Le milieu international Libyen Ahmad Benali qui évolue à Crotone a été l’un des derniers joueurs à disputer un match de la Serie B italienne. C’était le 7 mars à huis clos à Venise (1-3) contre l’équipe locale.
Il raconte avoir compris d’emblée la gravité de la situation rien qu’en découvrant l’une des villes les plus visitées au monde condamnée au silence avec ses rues vides et ses places délaissées. Mis en quarantaine avec ses coéquipiers, il a décrit ses impressions et également ses incompréhensions : « Nous recevions régulièrement des informations selon lesquelles les gens souffraient de cas graves, des gens mouraient du coronavirus et tout s’arrêtait sauf le football, a-t-il confié dans un bel entretien accordé à la BBC Africa Sport, je ne pouvais pas le comprendre. Évidemment, je sais que je suis un professionnel, et je veux jouer et je suis payé pour jouer, mais je ne vois pas dans quelles circonstances le football peut être plus important qu’une vie humaine. »
Sept semaines après ce premier traumatisme, le natif de Manchester, qui a évolu dans les équipes de jeunes des Citizens fait la même analyse du discours servi aujourd’hui en Italie. Un pays qui s’apprête à autoriser les clubs à reprendre l’entraînement individuel le 4 mai et collectif le 18 mai : « »Je ne vois tout simplement pas comment à partir du 18 cela va revenir à la normale, je sais que le nombre de décès au quotidien est passé de 1000 à 400, mais cela ne veut pas dire que 400 n’est pas un nombre énorme, c’est toujours un bilan énorme et les risques sont toujours là. ».
Pour le Chevelier de la Méditerranée , même le choix du huis clos ne présente pas de garantie pour la sécurité : » Il y a au moins 200 personnes au match et vous ne pouvez pas assurer que tout le monde a été dans un hôtel isolé pendant un certain temps Ce sera une expérience inquiétante et nous savons qu’il suffit d’une infection pour démarrer la propagation. Je voudrais juste un peu de sécurité et de précaution avant de penser à jouer à nouveau au football ». Le Libyen qui évolue en Italie depuis 2012 raconte aussi sa souffrance d’être séparé de sa femme restée en Angleterre et qui lui a donné un fils le 24 mars. Qu’il n’a pas encore pu prendre dans ses bras parce que lui est confiné depuis le mars à Venise puis à Crotone.
@Cheikh Mabele