Révélé il y a dix ans en D3 algérienne, l’avant-centre d’ « El-Khadra » a gravi tous les échelons de la notoriété, grâce à d’exceptionnelles qualités de buteur. A 28 ans, le nouvel attaquant de Leicester, qui affronte samedi Manchester United à Old Trafford, est bien parti pour frapper un grand coup en Premier League, après être devenu incontournable au Portugal. Retour sur le fabuleux destin de cet Algérois.
Son histoire, fascinante, a véritablement débuté au moment où allait s’achever en beauté celles des héros de 2009, qui formaient l’équipe nationale qualifiée pour le Mondial sud-africain. A 18 ans, Islam Slimani rejoint la JSM Chéraga, qui évolue en D3, en provenance de son club amateur du WBAB de Aïn Benian, où il a évolué en juniors. Le club de la banlieue ouest d’Alger grimpe en D2 (2007-2008), une compétition à laquelle il goûte (18 matches, 1 but) mais la JSMC redescend immédiatement. Qu’importe, Slimani va briller l’espace d’une saison et inscrire une vingtaine de buts en D3. Repéré et identifié par les clubs de l’élite, il est finalement acheté par le CR Belouizdad en mai 2009, qu’il rejoint à l’orée de la saison 2009-2010. Cinq mois plus tard, Le jeune attaquant est convoqué pour la première en sélection nationale, afin d’intégrer l’équipe qui dispute les éliminatoires du CHAN 2011, programmé au Soudan.
Coach Vahid lui ouvre la porte des Fennecs
Au plan national, sa première saison est encourageante : huit buts viennent récompenser ses premiers pas avec le CRB. Il en inscrira dix lors de l’exercice suivant, et dix encore en 2011-12. Le public se souvient encore du quadruplé réussi cette saison-là face à la JSK, à l’occasion d’une spectaculaire victoire 7-1. Grand et athlétique, Slimani pèse sur les défenses et impose souvent son gabarit. Son excellent jeu de tête fait de lui un remiseur de qualité et un pivot intéressant. Bien qu’il s’appuie majoritairement sur des joueurs expatriés, le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, a déjà noté sur ses tablettes son nom ainsi que celui d’El-Harbi Hilel Soudani, un autre attaquant issu du championnat national. « Coach Vahid », en mai 2012, offre sa première sélection A à Slimani, à l’occasion des éliminatoires de la CAN 2013 et du Mondial 2014. Il honore sa première sélection A au cours d’un match amical contre le Niger.
Une semaine plus tard, il marque son premier but pour « El Khadra » contre le Rwanda (4-0) en éliminatoires de la CM 2014. De la tête, ce qui deviendra sa marque distinctive. Huit jours plus tard, face au Mali, il inscrit l’unique but d’une défaite 2-1 sur terrain neutre à Ouagadougou, toujours dans la course au Mondial brésilien. Le 15 juin 2012, soit cinq jours après ce match, il réalise un doublé contre la Gambie (4-1) en éliminatoires de la CAN 2013. Vahid ne s’est pas trompé, sa carrière internationale est définitivement lancée (4 matches, 4 buts) ! Curieusement, sa dernière saison au CRB sera la moins aboutie, avec seulement quatre buts en championnat (2012-13) auxquels s’ajoutent six autres réalisations (Coupe d’Algérie, Coupe arabe UAFA). Retenu pour disputer la phase finale de la CAN 2013 en Afrique du Sud, Islam est titularisé face à la Tunisie (0-1), au Togo (0-2) et à la Côte-d’Ivoire (2-2). Mais il n’inscrit aucun but dans ce tournoi, et les Fennecs sont éliminés dès le 1er tour, alors qu’ils étaient considérés comme des outsiders potentiels. Les éliminatoires de la CM 2014 vont cependant lui permettre de retrouver son efficacité, face au Bénin (3-1, 3-1, 1 but à l’aller, un doublé au retour).
Une adaptation éclair au Portugal
Pendant ce temps-là, son avenir se joue sur une autre scène. Il est déclaré libre par la Fédération un an avant le terme de son contrat au CRB, en raison d’une clause du contrat qui n’aurait pas été respectée par son club. Heureux de l’aubaine – pas d’indemnité de transfert- les clubs européens sur les rangs font la queue pour récupérer le buteur de la sélection. Attendu au FC Nantes, auquel Vahid Halilhodzic, ancien canari historique, l’a conseillé, Slimani prend finalement la route du Sud et du Portugal. Les conditions salariales proposées par le FCNA ont fait capoter l’affaire. Qu’importe puisque le grand Sporting du Portugal lui offre de son côté un salaire à la hauteur de son talent (35 000 euros mensuels), soit plus du double de l’offre nantaise !
Le goleador algérien ne va pas mettre très longtemps à s’adapter au professionnalisme à l’européenne. 8 buts et 4 passes décisives récompensent son travail, pour 26 matches de Liga Sagres. Il inscrit son premier but… de la tête en championnat en novembre 2013 contre Maritimo Funchal et récidive une semaine plus tard lors du derby contre Benfica (3-3) en Coupe nationale, afin de s’incliner aux tirs au but. Peu à peu, il passe d’un statut de remplaçant à celui de titulaire. Sa deuxième saison (2014-15) sera encore meilleure avec 12 buts. Il goûte aussi à l’Europe (Ligue des champions, Europa League) avec le Sporting.
Entre temps, Islam Slimani a été de l’exceptionnelle épopée des Verts au Mondial au Brésil, durant l’été 2014. Remplaçant contre la Belgique (0-1), coach Vahid l’aligne ensuite contre la Corée du Sud (4-2, 1 but, 1 passe décisive, Homme du match) et la Russie (1-1, 1 but, Homme du match). Son but contre ce dernier adversaire ouvre les portes des huitièmes de finale à l’Algérie, face à l’Allemagne. Il dispute les 120 minutes de ce match de légende, perdu 2-1. Sa réputation, qui n’avait cessé de grandir avant le tournoi, est désormais mondiale.
La CAN se refuse à l’Algérie et à Slimani
Outre ses douze buts en 2014-15 et une victoire en Coupe du Portugal, son premier titre, Slimani a pris part à sa deuxième phase finale de CAN, sous la direction cette fois de Christian Gourcuff. Durant la phase éliminatoire, le joueur du Sporting n’a marqué qu’une seule fois. Mais il arrive en Guinée Equatoriale, porté par l’envie d’emmener l’Algérie le plus loin possible. L’EN est en effet la grandissime favorite de ce tournoi, programmé à la base au Maroc mais finalement déplacé en Guinée Equatoriale après le refus du royaume chérifien de l’abriter en raison de la crise sanitaire liée au virus Ebola. L’Algérie domine l’Afrique du Sud (3-1) d’entrée et Slimani marque au cours de cette belle démonstration collective. Mais il se blesse ce jour-là. Sans lui, l’Algérie boite. Affaibli, il rejouera un peu moins de vingt minutes en quart de finale contre la Côte d’Ivoire sans pouvoir inverser le cours du match (3-1). Une fois encore, la CAN s’est refusée à l’Algérie et à Slimani.
La saison 2015-16 va être celle de tous les exploits. Il inscrit 27 buts en 33 apparitions en championnat. Son nom apparaît chaque week-end parmi les grands buteurs du Vieux continent. Il dispute une dizaine de matches sur la scène européenne. Slimani continue d’attiser la convoitise des clubs anglais, excités par la réussite d’un Riyad Mahrez. Justement, Leicester City, le champion anglais 2016, s’est mis en tête de reconstituer ce duo d’internationaux algérien. Le 31 août 2016, il rejoint les « Foxes » pour une somme estimée à 35 ME. Jamais aucun joueur algérien (et maghrébin) n’aura coûté aussi cher à un club. Trois jours auparavant, le 28 août, Slimani dispute et remporte son dernier match sous le maillot du Sporting, face à Porto. Il inscrit aussi son dernier but en vert et blanc, et termine la rencontre en larmes. Des adieux émouvants à un public du stade José Alvalade dont il est devenu l’un des chouchous.
Une Premier League faite pour lui
Le 14 septembre, Islam enfile son nouveau maillot pour la première fois lors de la première journée de la Ligue des champions en déplacement face au FC Bruges (victoire 3-0). Il est aligné aux côtés du buteur maison Jamie Vardy et de son ami Mahrez, auteur d’un doublé. Trois jours plus tard, Slimani fait ses grands débuts en Premier League, à domicile, face au promu Burnley. Victoire 3-0, et premier doublé de l’Algérien, aux 45e et 48e minutes ! Un impact immédiat dans le jeu qui lui vaudra les compliments mérités de son coach, l’Italien Claudio Ranieri. A 28 ans, le grand attaquant algérien n’a sans doute pas fini de nous étonner. Sa belle ascension, accompagnée d’une progression réelle dans le jeu et d’un mental de vainqueur, lui valent aujourd’hui une reconnaissance internationale qu’il est allée chercher. A la rédaction de 2022mag, il fait naturellement partie de ces joueurs qu’on adore. Parce qu’il ne triche pas. Jamais. Que peut-on lui souhaiter pour cette première saison dans un nouveau championnat ? Naturellement, de s’imposer dans le onze de départ, et d’inscrire, pourquoi pas, une quinzaine de buts dans un championnat qui est taillé pour lui. La sélection nationale aura également besoin de lui pour ses prochaines échéances : la deuxième partie des éliminatoires du Mondial 2018. Et, dans quelques mois, la phase finale de la CAN. Où les Fennecs, une fois encore, feront partie des favoris. Tous nos vœux de réussite l’accompagnent pour cette saison pleine de promesses !
@Samir Farasha