Qualifiés pour les quarts de finale du CHAN 2018 après leurs deux victoires contre la Guinée (2-1) puis la Mauritanie (1-0), les Soudanais confirment la bonne santé d’une football local performant au niveau des compétitions continentales.
Avec son crâne chauve, ses petites lunettes rondes et son sourire permanent, Zdravko Logarusic a des airs de Gandhi européen. La voix du sélectionneur croate des Soudanais est douce et posée, elle respire la sérénité. Cette même sérénité qui accompagne le Soudan à chacune de ses sorties dans ce CHAN. A la veille de son dernier match de poule contre le Maroc, qui décidera de la première place de ce groupe A puisque les deux pays sont déjà qualifiés pour les quarts, le Soudan respire un peu mieux depuis la décision prise par la CAF vendredi.
L’instance faîtière du football africain, après avoir été saisie par la fédération guinéenne d’une possible erreur administrative commise par le Soudan – la présence de Elsamani sur la feuille de match alors que ce dernier s’est engagé avec le club libyen Ittihad Tripoli – a statué en faveur du Soudan au motif que le transfert du joueur n’était pas effectif au moment du match. En clair, que le certificat international de transfert (CIT) n’avait pas été délivré.
Voilà qui libère ce Soudan, décomplexé et arrivé au Maroc sans objectif précis, forcément dégagé de toute pression. A l’image de son coach qui a débuté dans ses fonctions le mois dernier. Un technicien dont l’honnêteté le distingue de ses pairs. « Contre la Mauritanie, cela aurait dû se terminer sur un nul. Mais on a été plus chanceux qu’eux », admettait publiquement Logarusic après match.
Interrogé sur le challenge de son équipe dans ce CHAN, ce dernier a expliqué qu’il n’en avait pas ! « Que se passera-t-il par la suite ? Comment va-t-on préparer le match contre le Maroc ? Je ne sais pas encore ! Laissez-nous savourer la qualification, un bon dîner et le petit-déjeuner, on verra ensuite. »
Demi-finaliste du CHAN 2011 chez lui à Khartoum, ce Soudan n’impressionne pas forcément, mais il est bougrement efficace. « Le passé est le passé, insiste Logarusic. Pour l’heure, on ne voit pas plus loin que ce dernier match de poule contre le Maroc. On aura le temps de se projeter sur la suite plus tard. »
Au Maroc, le Soudan a débarqué avec un groupe relevé et rompu aux joutes africaines, à l’instar de son capitaine Mohamed Tahir ou encore du solide milieu Mohamed Bashir « Bisha ». Huit joueurs proviennent du Hilal Omdurman, cinq de son grand rival El-Merreikh, cinq du Hilal Obeid.
Les deux premiers clubs sont des habitués des quarts ou demies en Coupes d’Afrique, tandis que le troisième a fait son apparition à ce niveau en 2017. Ils sont encore engagés dans les deux compétitions continentales cette années : Hilal et Merreikh en Ligue des champions, accompagnés du Hilal Obeid et du Ahly Shandi en Coupe de la confédération.
Vu d’Afrique, ces clubs disposent de finances susceptibles d’attirer à eux des entraîneurs étrangers mais aussi des joueurs de tout le continent, nigérians, ghanéens, camerounais voire même égyptiens !
L’équipe nationale A, qui a disputé la CAN pour la dernière fois en 2012 -elle en avait été quart de finaliste – et l’équipe du CHAN sont rigoureusement les mêmes, puisque aucun joueur soudanais (jusqu’à ElSamani) n’évoluait à l’étranger.
C’est ce Soudan, autrefois un grand d’Afrique, vainqueur de la CAN en 1970, qui pourrait bien créer la surprise au Maroc. Sera-ce contre le Maroc ce dimanche ?
@Samir Farasha