jeu. On sait aussi qu’elle est capable de marquer sur un exploit individuel et qu’elle défend très bien. C’est vrai que c’est une équipe très titrée. Mais l’histoire c’est l’illusion ! On vit dans la réalité et la croyance que nos joueurs s’imposeront. L’Egypte a Salah, l’un des plus grands talents d’Afrique. Nous avons Bertrand Traoré, alors j’espère que ma petite vedette prendra le meilleur sur lui ! »
Les Etalons n’ont pas oublié la défaite de 1998
Arrivés à Libreville depuis quelques jours, les Pharaons ont hâte d’en découdre avec un adversaire qu’ils ont dominé en 1998, lors d’une demi-finale inoubliable à Bobo Dioulasso (2-0) illuminée par le goleador Hossam Hassan. Bakary Koné, le défenseur axial du Burkina Faso, n’était encore qu’un enfant quand c’est arrivé, mais il se souvient de l’histoire. « C’était douloureux parce que ça se déroulait chez nous. Mais certains anciens comme Alain Nana nous ont appelés. On fera tout pour rendre notre peuple heureux ».
Privés de trois joueurs importants – le latéral gauche Abdelshafy, le milieu d’Arsenal El-Neny et l’attaquant-pivot Marwan Mohsen – tous blessés, les Pharaons ne dépriment pas. Au contraire. On les a vus détendus à l’hôtel, heureux d’être toujours en vie, eux, alors qu’on leur promettait l’enfer contre le Maroc. Ils ont survécu à cette épreuve, grâce à un collectif très discipliné, capable de marquer sur la poignée d’occasions qu’ils se créent. Ils ont en eux cette science de la compétition, innée à ce niveau. Et pourtant, rares sont ceux parmi eux qui l’ont déjà jouée (et gagnée) à part El-Hadary, Mohamady et Ahmed Fathy. Conduits par l’Argentin Cuper, dont c’est aussi la première sur le sol africain, ils se comportent humblement. Avec cet appétit de vaincre qui appartient généralement aux équipes affamées. En dépit de sept titres (le dernier en 2010), ces jeunes loups ont faim. Très faim. La seule différence avec la génération précédente, c’est justement le fait qu’ils n’ont encore rien remporté, ainsi que l’a rappelé leur capitaine et gardien, El-Hadary, 44 ans depuis quinze jours. « L’équipe n’a pas besoin de moi pour se motiver. L’objectif lui suffit« .
Cuper, de son côté, reste humble et manie la langue de bois pour évoquer cet adversaire burkinabè qu’il connait peu : « C’est dangereux de sous-estimer son adversaire surtout quand on sait qu’il a écarté quelques grands. Ce sera un match dur. Ce que je sais, c’est qu’on a l’état d’esprit pour aller jusqu’au bout. Ces joueurs, je crois en eux et en leur capacité. » En Egypte depuis un an et neuf mois, le technicien argentin peut en tout cas s’estimer satisfait du chemin accompli : son équipe, qui n’a encore encaissé aucun but dans la compétition. Le dernier joueur qui ait marqué contre elle s’appelle Fodé Doré (Congo), c’était en octobre 2016 à Brazzaville en éliminatoires de la CM 2018. Tout sauf un hasard quand on connaît l’axe défensif Hegazy-Ali Gabr, alias le « Ministre de la défense ». L’Egypte, c’est aussi une machine à gagner qui n’a plus perdu en match depuis sept rencontres (Afsud 1-0, 6 septembre 2016) et demeure invaincue en phase finale de CAN depuis… janvier 2004 et sa dernière défaite contre l’Algérie, soit 23 matches. Série en cours que les Pharaons espèrent bien prolonger pour deux matches. En demie et en finale, quel que soit l’adversaire, Ghana ou Cameroun…
@Samir Farasha