Vainqueurs 2-1 du Botswana, les Mourabitounes disputeront en juin 2019 leur première phase finale de CAN. Un résultat qui consacre l’excellent travail du coach Corentin Martins et de ses protégés, une journée avant la fin des éliminatoires.
Le public du stade Cheikha Boïdiya aura dû patienter jusqu’à la 84e minute de ce choc contre le Botswana pour exulter. Jusqu’à ce deuxième but de ses chouchous, inscrit une fois encore par Ismaël Diakité.
Pour ce match de la 5e et avant dernière journée des éliminatoires de la CAN 2019, la Mauritanie se présentait en excellente position puisqu’elle comptait deux points d’avance sur le Burkina Faso et trois sur l’Angola, ses rivaux dans le groupe.
Les jours qui ont précédé ce choc face aux Zèbres botswanais ont permis aux Mauritaniens de prendre la mesure du soutien d’un peuple, d’une Fédération, la FFRIM, et de leur capital sympathie auprès du grand public africain sur les réseaux sociaux.
Il leur fallait aussi se convaincre qu’après avoir obtenu deux qualifications pour le CHAN -en 2014, sous Patrice Neveu, en 2018 avec Coco Martins – le temps était venu d’aller chercher un ticket pour la première phase finale de CAN à 24 pays. Le rêve, l’objectif d’un président de fédération, Ahmed Yahya, depuis sa première élection.
Bien mise en orbite par ses victoires sur le Botswana, le Burkina Faso et l’Angola, la première à l’extérieur, les deux autres à domicile, la Mauritanie se devait de ne pas flancher dimanche soir.
Elle a pourtant connu un début de match compliqué puisqu’elle a encaissé un but dès la 4e, par Keeagile Kobe. Un terrible coup de poignard qui a totalement remis en question le plan concocté par l’encadrement technique.
Heureusement, les locaux se sont remis sur le bon chemin en égalisant par Ismaël Diakité, l’homme des grands succès, comme celui de la qualification pour le CHAN 2014, face au Sénégal. Diakité a égalisé à la 20e minute, mais ce résultat était encore insuffisant puisque l’Angola s’était imposée 2-1 chez elle contre le Burkina Faso.
En seconde période, les Mourabitounes ont tout donné pour inscrire le deuxième but, celui de la délivrance. Celui de la qualification supposée, mais ils trouvaient toujours un Botswanais pour les en empêcher. Et puis Ismaël Diakité, le bien-nommé, a délivré tout un peuple. On jouait donc cette fameuse 84e minute quand le buteur maison a validé la passe de Khassa Camara. 2-1 !
Le Botswana n’est jamais parvenu à remonter ce but de retard. Et le groupe emmené par Bakary Ndiaye, Adama Ba et le gardien Souleymane Brahim s’est arc-bouté sur ce résultat, jusque dans les dernières secondes du temps additionnel.
Ensuite ? Des cris, des chants, des larmes, des applaudissements, des danses ! Un vestiaire ivre de bonheur, des dirigeants bouleversés par l’émotion. Des villes gagnées par la fièvre de la CAN, de Nouakchott à Nouadhibou ! Oui, la Mauritanie sera du grand rendez-vous continental, en juin prochain, au Cameroun ou ailleurs.
Après tant d’années passées à regarder ses voisins se qualifier, la Mauritanie est appelée, comme Madagascar le mois dernier, à participer à son premier grand tournoi continental. Un honneur et une grande responsabilité pour les Verts et Jaunes.
Le football mauritanien n’a cessé de progresser depuis une demi-douzaine d’années. L’arrivée de Patrice Neveu lui a permis de sortir de sa torpeur, de se qualifier pour une CHAN mais aussi de détecter les talents mauritaniens partout en Europe. Des matches amicaux livrés en Europe et en Asie ont aussi convaincu d’un potentiel.
A l’issue du passage de Neveu, Coco Martins est arrivé et a travaillé dans la continuité. En élargissant le groupe. Résultat ? Le CHAN 2018 et maintenant, la CAN 2019. Les clubs, qu’il s’agisse de Concorde ou du FC Nouadhibou, ont également livré des matches encourageants en Coupes d’Afrique des clubs cette année. Jusqu’à éliminer l’Africa Sport d’Abidjan et à tenir en échec le Wydad Casablanca champion d’Afrique 2017.
Où s’arrêtera donc le football mauritanien ? Ce n’est pas encore l’heure de mesurer son potentiel réel. Pour l’instant, réjouissons-nous de retrouver cette sélection à la prochaine CAN. Aura-t-elle la fraîcheur nécessaire, à défaut de l’expérience, pour s’extirper de la phase de poules ? Nul le sait encore. Laissons les joueurs, le staff, la FFRIM et le peuple mauritanien à ses réjouissances !
Il sera bien temps, d’ici le printemps, d’évaluer cette équipe et ses chances de continuer à surprendre un football africain qui n’avait pas senti venir l’avènement de cette sélection sympathique, ambitieuse et terriblement inexpérimentée !
@Samir Farasha