Après avoir suscité la polémique dans The Guardian, en accusant Didier Deschamps de ne pas avoir pris Benzema et Ben Arfa à l’Euro en raison de leurs origines maghrébines, Eric Cantona est revenu, pour le journal Libération, sur les dernières déclarations de l’attaquant madrilène au journal Marca. Le désormais acteur et producteur de documentaires monte au créneau en dénonçant le procès en intention dont fait l’objet le natif de Lyon.« Je remarque que Benzema a été victime de raccourcis incroyables, du type «Benzema dit que Deschamps est raciste», constate l’ex-mancunien. Il dit qu’il a cédé à la pression de l’opinion publique, une pression qui se traduit en termes d’ambiance et de posture politique. Comme ça, on évite de poser les questions. » Et de douter, dans ce dossier, de l’autonomie des instances sportives vis à vis des autorités politiques: « La FFF est sous tutelle du ministère des Sports et deux membres du gouvernement, le ministre des Sports Patrick Kanner et le Premier ministre Manuel Valls, ont publiquement réclamé la mise à l’écart de Benzema durant l’Euro. Ces éléments sont suffisants pour émettre un doute sur l’indépendance des choix du monde sportif rapport à la politique ». Plus loin dans l’interview accordée à nos confrères, Canto élargit le débat en pointant du doigt l’absence de représentativité de certains pans de la société française à des postes de direction. « Les dirigeants d’origine maghrébine ou d’Afrique noire, ils sont où ? Et les entraîneurs de Ligue 1 d’origine maghrébine ?, s’emporte le Marseillais. Alors que ce sont eux qui forment les gamins ! Ils sont assez forts et compétents pour s’occuper des jeunes joueurs, et ils ne le sont plus quand ces mêmes joueurs passent professionnels ? ». A quand un grenelle du football français?
@nassermabrouk