Entraîneur du Wydad de Casablanca après avoir commencé la saison sur le banc de la Jeunesse de la Saoura (D1 ALG), le technicien français a accepté de revenir sur les dernières semaines, où il fut aussi question qu’il rejoigne la Zambie avant de s’engager, contre toute attente, avec le WAC. Entretien avec un vrai citoyen du monde.
« Sébastien Desabre, vous avez brouillé les pistes, ces derniers mois. Au point que l’on est étonné de vous retrouver aujourd’hui au Maroc, alors que pendant longtemps, on a parlé de vous pour la Zambie…
Avant de répondre à votre question, j’aimerais d’abord vous expliquer mon cheminement personnel depuis le début de l’année. Après mon dernier poste aux Emirats, je me suis mis dans un nouveau projet, à savoir passer mon diplôme Asia Pro à Dubaï, sur une période de quatre mois.
A ce moment-là, vous étiez rentré en France ?
Oui. Cela a donc nécessité pas mal d’aller-retour entre la France et les Emirats, où je me rendais tous les quinze jours. Mais cela me tenait à cœur. De même, je voulais absolument me mettre à jour en France sur ce plan-là. J’ai passé le dernier diplôme de la FFF, ce qui a occasionné de grosses démarches sur le plan administratif puisqu’il s’agissait de valider mes acquis et mon expérience (VAE).
Pourquoi cela vous tenait-il tant à cœur ?
Il me paraît indispensable de posséder les diplômes de technicien lié au continent où je suis amené à travailler. Je l’avais déjà fait à l’époque au Caire en décrochant le diplôme A de la CAF. C’est donc quelque chose qui a couru sur les quatre premiers mois de l’année.
Et ensuite ?
J’ai été approché par des clubs sud-africains. En premier lieu les Orlando Pirates. Je suis donc parti là-bas pour discuter du projet mais cela ne s’est pas fait. J’y suis retourné une autre fois pour les Free State Stars. Et puis la Zambie s’est manifestée pour l’équipe nationale. On s’est vu sur Paris puis à Lusaka et tout était presque OK pour que je m’y engage. Hélas, cela a un peu traîné.
Retrouver le terrain était votre priorité…
Absolument, j’avais envie de le retrouver au plus vite. Et puis il y a eu la proposition de la JS de la Saoura (D1 ALG). J’ai accepté, je me suis engagé avec le club mais j’ai pris soin de mettre une clause de libération dans mon contrat. Après la victoire contre le CS Constantine de Didier Gomes Da Rosa, j’ai levé cette clause. A ce moment-là, c’était très chaud avec la Zambie. Dans ma tête, c’était clair, je souhaitais partir sur une sélection africaine. J’en suis à 200 matches de championnat et une cinquantaine en coupes d’Afrique, je pensais que c’était le bon moment.
Mais alors, que s’est-il passé en septembre ?
Le WAC m’a appelé ! On s’est mis d’accord très vite, au lendemain de la défaite 4-0 en demi-finale aller de la Ligue des champions d’Afrique contre le Zamalek du Caire. Rapidement, j’ai été dans le vif du sujet.
Et vous avez failli réussir un exploit exceptionnel en demi finale retour…
Clairement. On a frôlé la qualification, à un but près, en s’imposant 5-2 ! On a enchaîné sur le début de la Botola, et ça se passe bien. Je cherchais un club ambitieux, capable d’aller chercher une Ligue des champions, dont j’ai atteint deux fois les demies. Le WAC a justement ce profil-là. Mon objectif, c’était de travailler en Afrique du Sud ou au Maroc, deux pays qui m’intéressaient énormément. Alors je suis très content d’être là !
Pas simple, on imagine, d’être à la tête d’un groupe constellé d’internationaux comme c’est le cas avec le WAC…
Nous sommes dans une période de trêve internationale, et j’ai une dizaine de joueurs réquisitionnés en sélections ! Il y en a un avec Hervé Renard chez les Lions de l’Atlas, le gaucher El Haddad, qu’il a lancé le mois passé contre le Canada. J’ai Ondama avec le Congo et Jebor avec le Liberia. Sans oublier six joueurs appelés chez les A’ qui doivent affronter la Palestine en amical le 14.
Vous disposez de joueurs avec un vécu européen, ce n’est pas négligeable…
Exact. J’ai notamment Jamel Aït Ben Idir, un milieu passé par Auxerre, ou encore Fabrice Ondama, qui a joué à Rennes. Mais le WAC dispose aussi de joueurs très confirmés pour remporter la Botola. Jusqu’à présent, les choses avancent bien, même si c’est un championnat difficile. Il y a quelques jours, on a eu du mal à s’imposer face au KAC Kénitra (1-0) qu’entraîne Jean-Guy Wallemme. La Botola nécessite d’être constants.
Et l’Algérie ? Dites nous un mot de ce championnat que vous avez un tout petit peu connu…
C’est différent du Maroc ou de la Tunisie que j’ai également connue. J’ai beaucoup aimé la JS de la Saoura et ses joueurs. J’ai aimé l’agressivité et la vivacité dans le jeu. J’apprécie particulièrement les joueurs dynamiques. Avec la JS de la Saoura, j’ai le sentiment que l’on aurait pu faire quelque chose de bien. Mais j’ai fait un autre choix.
Vous allez vivre prochainement votre premier grand derby contre le Raja, que vous précédez de quatre points au classement. Impatient d’en découdre ?
Oui, effectivement, ça approche, le match est prévu en principe pour le 26 novembre à 15 heures, mais je ne sais pas si ça se jouera à Agadir, à Rabat ou ailleurs. C’est forcément un grand événement pour les supporters et pour le club. Je considère cela comme un grande chance de pouvoir vivre ce grand derby au plan international. J’ai bien vécu des derbys en Tunisie avec l’Espérance de Tunis mais ils rassemblaient moins de monde. J’ai aussi connu des ASEC – Africa Sports en Côte d’Ivoire, mais là encore avec moins de public.
Au Maroc, vous avez retrouvé une vieille connaissance, Hervé Renard, l’homme qui vous a orienté vers l’Afrique au début de votre carrière internationale…
On a échangé depuis mon arrivée, et il était d’ailleurs présent lors de mon premier match, la demi-finale de LDC retour contre le Zamalek (5-2). Mais on ne s’est pas encore posés pour discuter. Il est dans une période importante avec la sélection. Et de mon côté, je sors d’un cycle de huit matches en quatre semaines, puisque le WAC a dû rattraper quatre matches de championnat.
Que pouvez-vous nous dire du WAC ?
J’ai intégré un club qui est dans une logique professionnelle. C’est un grand club, avec une histoire. J’ai trouvé des joueurs disciplinés. Et puis le WAC est un club où on laisse travailler l’entraîneur. Et ça, c’est très appréciable !
Parlez-nous de votre staff…
Le préparateur physique franco-algérien Adda Ben Amar, qui était avec moi à la Saoura, m’a rejoint. C’est quelqu’un de confiance. J’ai comme adjoint l’ancien avant-centre sénégalais Moussa Ndaw, une figure bien connue en Afrique et au WAC. Et Nadir Lamyaghri, l’ancien gardien de but de la sélection marocaine, s’occupe des gardiens du club. Ce sont des relais indispensables pour moi au sein de l’effectif. »
Propos recueillis par @Samir Farasha