Deux jours après le limogeage de Hossam Al-Badry, la Fédération égyptienne a nommé le Portugais Queiroz sélectionneur des Pharaons.
Le Comité de normalisation de l’EFA, qui gère la fédération égyptienne depuis l’après-CAN 2019 avait prévenu : l’attente n’allait pas excéder deux jours avant de nommer un successeur à Hossam El-Badry, écarté après le nul au Gabon (1-1). Un technicien au bilan statistique positif (5 victoires 4 nuls, une qualification pour la CAN) mais dont le message ne passait plus. Place donc, depuis mercredi après-midi, à l’expérimenté Portugais Carlos Queiroz. Agé de 68 ans, la dernière mission de ce dernier l’avait conduit en Colombie, où il fut limogé du poste de sélectionneur l’an dernier après un terrible revers (6-1) par l’Equateur.
Avec Queiroz, c’est un Africain au sens littéral du terme que l’Egypte a attiré à elle. Né à Nampula au Mozambique, avant l’indépendance de parents portugais, Queiroz a évolué au poste de gardien dans le club de sa ville natale, le Ferroviario. Après l’indépendance, il part faire ses études supérieures d’Education Physique, liées au football, à l’Université de Lisbonne, dont il sortira diplômé. A partir de 1984, il devient coach adjoint à Estoril. Trois ans plus tard, il intègre la fédération Portugaise, et va débuter une longue carrière de technicien et formateur.
Grand voyageur, il a exercé aux Etats-Unis (Metrostars), au Japon (Nagoya), aux Emirats (sélectionneur), en Afrique du Sud (sélectionneur), en Angleterre (Manchester Utd, adjoint), en Espagne (Real Madrid), en Iran (sélectionneur) et donc plus récemment en Colombie (sélectionneur). Le seul continent sur lequel il n’ait jamais exercé est donc l’Océanie. Entraîneur de clubs mais souvent sélectionneur, il a commencé cette autre carrière avec le Portugal (1991-93) puis les Emirats (98-99), l’Afrique du Sud (2000-2002), le Portugal de nouveau (2008-2010), l’Iran (2011-2019) et la Colombie (2019-2020) soit au total 208 matches, pour 112 victoires et 37 défaites. Un bilan plus qu’honorable. Il a qualifié les Bafana Bafana pour le Mondial 2002 (sans toutefois les coacher au Japon), le Portugal pour la CDM 2010 (où il était sur le banc). Ensuite, il a qualifié l’Iran pour les CDM 2014 et 2018 et atteint les demies de la Coupe d’Asie 2019. Battu par le Japon, il a démissionné dans la foulée. Enfin, il fut quart-finaliste de la Copa America 2019 avec la Colombie. Ajoutons à son incroyable parcours ses deux victoires avec le Portugal U20 lors des Coupes du monde 1989 et 1991.
C’est donc cet homme de grande expérience, parfait polyglotte, qui débarque sur le banc égyptien. Il a d’ores et déjà été annoncé qu’il arrivait avec trois adjoints personnels, qui viendront compléter le staff technique comprenant Diaa El-Sayed, Mohamed Shawky et surtout Essam El-Hadary, gardien de but légendaire. Queiroz a un mois devant lui pour analyser les derniers matches de l’Egypte et préparer son premier groupe pour la double échéance (6 et 10 octobre) contre la Libye, surprenant leader du groupe en éliminatoires de CDM 2022.
Evidemment, les sceptiques, et il y en aura toujours, objecteront que le natif de Nampula n’a jamais rien remporté avec les différentes sélections A dont il a eu la responsabilité. C’est un fait. Pour autant, Queiroz présente un CV de grande qualité et a déjà dirigé des joueurs de classe mondiale, que ce soit à Manchester Utd, au Real Madrid ou avec le Portugal, on pense évidemment à Cristiano Ronaldo, alias CR7. Il est notable que Queiroz devient le premier national portugais à s’asseoir sur le banc égyptien. Ses compatriotes ont en revanche souvent coaché les grands d’Egypte, qu’il s’agisse du Zamalek ou du Ahly.
Que peut-on attendre de cette nomination ? Il y a bien longtemps que l’Egypte n’a plus affiché un football qui va de l’avant. Le dernier tenant de cette doctrine n’était autre que Hassan Shehata, à un degré moindre l’Américain Bob Bradley qui a toujours essayé de construire une équipe joueuse. Tous ceux qui ont succédé à l’Américain ont fait preuve de pragmatisme, parfois même de frilosité, on pense à l’Argentin Hector Cuper lors de la CDM 2018 en Russie.
Légitime de par son parcours, Queiroz ne devrait avoir guère de mal à trouver le juste langage pour convaincre les Pharaons, Mohamed Salah en tête. L’Egypte n’est pas en difficulté et reste invaincue depuis deux ans, ce qui correspond au passage d’Al-Badry. On peut quand même attendre de lui qu’il ouvre la sélection à de jeunes talents, ce qu’il s’est toujours efforcé de faire partout ailleurs. Rajeunir, mettre un peu plus de concurrence, s’appuyer sur le groupe des olympiques aperçu à Tokyo peut-être… Le Portugais peut à la fois être l’homme de la transition et faire franchir un cap aux Pharaons qui courent après une victoire à la CAN depuis… 2010. Et qui aimeraient bien être au Qatar l’an prochain pour, pourquoi pas, y jouer un rôle de nation arabe phare. Un rôle dévolu pour l’instant à la meilleure équipe arabe (et africaine) du moment, l’Algérie…
@Samir Farasha