La présence du CR Belouizdad parmi les quarts de finaliste de la LDC africaine doit beaucoup à son homme providentiel, actuel meilleur buteur de l’épreuve…
Evoquer Amir Sayoud, c’est raconter le destin assez incroyable d’un joueur parti très tôt de chez lui pour tenter sa chance à l’étranger. A 17 ans, le gamin de Guelma, dans l’est algérien, fait ses gammes dans les catégories jeunes des clubs de sa ville puis à l’ES Sétif lorsqu’il intègre une académie (Al Fata Al Arabi) basée en Egypte. C’est là-bas qu’il est repéré par ce qu’il se fait de mieux dans le pays, et probablement, en Afrique : le Ahly du Caire qui lui offre un contrat de quatre ans. A 19 ans, voici donc le milieu offensif gaucher dans le saint des saints du football égyptien. Après l’élimination des Pharaons égyptiens par l’Algérie pour le Mondial 2010, Sayoud demande à être prêté pour fuir un climat devenu malsain entre Algérie et Egypte. Il rejoint Al-Arabi (Koweit) durant quelques mois et dispute la finale de Coupe du Roi.
La saison suivante, il est de nouveau prêté, cette fois à Ismaïli, en Egypte, où il jouera trop peu. En 2012, Amir se décide à prendre le chemin du retour et rejoint le MC Alger, toujours sous la forme d’un prêt. Quelques mois plus tard, Sayoud franchit la Méditerranée pour vivre sa première expérience pro en Europe. Ce sera le club bulgare de Beroe Stara Zagora, après avoir effectué un essai, fin 2012, avec Duisbourg en Allemagne. Là-bas, il augmente son temps de jeu de façon significative (21 matches, 2 buts). Mais il reprend son baluchon à l’issue de la saison pour s’engager cette fois en Tunisie, avec le CS Sfaxien (2014-15). Alors qu’on le croit fixé, Amir Sayoud repart une nouvelle fois vers l’Algérie. Il intègre le DRB Tadjenanet, fraîchement promu parmi l’élite (2015-16) où il se régale (31 matches, 7 buts). L’USM Alger, séduit à son tour, l’enrôle à l’issue de cette belle saison. Sayoud s’y impose définitivement durant deux exercices (2016-2018).
Mais il était dit que ce passage à Alger ne serait pas le dernier rebond de sa carrière. A 28 ans, il choisit le CR Belouizdad. Il devient champion en 2019-20, soigne ses statistiques en championnat, découvre une autre façon de travailler avec Frank Dumas sur le banc. Et découvre la LDC africaine à l’automne 2020. Une compétition qui va lui permettre de se faire enfin connaître, et reconnaître, de tout le continent africain. En neuf apparitions, il inscrit sept buts et délivre deux passes décisives. Lors de la phase de poule, il marque lors des deux derniers matches, décisifs pour la qualification, face au TP Mazembe et aux Mamelodi Sundowns. Le meneur de jeu du CRB en est devenu la vedette, un élément incontournable car décisif.
A 30 ans, le voici enfin à l’apogée d’une carrière faite essentiellement de rebonds d’un club à l’autre, sans jamais se fixer. Au CRB, Sayoud semble avoir trouvé le club et les partenaires pour s’épanouir. D’abord dans les compétitions nationales, et puis cette saison sur une scène bien plus grande, la Ligue des champions d’Afrique. Le CRB ne se serait pas qualifié parmi les huit meilleurs clubs sans le rendement exceptionnel de son milieu offensif.
Celui qui, plus jeune, était surnommé le Messi algérien lorsqu’il était en Egypte, n’a sans doute pas encore terminé son parcours. Après la victoire du CRB en Afrique du Sud, ce dernier a ainsi expliqué qu’il pourrait très bien rejoindre un grand club du pays. Pas simple dans ces conditions de prolonger un joueur de plus en plus convoité, ce qui est évidemment la priorité du Chabab. Ambitieux, le talentueux Sayoud espère aussi séduire durablement le sélectionneur Djamel Belmadi. Son ambition, il ne s’en cache pas, serait de rejoindre l’équipe nationale, qualifiée pour la prochaine CAN au Cameroun en janvier 2022. Même si ses performances sont de qualité, il en faudra certainement plus pour impressionner Belmadi qui ne manque pas de talents dans ce secteur offensif. Mais qui sait, si le CRB et Sayoud venaient à prolonger leur épopée africaine au-delà des quarts, peut-être que ce dernier pourrait être testé d’ici la prochaine fenêtre internationale chez les Verts. International U20 et U23, l’arme fatale du CRB n’a en effet pas encore revêtu la tunique des A…
@Samir Farasha