Vainqueur au printemps de son quarantième titre de champion d’Egypte, le géant cairote est premier candidat à sa propre succession. Mais le Zamalek, Ismaïli, El-Masry et les nouveaux riches de Pyramids FC ne l’entendent pas de cette oreille…
En Egypte, c’est bien connu, on ne fait rien comme ailleurs. Et cela ne date pas d’hier au pays des pyramides. Le championnat national, édition 2018-19, poste Coupe du monde, a débuté cette semaine. Mais la première journée a été saucissonnée sur quatre jours ! Deux matches mardi, trois mercredi, deux jeudi et deux vendredi. Si bien que le Zamalek et Ittihad, qui ont disputé leur premier match mardi, jouent ce samedi pour le compte de la 2e journée…
Au-delà des problèmes habituels de calendrier, c’est un marathon de 34 journées qui a pris son envol en début de semaine. Sans surprise, le Ahly du Caire, entraîné par le Français Patrice Carteron qui y a déjà connu une expérience il y a deux ans avec Wadi Degla, apparaît comme le grand favori à sa propre succession.
Les Diables Rouges cairotes ont remporté les cinq derniers titres mis en jeu. Ils ont recruté un joueur à l’intersaison : le défenseur axial et international malien Salif Coulibaly, dont l’impact s’est déjà fait ressentir en Ligue des champions.
L’arrivée de Carteron coïncide avec un regain de forme en compétition africaine, avec deux succès consécutifs et la quasi assurance de décrocher la deuxième place du groupe en LDC derrière l’Espérance de Tunis.
Carteron s’appuie sur un groupe quasi inchangé – on y retrouve les duettistes africains Walid Azaro (MAR) et Junior Ajayi (NGA) – et de jeunes joueurs issus des rangs juniors pour donner un peu de tonus et jouer la carte de l’émulation avec les cadres. Pour la première journée, le Ahly a été tenu en échec jeudi, lors du match au sommet contre son dauphin Ismaïli (1-1). Lassaad Jaziri, la recrue tunisienne d’Ismaïli avait ouvert la marque et le Ahly a dû se battre jusque dans le temps additionnel pour gratter le point du nul grâce à Mohamed Sharif (90e+4).
Le Zamalek, comme de coutume, part sans grande certitude. Il a fini quatrième la saison passée à 27 points du Ahly. Son fougueux président Mortada Mansour ne rate pas une occasion de mettre le feu aux poudres avec ses concurrents et même ses propres joueurs. Après le nul concédé d’entrée contre Petrojet (0-0), il a infligé une très lourde amende à ses joueurs auxquels il reproche leur manque d’implication. Bref, des débuts mouvementés pour le Suisse Christian Gross. S’il a bien débuté la saison, il n’est pas tout à fait sûr de la terminer, lorsqu’on connaît le turnover de techniciens pratiqué par son président…
Le club a recruté l’international tunisien Ferjani Sassi, aperçu à la Coupe du monde. Et il est « sensé » avoir vendu à Pyramids FC deux internationaux mondialistes, Ali Gabr et Tarek Hamed. Qui disent ne rien savoir de ces transferts… La coulisse bruisse aussi des problèmes liés aux retards de salaires… Pas idéal pour se mettre en ordre de marche, même si les Chevaliers Blancs comptent toujours sur leur attaquant congolais Kabongo Kasongo (RDC).
La saison dernière avait vu Ismaïly et El-Masry de Port-Saïd terminer aux 2e et 3e places. Les deux formations repartent avec une énorme ambition. El-Masry est devenu un club plus attractif sur le plan du jeu, sous la conduite du binôme des jumeaux Hassan, Hossam la légende et Ibrahim. Le club se comporte bien en Coupe de la Confédération africaine (2e après 4 journées dans les poules). Il a recruté quelques talents comme les milieux Emeka Eze (NGA) et Jebrin (GHA), ainsi que l’attaquant palestinien Mahmoud Wadi.
Et si la surprise venait de Pyramids FC ?
Ismaïly, qui avait longtemps été leader sous la direction du Français Sébastien Desabre, avant que ce dernier ne rejoigne en décembre 2017 l’équipe nationale d’Ouganda, ne manquera pas non plus d’arguments pour accrocher une place d’honneur. Le club est dirigé cette saison par un technicien algérien, Kheireddine Madoui. Et les Derviches ont recruté un sacré leader en la personne d’Essam El-Hadary. Le gardien de but de l’équipe nationale, désormais le joueur le plus âgé à jouer en Coupe du monde (43 ans contre l’Arabie saoudite, défaite 1-2) a signé chez les jaunes et bleus en provenance d’Al-Taawoun (Arabie saoudite). Il remplace Mohamed Awad, certainement l’un des tout meilleurs gardiens du pays, qui a rejoint Al-Wahda (Arabie Saoudite). Lassaad Hanini (TUN) et le milieu offensif nigérian Taro ont également intégré l’effectif qui ne manque pas d’ambition, comme l’a démontré sa première sortie contre le Ahly (1-1).
Et si la surprise venait de Pyramids FC ? Il y a deux mois, ce club n’existait pas sous sa forme actuelle. Il s’appelait Assiouty Sport et a été racheté par Turki El Sheikh, le président de l’autorité sportive saoudienne. Ce dernier, après avoir renommé le club, a placé à sa tête Hossam Al-Badry, l’ancien coach du Ahly démissionnaire ! Il a également investi massivement dans le recrutement de joueurs internationaux et étrangers, et lancé une télévision !
Pyramids FC a surpris lors de l’avant-saison en tenant en échec les Espagnols du Rayo Vallecano (1-1). Ce club totalement artificiel, et qui n’est pas sans rappeler Arab Contractors (Al Moqaouloun Al Arab) créé par l’industriel Osman Ahmed Osman il y a une quarantaine d’années, alors qu’il était le président d’Ismaïly. Le club, qui est relocalisé au Caire, sera évidemment scruté lors des prochaines semaines. Nous reviendrons d’ailleurs sur ses prestations et son riche effectif confié à un technicien brésilien, Alberto Valentim.
A peine lancé, Pyramids s’est mis à recruter sans compter. Deux Brésiliens, Keno (Palmeiras) et Ribamar (Atletico Paranaense). Un Syrien, Omar Al-Midani, sans oublier des internationaux égyptiens. Un recrutement ambitieux sur le plan local destiné à briser l’hégémonie du Ahly au plus vite. Puis à s’installer rapidement sur la scène africaine.
Evidemment, l’arrivée sur la scène égyptienne, déjà occupée par la rivalité permanente entre les frères ennemis cairotes, du Ahly et du Zamalek, d’un troisième larron ambitieux n’est pas forcément reçue avec le sourire par ses rivaux. Même si, et l’information émane du fantasque président du Zamalek, Mortada Mansour, Turki Al-Sheikh a financé l’arrivée sur le banc zamalkaoui du technicien suisse Christian Gross !
On l’a compris, le champion 2019 sortira forcément des rangs de ce quintette de clubs ambitieux. Et les autres, nous direz-vous ? On peut s’attendre à ce que les promus, Haras El-Hodoud (les gardes côtes d’Alexandrie, déjà passés en D1), El-Gouna et Nogoum al-Mostakbal, le petit dernier, jouent évidemment pour le maintien…
@Samir Farasha