Ayoub Abdellaoui, le défenseur axial de l’équipe olympique algérienne est l’un des hommes de base du groupe formé par le sélectionneur Pierre-André Schürmann. Il forme avec le néo-montpelliérain Ramy Bensebaini une charnière centrale prometteuse. Au lendemain de la qualification de l’Algérie à la phase finale de la CAN U23, le joueur de l’USM Alger a accepté de faire avec nous un premier bilan d’une campagne africaine qui ne fait que commencer. Selon lui, on ne pourra parler de réussite que si le jeunes Fennecs arrivent à valider leur billet pour les Jeux olympiques de Rio en terminant au moins sur le podium en décembre prochain à Dakar.
C’est fait ! Vous êtes en phase finale de la CAN. Heureux, bien sûr ?
Très heureux. C’est le résultat de longs mois de travail et de beaucoup de sacrifices individuels et collectifs. C’est aussi la première étape d’un grand projet
Avez-vous fêté l’événement avant de vous séparer ?
Bien sûr. Mais modérement. La fête a commencé dans les vestiaires. Puis, nous l’avons poursuivi dans le bus qui nous ramenait de Blida. Avec l’ensemble du staff technique, le président de la Fédération, les représentants de tous les clubs ayant un joueur en sélection. Ce fut un beau moment de solidarité.
Contre la Sierra Leone, l’Algérie a présenté deux visages. Lors du premier match vous aviez été bons et plein de maîtrise. Mais vous avez été laborieux lors du deuxième rendez-vous…
La plus tension était concentrée sur le premier match. On savait que nous étions dans l’obligation de gagner et surtout de ne pas prendre de but. L’équipe était appliquée, très concentrée sur ce qu’elle faisait. Cela a marché. Inconsciemment, lors de la deuxième manche, nous avons joué avec le frein à main. Nous avons bien défendu. Quand je dis bien défendu, je pense à l’équipe. D’un autre côté, nous avions conscience que la Sierra Leone n’avait plus rien à perdre et qu’elle allait nous bousculer. C’est ce qu’elle a fait. Mais l’important était la qualification et nous l’avons obtenue.
On a l’impression que vous avez souffert physiquement. Le manque de compétition et de temps de jeu de certains? Le Ramadan ?
Oui, nous avons souffert. Nous sortions d’un long stage ou nous avions beaucoup travaillé. Et puis, le Ramadhan a eu son effet aussi. La chaleur, le fait de ne pas boire durant toute la journée et de se rattraper le soir avec des boissons énergétiques. C’est un mois très particulier pour un sportif de haut niveau. La nourriture, le fait de veiller .Toute cela change un peu la donne. Même mentalement, il peut y avoir de l’usure. La baisse de regime est normale, Nous avons passé une longue période loin de nos familles. Même les jours de l’Aid el Fitr nous étions à Sidi Moussa. Cela c’est sans doute vu lors du deuxième match de qualification.
Le sélectionneur national avez fait le même constat lors du deuxième match amical face au Sénégal …
Oui, c’était aussi vrai pour ce match. Mais je sais que le coach était égalemen conscient de la particularité de la situation.
Personnellement, vous avez assuré dans l’axe defensif. Avec Ramy Bensebaini, cest la grande entente..
(Un peu gêné) . C’est toute l’équipe qui a fait un remarquable travail defensif et pas seulement la charnière centrale. Cela dit, entre Ramy ( Bensebaini) nous avons bien travaillé. Pourtant, c’était notre premier match officiel ensemble. On avait disputé un match amical avant. C’est tout. Mais on se connait bien depuis qu’on est en sélection. On s’apprécie. On échange beaucoup sur et en dehors du terrain. Et bien c’est tant mieux si cela s’est vu.
C’est la future charnière de l’Equipe A ?
(Toujours gêné). C’est vous qui le dites. Ce que je sais, c’est que nous allons continuer à bosser dur et à nous améliorer. Et si un jour notre tour vient, on le prendra. Le sélectionneur des A, Christian Gourcuff, est venu nous voir lors du premier match et a félicité toute l’équipe. Il nous a répété qu’il avait vu du potentiel et nous a conseillé de continuer à bien travailler. Cela nous a fait vraiment plaisir.
Un certain nombre de sélectionnés n’est pas titulaire en club (dont vous ), cela peut-il devenir un souci? Le coach a-t-il abordé le sujet avec vous?
Oui. Il nous a demandé de faire le maximum pour gagner notre place dans nos équipes respectives.
Est-ce que le groupe qui a assuré la qualification est fermée ou vous pensez que d’autres peuvent vous rejoindre avant la CAN ?`
Les portes de la sélection sont ouvertes. Si un jeune se fait remarquer dans les prochains semaines ou mois, il est certain que le staff ne se privera pas de l’appeler. Disons, cependant, qu’un noyau dur existe et que la construction se fera certainement autour.
Vous n’êtes pas inquiet à titre personnel ? L’USM Alger carbure avec des résultats remarquable et vous n’êtes pas de l’aventure pour le moment?
Etant avec l’équipe nationale, une priorité, je n’ai pas participé au stage d’avant saison au Maroc. Maintenant, j’ai retrouvé l’équipe. Je vais me mettre au travail et à force j’aurais ma chance. L’USMA a de nombreuses échéances cette saison. Je ne suis pas inquiet. Avec ma polyvalence, je pourrais dépanner. Je ferai tout pour m’imposer au sein d’un effectif de grande qualité.
Vous connaissez la suite du programme de l’équipe olympique jusqu’à décembre ?
Pas pour le moment. Je pense que l’on ne tardera pas à nous donner la feuille de route concernant les stages et les matches de préparation.
Parlez nous de l’ambiance au sein du groupe. Cela fait un bon bout de temps que vous travaillez ensemble…
Elle est excellente. Depuis le temps que l’on se retrouve en stage avec la sélection on a appris à se connaître, Il y a de la fraternité et de l’amité. C’est un bon groupe.
Avant les deux matches contre la Sierra Leone vous aviez reçu la visite du président de la FAF Mohamed Raouraoua : est-il revenu vous voir après la qualification? Et que vous-a-t-il dit ?
Il a toujours été derrière nous. Lors du premier match, il avait apprécié notre performance et nous avait félicité. Pour la deuxième manche, il nous a félicité également, mais il nous a demandé de mieux faire la prochaine fois et de ne pas nous relâcher si l’on veut réussir quelque chose de grand lors de la phase finale.
Vous connaîtrez les sept adversaires potentiels dans une semaine. Des équipes comme l’Egypte, la Zambie, le Mali, le Maroc… ont pris une option. Avez-vous une preference: Afrique de l ‘ouest, Maghreb …
Absolument pas. Nous disputons une compétition africaine et nous devons nous adapter à tous les styles. Nous devons être capables de répondre à toutes les oppositions si nous vous voulons aller au bout de notre rêve.
L’objectif reste une place sur le podium pour assurer la qualification au JO 2016 où bien vous irez à Dakar sans aucune pression ?
(Ferme) L’objectif affiché, c’est un billet pour les Jeux olympiques de Rio. Il faudra être au moins sur le podium. La mission est claire. Tout autre résultat sera considéré comme un échec.
La FAF a décidé d’interdire le recrutement de joueurs étrangers à partir du prochain mercato. Que vous inspire cette décision?`
(Il hésite). Ce sera une bonne chose, si cela peut permettre de libérer des places pour de jeunes joueurs. D’un autre côté, si des clubs ont les moyens de faire venir des joueurs étrangers de qualité qui amènent un plus à notre championnat, pourquoi les en empêcher. (Il insiste). Mais il faut que les recrues soient vraiment au-dessus qualitativement. Il faut le dire, il y en a beaucoup qui viennent prendre l’argent et c’est tout.
Pour finir, l’USM Alger nage dans le bonheur en Ligue des Champions, vous pensez que cela va continuer? Qu’est ce qui a changé depuis la fin de la saison dernière où le club a failli être rétrogradé?
(Enthousiaste) Ce qui arrive au club est extraordinaire. Nous avons un pied en demi-finale de la Champions League. C’était l’objectif de départ. Ce qui a changé ? un gros travail a été fait par le staff et tout le club. Le stage au Maroc a payé. Il y a un nouvel état d’esprit. J’espère que nous allons continuer à avancer.
Propos recueillis par Fayçal CHEHAT