Auteur d’un match remarquable (un but, une passe décisive), le capitaine des Pharaons a permis à son équipe de s’imposer (2-1) aux dépens d’un Maroc qui menait pourtant au score. Prochaine étape : le Cameroun en demie.
Depuis le début de la CAN, on s’inquiétait. Enfermé dans son couloir droit, le gaucher de Liverpool affichait des prestations souvent en-deça de son immense potentiel. Considéré, avant son départ pour le Cameroun, comme le meilleur joueur du monde – en tout cas pour son entraîneur Jürgen Klopp – il a rejoint en cours de route sa sélection. Une équipe fatiguée, aux joueurs épuisés par l’absence de repos. Ligue des champions avec le Ahly, éliminatoires CAN et CDM 2022, Jeux Olympiques de Tokyo, Coupe arabe des nations au Qatar… Bref, Moh Salah n’était plus lui-même. Après la défaite contre le Nigeria où il fut transparent, on l’a un peu retrouvé contre la Guinée Bissau. Décisif et buteur. De nouveau moins en verve contre le Soudan. Et puis, il y a eu le huitième de finale de Japoma contre les Ivoiriens. Où Salah a repris sa baguette de chef d’orchestre. Il aurait pu marquer ou faire marquer. C’est finalement lui qui a transformé le tir au but décisif. Dimanche après-midi à Yaoundé, face à ce Maroc auquel les pronostics offraient déjà la tête de l’Egypte, le capitaine des Pharaons a pris ses responsabilités. Dans le jeu. Et c’est grâce à lui si l’Egypte a fini par renverser le Maroc (2-1 après prolongation).
Tout avait pourtant bien mal commencé pour son équipe. Achraf Hakimi, lancé dans son couloir droit était fauché dans la surface de réparation par Ayman Ashraf. Après vérification VAR, l’arbitre accordait un penalty aux Lions de l’Atlas que Sofiane Boufal s’empressait de convertir (1-0, 7e). Après ce but précoce, le Maroc se mettait à gérer son avantage. L’Egypte, elle, poussait et plusieurs frappes cadrées, par Ahsraf (19e) ou Fatouh (24e) obligeaient Bounou à sortir le grand jeu. Hakimi obtenait un coup franc direct axial, qui envoyait hors du cadre. Le Maroc bouclait cependant sa première période avec un but d’avance, sans avoir vraiment impressionné.
Au retour des vestiaires, et malgré la sortie de Hegazy blessé, remplacé numériquement par Trezeguet – une entrée qui devait avoir son importance, on le verra plus tard – l’Egypte repartait au combat. Et sur un corner frappé de la gauche par Marmoush, Abdelmoneim reprenait de la tête au point de penalty. Bounou, d’un réflexe, détournait le ballon sur Mohamed Salah, qui ne se faisait pas prier pour égaliser (1-1, 53e). Le Maroc, vexé, essayait de reprendre l’avantage, de façon désordonnée. Soufiane Rahimi, numéro un du CHAN 2020 au Cameroun (et meilleur buteur) entrait à la place d’un Boufal fatigué (66e). Le Maroc se créait enfin une superbe opportunité sur un centre d’Amallah repris de la tête par Aguerd. Abo Gabal, le gardien détournait le ballon sur sa transversale au prix d’une superbe envolée, mais se déchirait la cuisse (81e).
Il tenait cependant jusqu’au terme du temps réglementaire. Et même au-delà, puisqu’il ne sortait qu’à la 96e minute, en prolongation, remplacé par un gamin inconnu, Mohamed Sobhy (22 ans). L’Egypte, elle, repartait de plus belle à l’attaque, convaincue que ce Maroc pouvait craquer. Justement, Ahmed Zizo, dans le couloir droit, lançait Moh Salah. Ce dernier se jouait de Masina puis de Saïss, entrait dans la surface de réparation et délivrait une passe au second poteau pour Trezeguet. Ce dernier taclait le ballon au fond des filets de Bounou, devançant Hakimi (2-1, 100e).
Halilhodzic, au pied du mur, lançait Aboukhlal et Tissoudali pour tenter d’arracher l’égalisation lors de la deuxième partie de la prolongation. Le Maroc prenait tous les risques, jouant même les derniers coups francs et corners avec Bounou en attaquant supplémentaire. Sur un contre à la 120e+1, Salah était même à quelques centimètres d’inscrire le troisième but des siens, mais ratait le cadre… Coup de sifflet, enfin, et délivrance pour l’Egypte. Condamnés avant même la CAN alors qu’on leur prédisait une sortie après trois matches, les Pharaons ont réussi un nouveau coup d’éclat. Ils intègrent le dernier carré. Jeudi ils affronteront le Cameroun, grand favori de sa CAN. L’autre demie opposera le Sénégal, vainqueur de la Guinée Equatoriale (3-1) au Burkina Faso tombeur de la Tunisie. Qui aurait pu prédire que, de toutes les sélections du monde arabe, l’Egypte serait la dernière en lice le 3 février ?
Voici les onze entrants alignés :
Egypte : Abo Gabal – Abdelmoneim, Hegazy, Ashraf – Omar Kamal, El-Neny, El-Souleya, El-Fatouh – Salah, Mohamed, Marmoush.
Maroc : Bounou – Hakimi, Saïss, Aguerd, Masina – Amrabat, Amallah, Barkok – El-Haddadi, En-Nesyri, Boufal.
@Frank Simon