Quinze ans après le sommet Tunisie – Maroc (2-1) de Radès, la CAN verra-t-elle de nouveau deux cadors du football arabe s’affronter ? L’Algérie et la Tunisie ne seraient pas contre…
Après 23 jours de compétition, ils ne sont donc plus que quatre à postuler à la succession du Cameroun. Un champion d’Afrique éliminé en huitièmes (3-2) par un Nigeria d’une efficacité redoutable. Avant même que cette 32e édition de la CAN ne débute, le Maroc, le Sénégal et l’Egypte apparaissaient comme les favoris naturels du tournoi. Mais deux d’entre eux, le Maroc et l’Egypte, ont été éliminé dès les huitièmes, à l’issue de scenarios différents mais qui se sont terminés sur la même note dramatique.
Restent donc en lice trois Mondialistes 2018 : le Sénégal, solide et compact, lui aussi très efficace. Mais aussi le Nigeria et la Tunisie, que peu d’observateurs avaient vu venir malgré une campagne de préparation appliquée (3 matches, 3 victoires). Un 1er tour mitigé (3 nuls) a effectivement eu pour effet de s’interroger sur la valeur réelle ou supposée des Aigles de Carthage… qui ont fini par gagner leur premier match de la CAN (le cinquième !) contre Madagascar en quart de finale (3-0).
L’invité surprise, mais en est-il un vraiment, serait donc cette Algérie complète dans toutes ses composantes. Solide sur le plan défensif (un but encaissé en cinq matches), joueuse et habile sur le plan offensif et surtout habitée par un mental d’acier (cf sa victoire sur le Sénégal au 1er tour et sa qualification aux tab en quart). Dotée d’un effectif XXL (Mahrez, Bounedjah, Feghouli, Atal), elle avance sans arrogance mais avec cette ferme conviction d’aller au bout de l’aventure. Djamel Belmadi, l’homme qui est à l’origine du renouveau, connaît bien la CAN. L’ancien joueur est devenu un technicien chevronné, que rien n’impressionne.
A quelques heures de demi-finales somptueuses de cette CAN 2019 , peut-on sérieusement envisager ou pronostiquer une finale 100% arabe comme cela se produisit en 2004 ? Les observateurs et le public rêvent évidemment d’une revanche entre l’Algérie et le Sénégal, après le 1-0 du 1er tour. Au regard de ce que ces deux nations ont produit durant le tournoi, cette affiche ne manquerait pas de charme. Cela signifie d’une part que l’Algérie saura anesthésier le trio offensif Iwobi-Musa-Chukwueze. Mais aussi que les Lions de la Teranga ne feraient qu’une bouchée d’Aigles de Carthage qui, dans ce dernier carré, apparaissent comme les moins impressionnants. Attention ! Alain Giresse, leur sélectionneur, a trouvé le juste équilibre au milieu avec Sassi-Chaalali et Skhiri. Lui aussi dispose d’un sacré trio devant (Khazri, Msakni et Khenissi) pas du tout impressionné par la défense du Sénégal. Le devraient-ils ? Certainement un peu, car les Lions de la Teranga n’ont encaissé qu’un but, contre l’Algérie. Le Sénégal, c’est du solide et il faudra une Tunisie à 200% pour l’éliminer.
C’est en tout cas le grand retour de l’Algérie dans le dernier carré, on l’a vu, neuf ans après sa demie perdue (0-4) contre l’Egypte en Angola. Cela s’était d’ailleurs terminé par une défaite en match de classement contre… le Nigeria (0-1). La Tunisie, elle aussi, n’avait plus goûté à une demie continentale depuis plus longtemps encore. Sa dernière apparition remontait à 2004 chez elle contre… le Nigeria et elle ne s’était imposée qu’à l’issue des tirs au but (1-1, 5 tab à 3).
Le football arabe aura tout de même réussi à placer deux de ses cinq représentants africains dans le dernier carré. Même si l’on pensait que le Maroc et surtout l’Egypte seraient capables d’atteindre ces hauteurs-là, les deux pays présents font valoir de beaux atouts eux aussi. L’Algérie part avec un léger avantage sur l’ensemble de ce tournoi mais le Nigeria se souviendra quand même qu’il a éliminé cette équipe de la course à la CDM 2018 en lui infligeant une défaite au goût amer (3-1 en novembre 2016). La dernière victoire de l’Algérie contre ces Aigles nigérians reste donc celle de 1990, si l’on veut bien mettre de côté celle obtenue sur tapis vert en 2017 (nul sur le terrain 1-1 mais sanction de la FIFA contre le Nigeria après avoir aligné un joueur inéligible, Shehu Abdullahi, qui n’avait pas purgé sa suspension, NDLR)…
Allez, plus que quelques heures avant de vivre le grand frisson de ces deux sommets africains entre d’un côté, deux nations nordistes et arabes et de l’autre, deux représentants du football d’Afrique de l’ouest !
@Samir Farasha