Difficile vainqueur (1-0) de Berkane, le club cairote s’est finalement imposé à l’issue d’une série de tirs au but éprouvante pour les nerfs. La longue attente est terminée.
Un président Mortada Mansour ivre de bonheur, un peuple blanc et rouge qui chante, des joueurs qui dansent sur le terrain… Mais aussi un adversaire marocain très remonté et fâché contre l’arbitrage et la VAR, de longues minutes après la fin de cette finale. Drôle d’ambiance à Borg El-Arab, où le Zamalek a fini par s’imposer à l’issue d’une séance de tirs au but dramatique. Mais commençons par le commencement.
Comme si le match aller s’était prolongé en Egypte, la première période de cette finale retour fut à mettre au compte de la RSB. Décomplexés et sereins dans tout ce qu’ils tentaient, les joueurs de Mounir Jaouani ont dominé les 45 premières minutes, posant mille problèmes à la défense du Zamalek. Une défense recomposée avec le retour du titulaire Gennesh dans le but et l’absence du Tunisien Hamdi Nagguez, remplacé au poste de latéral droit par le stoppeur Abdelghani. Du coup, Gross titularisait El Wensh dans l’axe aux côtés d’Alaa. Un choix qui allait s’avérer judicieux. Autres changements par rapport au match aller, les Chevaliers blancs alignaient Ibrahim Hassan et Mohamed Ibrahim d’entrée au milieu. Mais la plus grosse surprise était la titularisation du jeune attaquant marocain Ahaddad, en lieu et place d’Omar El-Said, suspendu lui aussi.
Berkane présentait neuf des onze titulaires de la finale aller. Le capitaine Aziz reprenait son poste de latéral gauche à Yechou, et le milieu Farehane était remplacé par Naji. Loin d’être impressionnée par l’ambiance et le public zamalkaoui, Berkane développait son jeu rapide et direct en contres, essentiellement par le binôme Laachir et Laba Fo Doh Laba. C’est l’excellent latéral droit Nemsaoui qui jouait le plus souvent les rampes de lancement, sur de belles ouvertures dans l’axe ou sur son côté. Mais par précipitation ou maladresse, Berkane ratait le cadre, comme Laachir (6e). Le Zamalek n’était pas en reste et se procurait quelques belles opportunités sur des frappes par Obama (7e) ou encore Hassan (24e). Mais rien de cadré.
A la domination stérile de Berkane – qui n’avait besoin que d’un nul pour succéder au Raja au palmarès – répondait l’incapacité du Zamalek à inquiéter M’Hamdi. Les Egyptiens revenaient cependant avec de meilleures intentions et commençaient à construire des offensives de plus en plus précises. Sur l’une d’elles, le milieu Naji plongeait à terre et touchait volontairement le ballon de la main, à la manière d’un gardien. Le Zamalek demandait le recours à la VAR. L’arbitre, alerté, consultait l’écran et finissait par accorder un penalty. Mahmoud Alaa, le stoppeur international, exécutait la sentence d’une frappe croisée (1-0, 55e). Le Zamalek revenait à égalité sur l’ensemble des deux matches. Le Suisse Christian Gross faisait entrer Zizo dans le couloir droit à la place de Hassan, un changement qui allait semer le trouble chez les Marocains.
Sonné mais pas KO, Berkane avait du mal à se réorganiser et subissait alors les attaques égyptiennes. Kahraba, peu en vue durant la rencontre, obligeait M’Hamdi à une parade exceptionnelle sur une tête smashée (75e). La RSB se remobilisait et profitait d’un temps faible adverse pour placer un contre mais la défense égyptienne commandée par Alaa défendait sobrement et repoussait chaque approche.
Titulaire à l’aller, le jeune Zizo profitait de son maigre temps de jeu pour tester M’Hamdi. Berkane résistait bien mais sur le terrain, la tension était palpable. En fin de première période déjà, Gennesh aurait mérité un rouge pour un coup de tête. En seconde, les altercations, poussettes et intimidations se multipliaient, le gain de temps côté Berkane aussi. Dans les toutes dernières secondes de la partie, le latéral Nemsaoui était expulsé pour un coup de coude sur Kahraba très contesté. Peu de temps avant, Berkane avait réclamé un penalty (peu évident) sur une possible main dans la surface égyptienne…
C’était donc les tirs au but qui allaient décider du sort de cette finale. Le Zamalek réussissait sans trembler ses cinq tentatives, notamment Alaa, déjà buteur pendant le match. Berkane loupait le premier par Laachir qui manquait le cadre. C’est ensuite Mokedem qui voyait sa tentative repoussée par Gennesh… que l’arbitre ordonnait de retirer ! Le Zamalek menait alors 2 TAB à 0. Mokedem transformait son deuxième essai (2-1), comme Laba et Dayo. Mais le Zamalek remportait la mise grâce à son sans faute dans cet exercice (5 tab à 3).
Une drôle de remise des récompenses s’improvisait sur le terrain, en présence des présidents de la CAF, du Zamalek (Mortada Mansour), de la FRMF et de Berkane (Fouzi Lekjaa) et bien sûr de la fédération égyptienne, Abou Rida. Où l’on voyait les joueurs et certains membres du staff de Berkane retirer aussi vite qu’ils l’avaient reçue leur médaille pour protester contre un arbitrage qu’ils jugeaient partial… Rien de tel du côté du coach Jaouani qui restait digne malgré la défaite finale.
Les joueurs du Zamalek et leur staff pouvaient communier avec le public et fêter le titre, leur premier depuis la Supercoupe africaine 2003. On retiendra quand même le superbe parcours de la RS Berkane, qui aura proposé cette saison un football offensif de qualité et révélé des talents tels que Nemsaoui, M’Hamdi le gardien ou encore Fo Doh Laba, le meilleur buteur de la Coupe de la Confédération (8 buts).
@Samir Farasha
La feuille de match
A Borg El-Arab
Zamalek Le Caire (EGY) – Renaissance Berkane (MAR) : 1-0 (0-0) 5 TAB à 3. (réussis : Boutaïb, Alaa, Gomaa, Obama, Zizo au Zamalek ; Mokedem, Fo Doh Laba, Dayo pour Berkane. Raté : Laachir). 65 000 spectateurs. Arbitre : M. Bamlak (ETH). But : Alaa (55e s.p.). Carton rouge : Nemsaoui (90e) à Berkane.
ZAMALEK : Gennesh – Abdelghani, Alaa, El Wensh, Gomaa – Mohamed Ibrahim (cap) (Abdelaziz, 83e), Tarek Hamed – Ibrahim Hassan (Zizo, 70e), Youcef Obama, Kahraba – Ahaddad (Boutaïb, 88e). Entraîneur : Christian Gross.
BERKANE : M’Hamdi – Nemsaoui, Mokedem, Dayo, Aziz (cap) – El Kess (Oueld El Hadj, 84e), Ouidare (Farehane, 69e), Naji, El Helali (Regragui, 90e +4) – Laachir, Fo Doh Laba. Entraîneur : Mounir Jaouani.