Les Lions de l’Atlas défient ce soir à Limbe le pays hôte en demi-finale de l’épreuve. Il leur faudra développer leur meilleur jeu pour espérer voir le 7 février…
Ce n’est pas encore « le grand soir » mais cela s’en rapproche. Dans quelques heures, les hommes de Houcine Ammouta croiseront les crampons avec le Cameroun, un organisateur qui commence fermement à croire qu’il a l’étoffe pour succéder, justement, à la promotion 2018 conduite par Badr Benoun. Il y a trois ans, les Lions de l’Atlas avaient, littéralement, écrasé la concurrence : meilleure attaque, meilleure défense, meilleur buteur et meilleur joueur.
Même si elle est constituée d’une demi-douzaine de joueurs -de Zniti à Hafidi en passant par Rahimi et El-Kaabi– ayant participé au sacre précédent, la promotion 2021 n’est pas vraiment faite du même moule. On l’a vu au premier tour, elle ne s’est pas baladée, que ce soit contre le Togo (1-0) ou le Rwanda (0-0). Et contre l’Ouganda, elle s’est même trouvée menée et éliminée juste avant la pause avant de profiter des largesses défensives inexplicables de cette équipe, pour offrir un festival offensif (5-2) que l’on n’attendait plus…
Face à ces Lions, dont certains sont tout de même au niveau – on pense à Rahimi, 3 buts ou Hafidi – le Cameroun propose une équipe que, début janvier, aucun observateur n’imaginait même aller au-delà du premier tour. On se souvient que ces autre Lions (indomptables ceux-là) ont terminé derniers du Mini-CHAN organisé à Yaoundé début janvier sans avoir gagné le moindre match. On se souvient aussi du changement récent de sélectionneur, Clément Arroga cédant sa place à Martin Ndtoungou Mpilé. On a également en tête que les joueurs n’ont plus disputé de championnat national depuis plus d’un an. De même, il ne reste plus rien du groupe assemblé l’an passé par l’ancien coach et totalement remanié par Ndtoungou Mpilé, un technicien expérimenté qui a réussi à agglomérer in extremis des joueurs pros – Yannick Ndjeng, ex Espérance de Tunis, ou encore Jacques Zoua – qui ont signé il y a peu à l’AS Futuro, un club de 4e division inconnu (niveau régional) pour pouvoir participer à ce tournoi.
Le Cameroun dispose d’une colonne vertébrale faite de joueurs du Cotonsport de Garoua, avec la charnière centrale Banga-Etamé, particulièrement solide, mais aussi le latéral droit Hassana. Devant eux, le binôme des récupérateurs Tchuente et Oukiné, ce dernier étant apparemment scruté par des clubs français… Le gardien de but, Kerrido Haschou (PWD Bamenda), est également considéré comme l’un des meilleurs, si ce n’est le numéro un des spécialistes au poste dans ce CHAN 2020.
Le secteur offensif a révélé Assomo, l’excentré gauche, qui serait également très sollicité. L’ensemble reste techniquement moyen, mais il est porté depuis le début par une motivation, une envie décuplée depuis l’élimination de la RD Congo en quart (2-1). Un adversaire considéré comme l’un des favoris du CHAN et qui a chuté face au Cameroun samedi dernier, certainement auteur de sa meilleure prestation collective ce soir-là. Devant son public – jauge tolérée à 25% de la capacité du stade – cette équipe sera-t-elle capable de bousculer les Lions de l’Atlas ? Pour l’une comme pour l’autre, ce choc constitue le choc le plus important depuis le début de la compétition.
Le Cameroun n’a inscrit que 4 buts en 4 matches, encaissant 2 dans le même temps. Solide défensivement mais peu efficace devant, il affronte un Maroc qui a inscrit 9 buts (meilleure attaque du tournoi) mais qui en a encaissé 3, tous lors des deux dernières sorties. Le Maroc a pour lui l’expérience de cette compétition. Il veut aussi devenir le premier pays à conserver son titre d’une édition à l’autre. Le Cameroun, auquel personne ne croyait, arrive de nulle part et croit désormais en son destin. Il lui faudra cependant hausser son niveau de jeu, faire preuve de justesse technique et ne pas refuser de jouer. De même, on voit mal le Maroc lui offrir des situations de buts comme la RDC. Cette demi-finale promet donc de faire des étincelles pour peu que les Marocains développent le football qui a fait merveille contre l’Ouganda en seconde période puis face à la Zambie en première. C’est ce qu’attend Ammouta. Ils en sont capables. A eux de respecter le Cameroun et ne pas le prendre de haut, sous peine de se faire punir…
@Samir Farasha