La mise entre parenthèse du football dont on ne connait pas la durée a réduit l’information factuelle comme peau de chagrin. 2022mag. va en profiter pour offrir à ses lecteurs quelques pages de la grande histoire du football arabe. À consommer sans modération. Aujourd’hui, retour sur le premier et dernier sacre continental du MC Alger.
Depuis la victoire de la sélection nationale aux Jeux méditerranéens d’Alger face à la France (3-2), le football algérien est sur un nuage. En 1976, le Mouloudia d’Alger décide de prolonger la fête en remportant la Coupe d’Afrique des clubs champions à l’issue d’un parcours exceptionnel. Le premier tour de la compétition offre a la formation dirigée par Hamid Zouba le Ahly de Benghazi, un adversaire respectable mais certainement pas un foudre de guerre. Pourtant les Vert et Rouge ont souqué ferme pour se qualifier. Battus par trois buts à deux en terre libyenne, la bande à Bachi passe au tour suivant par un trou de souris grâce à un succès heureux (3-1). Comme pour tester leur capacité à rebondir, le sort leur réserve la redoutable équipe égyptienne du Ahly du Caire Au vu du score enregistré au en Egypte, l’élimination semble irrémédiable face au triple champion d’Afrique.
Pourtant, a Alger, devant plus de 50 000 supporters chauds comme la braise, le Mouloudia réussit à renverser la vapeur. Evoluant comme dans un rêve, le champion d’Algérie balaye une formation égyptienne décontenancée. Betrouni, Bachi, Draoui et surtout l’élégant numéro 10, Ali Benchiekh, donnent le tournis aux Egyptiens. Jamais jusqu’alors une équipe algérienne n’avait joué aussi bien, aussi vite et aussi juste. Sous la houlette de Zouba, les “Chnaouas “ ont pratiqué un jeu collectif chatoyant, élaboré, à une touche de balle. Un jeu qui rappellle beaucoup celui pratiqué par l’équipe nationale estampillée Rachid Mekhloufi. La maturité en plus. L’addition est lourde pour le Ahly (3-0).
L’entraîneur des Reds, le Hongrois Hidegkuti, qui en avait vu d’autres pourtant, se montre fasciné par la performance des Algérois: “Je ne comprends pas, ce Mouloudia est vraiment excellent, s’extasie-t-il devant les micros des journalistes, sa prestation m’a rappelé le football de rêve que j’ai toujours aimé voir;”. Malgré l’art et la manière utilisés pour remporter cette première manche, certains craignaient l’effondrement au match retour. Ils avaient tort. Au Caire devant un public chauffé à blanc, le Mouloudia d’Alger fait mieux que résister. Son gardien de but, Kaoua, sort une prestation de derrrière les fagots et ne cède que sur un penalty magistralement transformé par le soliste Mahmoud El Khatib. Au sortir de cette double confrontation, les Mouloudiens comprennent que plus rien ne peut les arrêter sur le chemin du titre.
En quart de finale les Kenyans de Luo Union ne font pas le poids. Les Mouloudéens s’amusent lors du match aller (6-4) grâce notamment à deux doublés signés Bousri et Bencheikh avant de confirmer leur supériorité à Mombasa (1-0). Au tour suivant, c’est un plus gros morceau que les Algérois doivent avaler, l’Enugu Rangers. Malmenés et battus (0-2) à Lagos, ils réalisent un sacré tour de force à Alger. Devant les 46 427 inconditionnels du stade du olympique du 5 juillet, le MCA balbutie toute une mi-temps (0-0) et le gardien nigérian, Okala, retarde longtemps l’échéance. Après la pause, c’est la métamorphose. Le doyen des clubs algériens retrouve du liant et de l’efficacité. D’entrée Bellemou fusille Okala. C’est l’affolement dans la défense nigériane. Adimoa, Niwabel et Chikuru perdent le fil du match devant la maîtrise technique des Vert et Rouge. Puis, Zénir (50e) et Bousri (77e) délivrent le public. Le stade immense est noyé sous les fumigènes et les clameurs.
La finale doit opposer le MCA à la terreur du moment: le Hafia Conakry, double vainqueur de l’épreuve en 1972 et 1975. Le match aller en Guinée est un naufrage. Fébrile, le MCA est balayé (3-0). Mais il était dit que l’année 1976 était celle des miracles pour Bousri et consorts. Le 18 décembre, les deux équipes s’affrontent dans un combat farouche. Le stade olymùpique est plein à craquer (80 000 spectateurs). Les hommes de Zouba remontent rapidement deux buts de retard. Le troisième arrive au bout de la nuit et des arrêts de jeu grâce au génial Omar Bétrouni. C’est a la suite d’une séance de tirs au but haletante que le MCA remporte son premier (et seul) titre continental.
– La campagne victorieuse du MC Alger
MCA – Ahly Benghazi ( Libye), 3-1, 2-3); MCAlger – Ahly du Caire 0 (Egypte), 3-0, 0-1; MC Alger – Union Mombasa (Kenya), 6- 3, 1-0; MC Alger- Enugu Rangers (Nigeria), 0-2, 3-0. MC Alger- Hafia Conakry (Guinée), 3-0, 0-3, 4 tab à 2.
Bilan : 6 victoires, 4 défaites, 21 buts inscrits, 13 encaissés.
– Le onze de la finale
Kaoua, Aït Mouhoub, Zemmour, Azzouz, Mahyouz, Zénir, Bencheikh, Bachi, Bousri, Bachta, Bellemou (Aït-Hamouda). Entraîneur: Hamid Zouba.
@Fayçal CHEHAT