» Djilali bonjour ! On vous a vu récemment partir à Andorre puis en Turquie, avant de rebondir début avril en Algérie. De loin, on a un peu l’impression que vous avez la bougeotte, professionnellement parlant depuis une dizaine d’années. Qu’en est-il réellement ?
On ne peut pas vraiment parler de bougeotte ! Dans nos carrières, ce sont les circonstances qui nous conduisent le plus souvent à rebondir ici et là. Qui dictent parfois un départ prématuré.
C’est vrai que récemment, j’ai fait Andorre et la Turquie. Aujourd’hui me voici pour la première fois en Algérie. Andorre, c’est un peu particulier puisque j’y étais pendant la crise du COVID.
Je ne voulais pas d’une mésaventure comme auparavant. J’ai donc préféré rester à proximité de chez moi, en l’occurrence Marseille. Ensuite, j’ai enchaîné par une année sabbatique. Pour prendre le temps de me reposer.
Cela faisait neuf ans que j’étais sur les terrains. J’avais besoin d’une coupure ! Cette saison, j’ai eu l’opportunité d’aller à Altay SK (Izmir), un club prestigieux de D2 turque.
Malheureusement, le club a subi de graves difficultés financières. Il avait de grosses dettes et était interdit de recrutement. Au départ, le club devait régler ce souci-là. Mais ça ne s’est pas fait.
J’ai préféré quitter fin novembre 2023. Et me voici à la JS Kabylie !
Vous voilà effectivement sur le banc d’un club prestigieux, la JS Kabylie, l’un des plus titrés en ALgérie sur la scène africaine. Quel objectif vous a-t-on assigné ?
Il faut savoir qu’à l’origine, je suis venu début avril en tant que premier adjoint du coach. Malheureusement, une semaine plus tard, il est parti. Du coup, on m’a demandé d’assumer l’intérim jusqu’à la fin de cette saison.
Au départ, nous étions 12e sur 16 clubs, et l’on partait pour une opération maintien. Après quelques matchs, ça va mieux et on a retrouvé un classement un peu plus confortable (7e actuellement, invaincu depuis cinq matchs). Le premier relégable est à dix points de nous à quatre journées de la fin.
Je veux ajouter que quand j’ai pris la JSK cela faisait six matchs qu’elle ne marquait pas et qu’elle venait d’enchainer quatre défaites. En 2 matchs, on a gagné 3-1 puis 3-2.
Ne craignez-vous pas d’être débarqué à tout moment ? On sait que les clubs algériens ne laissent guère de temps aux coachs…
Ainsi que je l’ai déjà énoncé, j’ai rejoint une maison très prestigieuse, qui a connu beaucoup de difficultés cette saison. Effectivement, je suis le quatrième entraîneur après Bouzidi, Rui Almeida et Aït Djoudi. Mais je profite de l’opportunité d’être ici.
Je ne suis pas quelqu’un qui craint la pression. Etre à la JSK, c’est une très grande chance. Est-ce trop tôt ? Il n’est jamais trop tôt ! Quand une possibilité se présente, il faut savoir la saisir.
Et puis, prendre les choses positivement. Je suis une personne qui aime aller de l’avant et montrer ce que je peux apporter.
Pouvez-vous nous dresser un portrait du club au jour d’aujourd’hui, en termes de moyens, de structures et d’infrastructures ?
La JSK est appelée dans le futur à revenir en force sur la scène algérienne et africaine. C’est-à-dire que tous les voyants sont au vert. Le club appartient comme vous le savez peut-être à la société de téléphonie MOBILIS.
Nous avons un stade flambant neuf extraordinaire et sur le point d’être inauguré. Au plan algérien, la JSK est un club spécial, le plus titré du pays et l’un des plus aimés certainement.
On a un nouveau président depuis quelques semaines. Il veut déclencher une nouvelle dynamique, et c’est tout ce que je souhaite à cette institution. Qu’elle revienne sur la plus belle scène.
Là où elle était il n’y a pas si longtemps, rappelez-vous que la JSK était en finale de la CdC africaine sous la houlette de Denis Lavagne en 2021 (défaite 2-1 contre le Raja, NDLR).
Dans quelles dispositions avez-vous trouvé votre groupe ? Dans quel(s) domaine(s) devez-vous améliorer cette équipe ?
Honnêtement, avant d’arriver ici, on me disait que le recrutement était raté. On m’a raconté des tas de mauvaises choses sur l’effectif actuel ! Mais depuis mon arrivée, je suis agréablement surpris.
Ce sont des joueurs avec d’énormes qualités. Il y a un groupe dynamique et talentueux, et j’ai peut-être un peu de regrets de ne pas l’avoir connu bien avant.
Parmi mes joueurs, j’ai notamment l’international gabonais Randy Matouti qui a joué récemment contre le Sénégal en mars, et le milieu relayeur malien Mamadou Traoré, un ancien du Stade Malien.
Aimeriez-vous vous projeter au-delà de la saison en cours, avec la JSK ? Si oui, cela dépend de quoi ?
Le projet de la JSK est énorme et j’aimerais bien continuer l’aventure ici. Mais je suis quelqu’un d’assez réaliste, je sais que ce sera très difficile pour moi !
Déjà, il est compliqué de travailler dans la tranquillité. On entend chaque jour beaucoup de bruits, par rapport à la saison prochaine.
Après, je reste professionnel et concentré, à l’image de mon staff et de mes joueurs. Jusqu’à la fin de la saison.
Dieu décidera de la suite, à savoir si je dois continuer avec la JSK. Si je dois partir, eh bien j’irais. Du moment que je suis sur un terrain de foot, je suis le mec le plus heureux !
Un dernier mot, Djilali, sur la crise dite du ‘maillot de la discorde’ à l’occasion de la demi-finale USMA – Berkane. Quelle en est votre perception ?
L’Algérie, mon pays, a montré une fois de plus qu’elle restait ferme sur ces principes de base.
Et que le football, dans ce cas, passe derrière ces principes-là. Tous les clubs du pays et même le peuple est solidaire de l’USMA. Je le suis aussi.
A titre personnel, j’ai pris tout ça comme une provocation supplémentaire de la part d’un certain dirigeant sportif marocain. C’est malheureux mais je suis pratiquement sûr que ce problème sera résolu dans le futur.
Les peuples marocain et algérien sont des peuples frères et ce n’est pas une minorité qui va mettre toute l’Afrique dos au mur.
Avec l’Algérie, ils ont voulu rentrer dans le conflit. Mais les Algériens sont intouchables, on les bouge pas comme ça.
La patrie chez nous passe avant le football et l’USMA l’a confirmé. Ils ont condamné la possibilité d’un doublé continental pour l’amour du pays ».
Propos recueillis par @Frank Simon
Parcours
Djilali Bahloul a exercé successivement au Deportivo La Chaux de Fonds (SUI, 2015), à la Linguère de Saint-Louis (SEN, 2016), au Stade d’Abidjan (CIV, 2017), au Ahly de Manama (BAH, 2017), à Al-Nahda Dammam (ARS, 2018), à la Sohar SC (OMN, 2019), à Mukura Victory (RWA, 2020), à l’UE Engordany (AND, 2021-22) et à Altay Spor Kulübü (TUR, 2023).