Souvenez-vous. En juillet 2019, c’était l’affiche du match de classement de la CAN disputée en Egypte. Et les Super Eagles s’étaient imposés 1-0 face à une équipe sans âme et sans répondant dans le jeu. A l’image de son tournoi, très décevant. Deux ans et demi se sont écoulés et voici les deux formations de nouveau face à face. On pensait que le rapport de force avait évolué après les éliminatoires de CDM 2022 et la finale de Coupe arabe des Nations côté Tunisie, tandis que le Nigeria avait envoyé quelques signaux inquiétants dans ces mêmes éliminatoires et venait de se séparer de son sélectionneur Gernot Rohr, en place depuis 2016…
Le premier tour de la « CAN sucrée », comme l’ont baptisée nos confrères africains, a malheureusement débouché sur un constat terrible pour les Aigles de Carthage : ils ne doivent leur présence en huitièmes qu’à ce succès 4-0 sur la Mauritanie. Battus par le Mali et la Gambie, ils ont été incapables de retrouver ce qui faisait leur force il y a moins de deux mois en arrière. Bien sûr, on pourra toujours noter que le groupe a été régulièrement confronté à des cas de covid-19. Lors du dernier match, 12 joueurs parmi lesquels de nombreux titulaires n’ont pas été alignés. Il n’empêche, le sélectionneur Mondher Kebaïer est aujourd’hui – comme il l’était déjà avant la CAN – sous le feu croisé des critiques, celles de la presse tunisienne et celles du public, déçus à chacune des sorties de la sélection.
A quelques heures de défier le Nigeria, la confiance ne peut pas être de mise. Les Super Eagles sont la seule équipe nationale à avoir remporté ses trois matches, dont un face à l’Egypte de Mohamed Salah (1-0). La facilité avec laquelle Kelechi Iheanacho et ses amis gèrent les matches, alternant conservation du ballon et accélérations, est déconcertante. Le Nigeria est techniquement au-dessus de cette Tunisie. Même privé de Osimhen resté en Italie, il possède des individualités capables de marquer à tout moment, à l’instar de Moses Simon, l’attaquant de Nantes.
On ne sait pas exactement quelle équipe Kebaïer pourra légitimement aligner. La petite qualification, au titre de meilleur troisième, les prestations incolores de certains cadres, les penaltys ratés (trois, un par match, via Khazri, Msakni et Jaziri), etc… Tout cela n’a rien de rassurant avant d’affronter un adversaire devenu le principal favori du tournoi après l’élimination de l’Algérie et les prestations médiocres du Sénégal.
A Garoua, le terrain de jeu de ce Nigeria depuis le début de la compétition, les Aigles de Carthage partent évidemment dans la position d’un outsider. Sauront-ils résister à un adversaire qui se présente avec trois attaquants combinant parfaitement les uns avec les autres ? Sauront-ils mettre en danger la charnière Omeruo-Troost Ekong, rarement prise à défaut ? Bref, la Tunisie retrouvera-t-elle de l’ambition dans le jeu ? Tout va dépendre du onze aligné par Kebaïer et pour l’œuvre, nous n’avons pas de certitude. Jebali et Bronn ont été testés négatifs et réintègrent le groupe. Mais l’équipe ne pourra pas compter sur Khazri, Ali Maâloul, Chaâlali, Ben Romdhane, Ben Hmida, Dahmen, Touzghar, Mathlouthi et Ben Moustapha… Beaucoup d’absents et pas des moindres. Est-ce que, face à cette adversité aux multiples visages, les Aigles de Carthage seront en capacité de réaliser l’exploit ? Réponse dans quelques heures…
@Frank Simon