Souvent ennuyeux mais habités par une foi inébranlable, les Pharaons affrontent au stade d’Olembe et à partir de 20h le Sénégal de Sadio Mané. Peuvent-ils s’offrir un huitième sacre continental ?
Allez, on ne va pas s’attarder sur celles et ceux qui, depuis des semaines, avaient condamné un peu trop tôt l’ Egypte aux affres de l’élimination dès le 1er tour. La défaite (1-0) lors de la 1re journée de la phase de poules ne reflétait en rien la valeur réelle du collectif assemblé par Carlos Queiroz. Un peu moins de quatre semaines plus tard, l’Egypte s’apprête à disputer face à un Sénégal sûr de ses forces une finale de CAN promise au Cameroun et à l’Algérie. Mais les pronostics d’hier ont été contrariés par la réalité du terrain.
A quelques heures de cette apothéose continentale, le Sénégal – qui n’a encore jamais remporté la CAN et reste sur deux échecs en finales, 2000 et 2019 – part avec le statut de favori. Logique en vérité puisqu’il est toujours vice-champion d’Afrique depuis la finale du Caire perdue 1-0 contre l’Algérie. Invaincu depuis le début de la 33e CAN (1-0 vs Zimbabwe, 0-0 vs Guinée et Malawi, 2-0 vs Cap Vert, 3-1 vs Guinée Equatoriale et Burkina Faso), ce Sénégal a fait preuve d’une grande discipline collective, et surtout d’une solidité défensive exceptionnelle. Deux buts encaissés seulement. Avec Sadio Mané, auteur de trois buts et deux passes décisives, il possède un atout considérable.
L’Egypte n’est pas en reste : victoires 1-0 contre le Soudan et la Guinée Bissau, 2-1 contre le Maroc, 0-0 vs Côte d’Ivoire et Cameroun, elle n’a encaissé que deux buts, lors de son 1er match vs Nigeria et un en quart contre le Maroc, sur penalty. Son point faible : son incapacité à marquer. Quatre buts en six rencontres, c’est peu, d’autant que les Lions de la Teranga, eux, ont retrouvé l’efficacité (8 buts en 3 matches dans la deuxième phase du tournoi).
On peut d’ores et déjà avoir une idée du plan imaginé par Aliou Cissé, le sélectionneur du Sénégal. Bloquer Mohamed Salah, c’est tout simplement couper le circuit offensif des Pharaons. Un circuit que l’on sait grippé et qui perdrait encore un peu plus d’énergie si le capitaine égyptien est pris en tenailles, comme il le fut par le Camerounais Nouhou Tolo lors de la demi-finale de jeudi.
L’Egypte, à la différence du Sénégal qui est en capacité d’aligner sa meilleure équipe possible, a dû recomposer match après match sa défense. Elle ne comptera qu’un seul authentique titulaire au coup d’envoi, le latéral gauche Fotouh. Excellent depuis qu’il joue, le gardien Abo Gabal était la doublure d’El-Shennawy ; Omar Kamal le latéral droit n’a rien à voir avec Akram Tawfik blessé ; Ahmed Hegazy a cédé sa place dans l’axe à El Wensh ; enfin Abdelmoneim a chipé le poste à Ayman Ashraf.
Si l’on se projette sur ce que le Sénégal a produit ces trois derniers matches, et surtout cette capacité à très bien finir ses rencontres, les Lions de la Teranga méritent leur statut de favoris. Sadio Mané (3 buts, deux passes décisives) est leur chef d’orchestre et la colonne vertébrale Edou Mendy- Kalidou Koulibaly-Gana Gueye tient la route.
L’Egypte, elle, part avec plusieurs handicaps. Une défense recomposée, on l’a vu. Un sélectionneur expulsé en demie et qui manquera la finale et le barrage aller (contre le Sénégal). Une incapacité à marquer. Un jour de récupération en moins par rapport à son adversaire qui a joué le mercredi. Elle sait en revanche étirer les matches, comme contre les Ivoiriens en huitièmes, le Maroc en quart et le Cameroun en demie. Une tendance épuisante puisqu’elle a joué un match supplémentaire d’une certaine façon (trois fois trente minutes) que le Sénégal.
A quelques heures de cette affiche inédite – pour une finale – on espère que le match ne ressemblera pas à ces finales passées si fermées, souvent stériles en occasions de buts. Au contraire ! On espère que Lions et Pharaons offriront un spectacle à la hauteur de l’évènement. Soyons lucide : l’Egypte n’en a pas les moyens. Le Sénégal, habité par cette rigueur et cette discipline qui le caractérisent, ne partira pas à l’abordage. Le match risque donc de tourner à la bataille tactique, alors que le public attend un récital entres solistes avec Sadio Mané face à son ami Mohamed Salah…
@Frank Simon