Vainqueur de Entag El-Harby (3-2) le week-end dernier, le champion d’Afrique 2020 et 2021 est en train de rattraper match après match le Zamalek. Le leader inamovible ne compte plus que six points d’avance. Ahly paraît bien lancé pour le doubler dans le final…
Après son épuisante campagne continentale qui l’a conduit à un nouveau titre africain le 17 juillet face aux Kaizer Chiefs (3-0) sud-africains, on imaginait que le Ahly aurait besoin de souffler, c’est humain. On pensait aussi que le départ pour Tokyo d’une demi-douzaine de cadres, et pas des moindres – Mohamed El-Shenawy, son gardien de but et capitaine, Akram Tawfik, Mohsen Salah, Taher Mohamed, etc – serait de nature à affaiblir son potentiel collectif durant la quinzaine que dure l’olympiade japonaise.
C’était sans compter sur l’esprit de révolte, la motivation et cette soif permanente de titres qui habitent les joueurs du Ahly, jamais rassasiés. Il y a quelques jours, on a vite fait d’interpréter son match nul (1-1) face à National Bank comme un faux-pas annonciateur de difficultés pour la suite du championnat. Il restait alors dix matches aux Diables Rouges pour boucler la compétition, à la poursuite d’un Zamalek qui, au plus fort de son parcours, a compté une douzaine de points d’avance, grâce aux nombreux reports de matches.
Dimanche soir, dans le silence du stade Al-Salam du Caire, le Ahly a lutté face à Entag El-Harby, lanterne rouge quasiment condamnée à la relégation, pour finalement s’imposer 3-2. A la pause pourtant, les hommes de Pitso Mosimane avaient le match en main, grâce à un penalty transformé par le préposé, Ali Maaloul (1-0, 38e). Mosimane avait titularisé Mohamed Hany en charnière centrale, Aly Lotfi dans le but et aligné d’entré Junior Ajayi et Kahraba, des joueurs qui font partie de la rotation habituelle qui profitaient de l’absence des internationaux partis à Tokyo.
En l’espace de dix minutes, Entag El-Harby balayait pourtant les certitudes du Ahly. Tarek Abu El-Ezz (54e) puis Mostafa El-Badry (64e) égalisaient puis permettaient au dernier du classement de passer devant le Ahly (2-1). Sur ces deux buts encaissés, la charnière centrale du Ahly, Badr Benoun en particulier, n’était pas exempte de tout reproche. Acculé, Pitso Mosimane n’avait d’autre choix que de faire le pari de la fraîcheur et lançait dans le grand bain Hussein El-Shahat pour Ajayi ainsi que le Congolais Walter Bwalya pour Kahraba. Il introduisait également son goleador maison, Mohamed Sherif. Mais son équipe, piégée par un adversaire en quête de survie, paraissait amorphe, presque démoralisée.
Et puis… Le Ahly, comme souvent, puisait dans cette force mentale pour aller chercher un résultat. C’est d’abord El-Shahat qui sonnait la charge et égalisait (2-2, 85e) sur passe d’AmrEl-Suleya. La délivrance intervenait loin dans le temps additionnel grâce à Bwalya. Ce dernier convertissait en but et de la tête un centre de Maaloul (3-2, 90e+3) ! Un scenario incroyable pour ce qui s’est avéré la seizième victoire, en vingt-cinq matches, du Ahly. Le voici désormais revenu à la deuxième place, avec 55 points en poche, et à six longueurs seulement du Zamalek, et avec deux matches de retard sur le leader. Autant dire que Ahly, après avoir grillé son joker contre National Bank, paraît bien lancé pour revenir à égalité des Chevaliers Blancs.
Son programme reste copieux avec neuf matches à disputer dont huit en août, soit un tous les trois jours environ. Et un test important face à El-Masry troisième du championnat, le 20 août. Pour le reste, l’adversité ne présente pas un caractère menaçant particulier. Du côté de Zamalek, auquel il reste sept matches au programme, on ne s’inquiète pas outre mesure du retour du Ahly. Patrice Carteron a noté lui aussi que l’adversité ne devrait pas être un souci… à condition de rester concentré. Aucun adversaire de marque ou de taille n’est au programme en août hormis Ittihad Alexandrie (5e). Mieux, le club cairote doit affronter les quatre derniers. Bref, la fin du championnat égyptien promet un sprint final alléchant et plein de suspense. Les deux clubs devraient être à égalité début août et chaque faux-pas de l’un bénéficiera à l’autre. La fatigue, mentale et physique, aura naturellement son importance. Dans quel état Ahly récupèrera ses internationaux partis aux JO ? Jamais, ces dernières saisons, le championnat n’aura paru aussi indécis. Parce que le Ahly ne domine plus de façon écrasante, et que le Zamalek a retrouvé sa stabilité…
@Samir Farasha