Après Ismaïli et le championnat égyptien, le technicien français déjà passé par le Rwanda, le Cameroun, l’Algérie, la Guinée et l’Ethiopie a décidé de se poser au Soudan dans un club mythique sacré champion 2020. Son objectif : retrouver la phase de poules de la Ligue des champions. Une exclusivité 2022mag.
« Didier, racontez-nous comment s’est conclue cette arrivée à Merreikh…
Ca s’est fait en deux jours. On m’a informé que le club était intéressé, et de mon côté, j’étais inquiet de ne pas pouvoir rebondir avant longtemps en raison de la situation sanitaire. J’avais aussi d’autres options. Finalement, j’ai pris une décision rapide et accepté cet énorme challenge.
Quelle était votre crainte ? Signer au Soudan dans ce grand club n’est pas non plus la garantie qu’on vous laissera tranquille…
Comme je l’ai dit, c’était difficile de rebondir en cette période de Covid. Au préalable, je devais m’engager au Maroc mais le club (l’OC Khouribga, NDLR) est descendu en D2. Concernant El-Merreikh, je connais tous les us et coutumes du club et j’espère que cela se passera bien.
Vous sortiez d’une expérience mitigée en Egypte avec Ismaïli, où vous êtes resté de janvier à fin aout…
J’ai dirigé une quinzaine de matches à la tête d’Ismaïli. Globalement, c’était bien. Mais après deux nuls, les dirigeants ont estimé qu’il fallait changer l’entraîneur. Quand on a repris après le premier confinement cet été, j’ai redémarré sans Ben Youssef ni Kaddu, deux renforts offensifs précieux étrangers qui nous ont vraiment fait défaut. Derrière j’ai vu que le club a perdu cinq matches sur six. C’est leur choix. A titre personnel, j’ai le sentiment d’avoir fait le job.
Vraiment ?
Ecoutez, Ismaïli avait comme objectif d’atteindre la finale de la Coupe Arabe. En demi aller, j’avais quand même battu le Raja Casablanca 1-0 et le match retour a été reporté en raison de la crise sanitaire. C’est forcément un grand regret aussi pour moi de ne pas avoir pu mener à bien cette mission jusqu’au bout. Mais j’aurais l’opportunité de retrouver cette compétition cette saison avec El-Merreikh.
Revenons un instant au Soudan et à votre club. QU’est-ce qui vous attiré ici ?
Le nom évidemment, très attractif. Son histoire. J’ai toujours senti que j’allais entraîner un jour ce club. C’est difficile à expliquer.
Comment les joueurs répondent-ils à votre attente, depuis votre arrivée ?
Cela fait moins d’un mois que je suis arrivé et cela fonctionne bien. Ils sont très chaleureux avec moi au quotidien. Je sens que cela bosse, que cela progresse. L’équipe devient cohérente et peut prétendre à la phase de poules africaine.
Justement, vous avez passé sans souci le tour préliminaire de Ligue des champions contre les Congolais d’Otoho d’Oyo…
On a franchi ce pallier sans trois de nos internationaux qui n’étaient pas qualifiés à la suite de soucis administratifs. Et on a perdu certains joueurs, comme notre vedette Al-Tash, sur blessure. Il est d’ailleurs traité au Qatar. Dès la qualif, le président m’a appelé pour me féliciter. Il en a profité pour me rappeler qu’il veut jouer les poules !
Le tour suivant promet d’être plus compliqué face aux Nigérians d’Enyimba…
Le couperet, c’est ça. Voilà trois ans que le club n’a plus disputé la phase de poules de la Ligue des champions. C’est le premier challenge que je dois remporter face à un ancien champion d’Afrique, une équipe puissante qui a éliminé les Burkinabè du Rahimo. On est désormais à une porte de la phase de poules. Et en plus, on reçoit en premier mercredi. Il faudra faire la différence là.
Comment vous préparez-vous à ces échéances ?
Comme le championnat national n’a pas encore repris, en principe ce sera à la fin du mois, on dispute des matches amicaux. Et on double les séances d’entraînement, 8h le matin – 20h le soir. J’ai musclé le programme. J’espère que d’ici ce mercredi, on récupèrera nos défenseurs centraux blessés.
En cas de qualification pour la phase de poules, que comptez-vous faire ?
Je demanderais certainement à mes dirigeants d’étoffer le groupe. Il faudra nécessairement le renforcer. Pour l’instant, on trouve des solutions aux problèmes que j’ai évoqués. Mais si on veut aller chercher après un quart de finale de LDC, il faudra que tout le club suive.
Quelles sont les joueurs clés de votre groupe ?
Il y a Amir, notre stoppeur et capitaine, international A, certainement l’un des meilleurs axiaux que j’ai eu à diriger dans ma carrière. Notre milieu et vice-capitaine El-Sammani. Al-Tash aussi, notre attaquant qui a été massacré par les joueurs d’Otoho. Et puis, Bakri El-Madina, un vrai leader. On a également un Burkinabè, Arnaud, qui évolue comme ailier.
Quels sont vos rapports avec le sélectionneur, Hubert Velud, Français comme vous ?
On s’est déjà rencontré à Khartoum depuis mon arrivée. C’est vraiment quelqu’un de bien et que j’apprécie. On s’était connus sur la scène africaine lors de notre confrontation entre la JS Kabylie qu’il dirigeait, et moi au Horoya. J’avais apprécié sa solidarité vis-à-vis de moi, face aux journalistes guinéens en furie.
Comment allez-vous fonctionner avec lui, sachant que la sélection est composée quasiment pour moitié de joueurs du Hilal et de Merreikh ?
C’est quelqu’un d’expérimenté et de compétent. Il a fait ses preuves. Il sait qu’il peut compter sur moi pour aider la sélection. Si on travaille bien en club, les joueurs qu’il appellera n’en seront que meilleurs. Par ailleurs, c’est un plus pour moi de pouvoir échanger avec lui sur nos expériences. Il m’a également mis au fait du contexte soudanais, de l’environnement du football ici… Je suis très heureux qu’il ait remporté son dernier match contre le Ghana (1-0) en éliminatoires de la CAN 2021.
Un dernier mot : dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ?
Totalement focalisé sur la préparation de ce double rendez-vous contre Enyimba. Je n’oublie pas nos supporters, j’ai hâte d’ailleurs de découvrir l’ambiance au stade quand ils pourront revenir nous soutenir. »
Propos recueillis par @Samir Farasha