Dans un monde du football de haut niveau ou les egos sont tellement forts, les inimitiés cachées ou avouées et la concurrence si féroce entre acteurs de la discipline, il est bon de mettre en valeur les roses que certains acceptent volontiers d’offrir à leurs contemporains. C’est le cas de l’hommage appuyé rendu dans les colonnes de France Football par l’entraîneur madré qu’est Rolland Courbis à Djamel Belmadi, son cadet et ancien coéquipier de l’Olympique de Marseille, aujourd’hui sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie. Délicieuses confidences d’un homme qui a toujours été un fan du football et des footballeurs algériens.
L’arrivée à Marseille : «On avait eu des échos de lui à Marseille. Un gars qui a le nez sur pas mal de joueurs maghrébins m’avait téléphoné. Au départ, c’était pour meubler l’effectif. Mais puisqu’on avait de très bons échos sur lui, jeune de Martigues avec une grande marge de progression, très sérieux, ça s’est fait. On a sympathisé tout de suite et on est restés en très bon terme. Je m’en rappelle quand j’étais parti de Marseille, je suis allé à Lens et lui était resté.
La fidélité faite homme : Quand je suis revenu au stade Vélodrome avec Lens, évidemment, j’étais plutôt sifflé qu’applaudi. Mais lui malgré ça, il était venu me saluer, m’embrasser comme si de rien n’était car il pensait que j’avais filé un coup de main pour sa carrière, et ça m’avait fait très plaisir. Il n’a pas la mémoire courte. C’est un gars reconnaissant, et ce n’est pas pareil chez tout le monde.
Un joueur sérieux, un coéquipier : «Son passage a été une bonne chose, ça lui a permis de progresser, même s’il ne jouait pas tout le temps. Quand on est passé par Marseille et qu’on a réussi ou qu’on n’a pas échoué disons, on peut quand même jouer dans beaucoup d’autres clubs, et on progresse aux côtés de grands joueurs. C’était le coéquipier avec qui on se régale d’être copain. Un bon joueur, un gars sérieux qui avait le profil et la personnalité d’un futur coach. Si on parle d’Algériens, autant Zizou je ne me l’imaginais pas coach, autant Belmadi je n’ai pas été étonné quand je l’ai vu coach. Zizou était timide, sauf quand on était quatre ou cinq, il a progressé dans tout.
Un entraîneur qui donne envie : » Alors que Djamel était calme, sérieux, ponctuel, le joueur que tous les entraîneurs souhaitaient avoir. Je ne me gêne pas de le dire, il donnait envie à un entraîneur d’entraîner. Et aujourd’hui, c’est un entraîneur qui donne envie aux joueurs de jouer. On voit que son groupe est uni à ce qu’il se passe sur le banc. Voir qu’on mette un joueur comme Slimani sur le banc, et qu’il soit content pour son équipe, c’est fort. Et ça, on le doit à Djamel.».
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