Passé par la Côte-d’Ivoire (ASEC), la Tunisie (Espérance Tunis), l’Algérie (JS Saoura), l’Angola (Libolo), le Maroc (Wydad Casablanca) et les Emirats (Dubaï Club), le technicien français de 41 ans vient de se poser du côté de l’Egypte, à l’Ismaïli SC. En exclusivité pour 2022mag, il a accepté de raconter ses toutes premières semaines égyptiennes chez les « Derviches ».
« Sébastien Desabre, quel souvenir conservez-vous de votre prise de fonction ?
Dès mon arrivée au club, nous sommes partis disputer un tournoi en Arabie Saoudite, à Tabouk. C’est une compétition qui réunissait six clubs dont le CS Sfaxien. On a disputé deux matches officiels. Cette période m’a permis, au-delà du fait de vivre au quotidien avec le groupe, d’apprendre à mieux connaître chacun. Ensuite, nous avons enchaîné sur un stage de quinze jours au Caire. Cela a été mis à profit pour disputer des matches de préparation et je dois dire que cela s’est plutôt bien passé.
Depuis, vous avez brillamment débuté le championnat égyptien, par un succès spectaculaire (4-2) à l’extérieur face à l’Ittihad Alexandrie…
C’est exact, mais nous recevons dès ce dimanche Al Moqaouloun, les Arab Contractors, un club qui lui aussi a bien débuté (3-0) face au promu Al-Ragaa.
Quel objectif vous a-t-on assigné à la tête des Derviches ?
Le club a terminé sixième la saison passée. En termes de popularité, c’est certainement le troisième du pays derrière le Ahly et le Zamalek. Ses supporters sont très chauds. A titre personnel, j’ai accepté ce challenge parce que, pour une fois, je voulais diriger un club qui n’est pas forcément le meilleur du pays mais qui a un projet à moyen terme, sur deux-trois ans. L’objectif reste d’atteindre le top 4 égyptien. Ce n’est pas irréalisable.
Avez-vous pu recruter ?
Le recrutement avait déjà été fait concernant les étrangers lorsque je me suis engagé. Mais les autorités sportives ont ouvert la porte à un quatrième étranger, alors que nous n’avons droit qu’à trois sur la pelouse. Donc, je travaille en ce moment à faire venir un attaquant. Permettez-moi de rester discret sur son identité afin que personne ne nous le chipe !
L’effectif vous semble-t-il de taille au plan qualitatif ?
Absolument. Je peux m’appuyer sur notre capitaine Hosny Abd-Rabo (32 ans) un ancien du RC Strasbourg (2005-06) qui avait été désigné meilleur joueur de la CAN 2008. On a aussi récupéré le numéro dix expérimenté de Moqaouloun, Omare Gamal. Le projet, c’est de conserver une ossature et la faire évoluer au fur et à mesure que l’on avance dans le championnat.
Ne risquez-vous pas d’avoir des joueurs engagés en sélections ?
Notre chance justement, c’est qu’il n’y a pas de CHAN ou de CAN en 2018. Il faut savoir que cinq de mes joueurs faisaient partie du groupe éliminé par le Maroc le mois dernier pour la phase finale du CHAN. Et que Hector Cuper, le sélectionneur de l’Egypte, avait appelé récemment deux de nos joueurs, dont mon gardien et un milieu.
Comparé à tous les championnats africains et arabes que vous avez fréquenté sur un banc, où situez-vous la compétition égyptienne ?
Sans hésitation devant ! C’est un championnat d’un très bon niveau technique. Sur ce que j’ai connu, on va dire qu’il est le plus élevé en termes de niveau. Et l’ambiance est forte.
Pas de crainte sur votre avenir dans un championnat où les coaches ne durent pas forcément longtemps ?
Ce métier ne dépend pas que du travail effectué au quotidien. Plus que jamais, tout est lié aux résultats.
Parlez-nous d’Ismaïli, de votre environnement…
Nous nous situons à quarante-cinq minutes de l’aéroport international et à une heure du Caire environ. Ismaïli est au bord du Canal de Suez. On bénéficie de superbes installations avec au moins trois terrains. Les conditions de travail sont top. Le club dispose d’un hôtel à l’intérieur de sa base, c’est là où vivent les joueurs venus de l’extérieur et où je suis également. Je vis tout ça comme une grande expérience.
Parlez-nous de votre encadrement technique…
Mon adjoint, qui est égyptien, a passé beaucoup de temps aux Emirats, il s’appelle Mohamed Wahba, et c’est lui qui se charge de relation, et passe le message de l’anglais à l’arabe. J’ai aussi fait venir un préparateur physique pendant la phase précédente. Mon deuxième adjoint est l’ancien attaquant du club, Abugreisha.
Naturellement, tout le monde doit être très positif après votre première sortie !
Oui, c’est le cas. Il y a un nouvel élan, un nouvel entraîneur. Mais on verra où on est vraiment d’ici six ou sept matches. L’équipe a de la qualité, c’est sûr, mais elle est jeune. Le principal, c’est de faire progresser cette équipe pour qu’elle trouve rapidement un rythme de croisière. Comme je le disais plus tôt, on n’a pas de joueurs engagés dans des compétitions en sélection, et on ne disputera pas non plus de Coupe d’Afrique en 2018. Donc, à nous de progresser.
Comment vous sentez-vous en Egypte ?
Bien ! J’avais eu l’occasion de venir souvent au Caire, à l’occasion de séminaires de la CAF et j’avais même disputé une demi-finale africaine avec l’un de mes anciens clubs contre le Ahly du Caire il y a quelques années. Je me sens bien ici, la ville ne vit que pour le football. Tout est jaune et bleu, nos couleurs !
Ismaïli fait aussi partie des grands clubs africains, avec le Ahly, le Zamalek…
Effectivement, et on sent tout le poids de l’histoire, c’est un club qui a gagné la C1 en 1969. Lors de ma première séance d’entraînement publique, il y a 10 000 personnes pour y assister. On sent la passion, la ferveur. Ismaïli est un club à la fois très pro, mais aussi convivial avec un président proche du groupe. Ca bosse, y compris chez les jeunes. Franchement, tout se passe très correctement ! »
@Samir Farasha