A quelques heures de la demi-finale de CAN entre Super Eagles et Fennecs, 2022mag propose un petit retour en arrière sur deux finales continentales qui ont opposé les deux pays… dans un autre siècle.
1980, dans l’enfer de Surulere
Ah, Surulere… Lorsqu’on prononce le nom de l’ancien stade national du Nigeria, situé dans la capitale d’alors (Lagos), il n’est pas un Algérien qui ne frissonne en évoquant ce que fut la terrible finale de la CAN 1980. Un tournoi géré parfaitement au 1er tour par le binôme Mahieddine Khalef-Zdravko Rajkov. Après un match nul contre le Ghana, champion sortant (0-0) à Ibadan, la base de l’ Algérie, les Fennecs remportent, à la toute dernière minute, leur match suivant, un derby du Nord, contre le Maroc (1-0). Littéralement à la dernière minute puisque Lakhdar Belloumi, « l’émir de Mascara », inscrit le but à la 90e ! Les Verts terminent par un succès (3-2) aux dépens de la Guinée après avoir mené 3-0. Opposée à l’Egypte en demie, l’Algérie réussit à son tour une remontada. Menée 2-0 en début de seconde période, elle revient au score par Salah Assad (55e, s.p.) puis Hocine Benmiloudi (62e). El Khadra s’imposera aux tirs au but (4-2) pour s’offrir la première finale de CAN de sa jeune histoire. Face à elle, le pays hôte, grand favori, ce 22 mars dans la fournaise de Surulere.
L’Algérie a pour elle d’avoir bataillé dans une poule relevée et surtout d’avoir écarté des équipes comme le Maroc, le Ghana et l’Egypte. Mais, ceux qu’on appelle encore les « Green Eagles » sont bien décidés à faire la différence, et vite ! Dès la 2e minute, Segun Odegbami marque pour le Nigeria, à la réception d’un corner d’Amesiemaka. Un geste parfait : amorti de la poitrine et reprise en pivot dans la lucarne…
Loin de s’effondrer, l’Algérie part en contre et frappe même le poteau, dans les deux minutes qui suivent. A mesure que le match avance dans le temps, les débats s’équilibrent. Le Nigeria a beau avoir l’avantage, il a bien du mal à s’approcher du but adverse et l’Algérie joue crânement sa chance en dépit de son but de retard. Jusqu’à la 42e minute. Odegbami, qu’on surnomme Mathematical, réceptionne une déviation d’Atuegbu et bat de près Cerbah (2-0). A la pause, les Fennecs se remotivent. L’idée est de réduire rapidement la marque pour faire douter ce Nigeria devant son public.
Ce scenario ne se produira pas. En début de seconde période Owolabi envoie un tir canon que Cerbah ne peut maîtriser. Lawal, qui a suivi, inscrit le troisième but des siens (3-0, 52e). L’Algérie ne reviendra pas… Un an plus tard, les Algériens éliminent ce même Nigeria lors du dernier tour continental de qualification à la Coupe du monde 1982 (2-0, 2-1). La gifle de Surulere a été digérée, et le monde s’apprête à découvrir une Algérie joueuse et décomplexée…
La feuille de match
NIGERIA – ALGERIE : 3-0 (2-0). Arbitre : M. Tesfaye (ETH). Buts : Odegabami (2e, 42e), M. Lawal (50e).
NIGERIA : Ogedegbe – Adiele, Chukwu, Lawal, Bamidele – Atuegbu, Odiye, Owolabi – Isima, Odegbami, Amesiemaka. Entr.: Gloria (BRE).
ALGERIE : Cerbah – Merzekane, Horr, Kheddis, Kouici – Mahyouz, Fergani, Belloumi – Bensaoula (Madjer), Benmiloudi (Guemri), Assad. Entr.: Khalef/ Rajkov.
1990, le chef d’oeuvre d’Oudjani
Dix ans après la finale perdue de Lagos, l’Algérie se présente en immense favorite de la CAN qu’elle accueille. Elle fait valoir deux qualifications en Coupe du monde (1982 et 1986) mais aussi deux 3e place, en 1984 puis 1988 à la CAN. Surtout, elle a écrasé le Nigeria (5-1) lors du match d’ouverture, le 2 mars, au stade du 5-juillet avec un Rabah Madjer en forme stratosphérique.
La Côte d’ivoire (3-0), l’Egypte (2-0) puis le Sénégal en demie (2-1) subissent la loi impitoyable de la formation dirigée par Abdelhamid Kermali. La voici donc en finale de sa CAN, le 16 mars, dix ans après l’échec de Surulere. Le Nigeria, qui entre temps, a réussi à redresser la barre après sa défaite initiale, est bien décidé à laver l’affront du match d’ouverture. Mais cette équipe est privée de cadres (Stephen Keshi, Etim Esin, Samson Siasia, Augustin Eguavoen) que le coach batave Clemens Westerhof a refusé d’emmener en Algérie… L’équipe ne compte que trois pros : Yekini, Adesina et Andrew Uwe.
En dépit d’un onze de départ affaibli donc, le Nigeria a pour lui sa motivation. Mais elle va vite se heurter à une Algérie qui n’a pas l’intention de lui abandonner sa chance de remporter sa première CAN. Une finale, ça se gagne et les Fennecs livrent un vrai combat face à ce Nigeria accrocheur. A la 38e minute, Chérif Oudjani expédie une superbe frappe enroulée hors de portée d’Agu (1-0). Son deuxième but dans le tournoi, après celui marqué contre la Côte d’Ivoire, sera le seul de cette finale très disputée. L’Algérie est reine d’Afrique, enfin ! Depuis cette date, elle n’a plus jamais eu l’opportunité de jouer pour le titre. Mais la génération 2019 pourrait lui en offrir l’opportunité, à condition de battre ce Nigeria qu’elle connaît bien, puisque les Super Eagles faisaient partie du même groupe éliminatoire de CDM 2018, dont ils étaient d’ailleurs sortis en tête pour disputer le Mondial en Russie…
La feuille de match
ALGERIE – NIGERIA : 1-0 (1-0). Arbitre : M. Diramba (GAB). But : Oudjani (38e). 100 000 spectateurs.
ALGERIE : Osmani – Aït Abderrahmane, Megharia, Serrar, Benhalima – Amani, Chérif El-Ouazzani, Saïb, Madjer – Oudjnai (M. Rahim), Menad. Entr. : Kermali.
NIGERIA : Agu – Semitoje, Okechukwu, Anijekwu, Ogunlana (Amokachi) – Adesina, Uwe (Abdu), Oliha, Kpakor – Yekini, Elahor. Entr. : Westerhof.
@Samir Farasha