Ce soir du 17 décembre 1988, les Aigles Noirs de l’ Entente de Sétif ont des raisons d’être fiers. Toute l’Algérie du football a salué leur victoire éblouissante devant les Nigerians d’Iwuanyanwu (4-0) en finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Un match disputé à Constantine dans un stade du 17 juin plein comme un oeuf. Dans le froid et sous des pluies torrentielles. Ils viennent de réaliser l’un des plus grands exploits des coupes d’Afrique des clubs et ils le savent. Grâce à eux, l’Algérie renoue avec le succès au niveau international. Rétrogadés en seconde division quelques mois plus tôt, sur un malheureux concours de circonstances, ils auraient pu s’enfoncer dans la détresse, plonger dans l’anonymat et le doute. Au contraire, puissant leur énergie dans une volonté exceptionnelle, les Aigles Noirs ont bataillé ferme, écarté de leur chemin un a un les pièges pour arriver au bout d’une merveileuse aventure. C’est toujours dans la difficulté que se construit et se vérifie la grandeur. Sétif en a administré la preuve.
Mais en cette année 1988, les Sétifiens n’ont pas que la volonté à faire valoir. Ils possèdent des qualités techniques et physiques de tout premier ordre. Les individualités telles Zorgane, Adjissa, Bendjaballah, Serrar, Osmani voire Doudou représentent san doute ce qu’il y a de meilleur en Algérie. Le parcours des hommes du duo Arribi – Khalfa a été époustouflant. L’ouverture de la compétition continentale eut lieu en Tunisie. Défaits de justessse à Sousse par l’Étoile du Sahel (1-2), les Sétifiens renversèrent la situation quinze jours plus tard dans leur chaudron du 8 mai 1945 en l’emportant 2-0. Au second tour, alors qu’ils vivaient des moments délicaits en championnat de première division, les coéquipers de Rahmani s’en allèrent chercher un nul encourageant face au Stade Malien (1-1) à Bamako avant d’allumer un vrai feu d’artifice (4-0) dans la capitale des hauts plateaux.
Brillant en coupe d’Afrique, Sétif brûle en championnat. L’Entente avait accumulé de nombreux matches en retard. Ce qui lui imposait un calendrier démentiel. Sans moyens de récupération dignes d’une équipe de haut niveau, Sétif ne pouvait tenir la cadence sur les deux fronts.Le verdict tomba lors de la dernière journée de championnat à l’occasion d’un match à l’intensité dramatique face au Mouloudia d’Alger. Un des deux géants devait céder sa place parmi l’élite. Ce fut l’Entente de Sétif. Un vrai drame dans ce bastion historique dont les fans brûle d’une passion inégalée pour le football.
La volonté de montrer qu’ils ne méritaient pas cette relégation dans l’enfer de la seconde division va galvaniser les Sétifiens en coupe d’Afrique. L’ESS repartit en septembre avec l’envie de tout casser. Dans la foulée, Zorgane et sa bande renvoyèrent à leurs chères études les Gabonais du FC 105 en quart de finale et surtout la prestigieuse formation d’Al Ahly en demi-finale. Avant d’atomiser dans des condiions climatiques excécrables les Nigerians d’Iwuanyanwu (4-0) lors de la finale retour. Un exploit payé, on l’a vu, au prix fort. Mais ce Sétif qui a plané sur l’Afrique en 1988 a fini par retrouver l’élite algérienne au mois de juin 1989.
Le parcours de l’ES Sétif
Seizièmes de finale
ES Sahel 2 ES Sétif 1 ; ES Sétif 2 ES Sahel 0
Huitièmes de finale
Stade Malien (Mli) 1 ES Sétif 1 ; ES Sétif 4 Stade Malien 0
Quarts de finale
FC 105 (Gab) 3 ES Sétif 1; ES Sétif 3 FC 105 0
Demi-finales
ES Sétif 2 Al Ahly (Eg) 0 ; Al-Ahly 2 ES Sétif (ESS aux tirs au but)
Finale
Iwuanyanwu (Nga) 1 ES Sétif 0 ; ES Sétif 4 Iwuanyanwu 0
Les chiffres du parcours
5 victoires, 1 nul, 4 défaites, 18 buts inscrits, 9 concédés.
Buteurs
Adjissa (4), Bendjaballah (3), Rahmani (3), Zorgane (2), Rais (1), Bendjaballah II (1), Rahmouni (1), Uwe (Iwuanyanwu, csc).
Les Champions d’Afrique
Osmani, Nabti, Adjas, Bernaoui, Serrar, Boulahdjilet, Rais, Bendjaballah, Zorgane, Rahmani, Adjissa, Doudou, BendjaballahII, Ghérib, Kessai, Rahmouni, Bourahla. Entraîneur : Arribi et Khalfa.
@Fayçal CHEHAT