C’est probablement l’une des plus grosses sensations, pour ne pas dire surprises, de ces dix dernières années en Ligue des champions d’Afrique.
Vainqueur de la (désormais défunte) Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 2003 puis de la Coupe de la Confédération en 2006, l’Etoile du Sahel entre en Ligue des champions avec de grosses ambitions. Le club de Sousse n’a jamais remporté le trophée, contrairement à ces rivaux nationaux que sont l’Espérance de Tunis et le Club Africain. Et quelques mois auparavant, le CS Sfaxien s’est cassé les dents en finale sur le cador cairote du Ahly.
En seizièmes de finale, les Etoilés dominent aisément les Guinéens du Fello Star (1-0, 4-1). De même, ils franchissent le cap des huitièmes sans trop peiner face à Maranatha, le représentant togolais (0-0, 3-0). Voici donc la formation dirigée par le Français Bertrand Marchand dans le top 8. Son groupe est exclusivement composé de clubs arabes et nord africains : l’Ittihad Tripoli (LBY), les FAR de Rabat (MAR) et la JSK (ALG). L’Etoile réalise un quasi sans faute : elle termine en tête devant l’Ittihad Tripoli (11 points contre 10), qui sera la première équipe à la faire chuter, fin août 2007. Dans le groupe B, le Ahly du Caire, champion 2005 et 2006 s’est facilement porté en tête. En demies où quatre représentants arabes et nord africains se retrouvent, l’Etoile se débarrasse très difficilement des Soudanais du Hilal Omdurman (1-2, 3-1). Le Ahly, lui aussi, est à la peine face au Libyens de Tripoli (0-0, 1-0).
Voici donc arrivée la grande finale, entre le grand Ahly de Flavio et Aboutreika, et l’Etoile du Sahel de Mohamed Amine Chermiti. L’Etoile dispute sa troisième finale de C1 en quatre ans : battue pare Enyimba (NGA) en 2004, elle s’est inclinée contre le Ahly en 2005. Autant dire que cette double confrontation prend les allures d’une revanche, même si les Egyptiens partent favoris face à une équipe qu’ils ont surclassée (0-0, 3-0) en 2005.
La finale aller à Sousse est, sans surprise, très serrée : les deux cadors se craignent autant qu’ils se respectent et aucun n’est prêt à se livrer totalement (0-0). Bertrand Marchand sort pourtant du match frustré puisque les Etoilés se sont procurés des occasions, et qu’ils ont dominé les débats, à défaut de marquer. Quinze jours plus tard, le 9 novembre, les deux adversaires se retrouvent au Caire. L’Etoile n’a pas le choix : elle doit jouer et marquer la première. C’est justement Afouène Gharbi qui ouvre la marque en fin de première période (46e) face au gardien légendaire El Hadary alors que son équipe est pressée. Au retour des vestiaires, le Ahly va pourtant égaliser par l’intermédiaire d’Imad Al Nahhas (50e). L’Etoile ne recule pas : au contraire, les Tunisiens se jettent de plus belle à l’assaut du but ahlaoui.
Le tournant du match intervient à l’heure de jeu : le buteur Al Nahhas est expulsé pour une faute sur Chermiti, en position de dernier défenseur. Aidée par cet avantage numérique, l’Etoile accentue sa domination dans le jeu, tandis que le Ahly doit absolument se livrer et marquer un deuxième but pour s’imposer. Alors que l’on semble se diriger vers un match nul qui sacrera l’Etoile, Chermiti offre un deuxième but à l’Etoile dans les arrêts de jeu ! Le Ahly n’a d’autre choix que de se jeter à l’attaque, dans les dernières secondes, afin d’espérer égaliser, voire mieux… Le club cairote est cependant puni quelques secondes avant le coup de sifflet final par un troisième but étoilé, signé Mohamed Ali Nafkha (90+5). C’est terminé, l’ESS s’impose 3-1 au Caire, chez le champion sortant, auquel elle ravit la couronne ! Chermiti, son goleador, termine deuxième buteur (8) de la compétition derrière le Congolais Trésor Mputu Mabi (9 buts).
A peine le temps de souffler que l’Etoile part au Japon représenter l’Afrique à la Coupe du monde des clubs. Et ses ambitions, là aussi, sont grandes ! L’Etoile, sur sa lancée de la finale, domine les Mexicains de Pachuca (1-0) en quart. Mais ils chutent face à un géant sud-américain, le Boca Juniors (1-0, ARG) non sans avoir démérités. Finalement, l’Etoile termine quatrième de cette édition.
Ce succès historique ne sera pas accompagné d’autres triomphes en Ligue des champions. L’année suivante, l’Etoile est éliminée sans gloire au stade des huitièmes par les zimbabwéens du Dynamos de Harare (1-0, 1-0). Le Ahly, de son côté, reprend sa course effrénée au titre. Le club sera encore sacré en 2008, 2012 et 2013 et il demeure à ce jour le plus titré en C1 avec huit victoires. L’ESS, elle, n’a plus jamais atteint la finale de la C1…
@Samir Farasha