Après treize jours de compétition, l’Euro 2016 s’accorde un petit repos de deux jours, ce jeudi et vendredi, avant d’entamer dès samedi les huitièmes de finale. C’est l’occasion de dresser un bilan du tournoi qui accueillait pour la première fois de son histoire vingt quatre équipes dans une phase finale.
Sauf exception, le jeu proposé sur le rectangle vert n’a pas vraiment été à la hauteur des attentes des observateurs. Même si les favoris sont encore dans la course, cette édition rebat un peu les cartes avec le retour sur le devant de la scène de certains pays de l’Est européen et le carton plein du football britannique. En revanche, les équipes de l’ex-bloc soviétique sont totalement passées au travers de leur événement.
Les Ténors
Aucune des grosses cylindrées participant à cet Euro ne s’est prise les pieds dans le tapis. Les débuts compliqués de certaines équipes n’ont pas empêché la logique d’être respectée avec la qualification des favoris.
La France
La France, qui doit subir la pression d’évoluer à domicile, a démarré son tournoi de manière poussive face à la Roumanie (2-1) puis contre l’Albanie (2-0). Face à ces deux formations, elle a dû attendre le bout du temps règlementaire et s’en remettre par deux fois à son homme providentiel, Dimitri Payet, pour empocher les trois points. Dans la finale de groupe contre les Suisses (0-0), les Bleus ont ensuite montré de belles choses, signes d’une certaine montée en puissance. Malgré ce match nul, et avec 7 points (2 victoires et 1 nul) au total, les Français ont finalement rempli leur objectif: la première place du groupe.
La Belgique
La Belgique, qui est la nation la mieux classée à la FIFA (numéro 2), était très attendue. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les camarades d’ Eden Hazard, à l’instar de la France, nous ont laissé un peu sur notre faim. Après une défaite d’entrée face à l’Italie (0-2), suscitant au passage beaucoup de critiques au pays, Marc Wilmots a dû effectuer des changements (retour de Nainggolan, titularisation de Meunier et repos de Fellaini) qui se sont révélés plus judicieux par la suite. Avec des victoires face à l’Irlande du Nord (3-0) et à la Suède (1-0),lors des deux derniers matchs, les Diables rouges s’adjugent in fine la seconde place avec 6 points.
L’Espagne
L’Espagne avait une revanche à offrir à ses supporters suite à son mondial brésilien complètement raté. Après des débuts qu’on qualifiera de diesel, contre les Tchèques (1-0), les coéquipiers d’ Andrès Iniesta ont, lors du second match, mis un coup d’accélérateur en disposant largement de la Turquie (3-0). Un peu trop tranquilles contre la Croatie, après avoir pourtant mené et raté un pénalty par Sergio Ramos, les protégés de Vicente Del Bosque ont laissé filer le succès (défaite 2-1, en fin de rencontre) et abandonné la pôle position au Croates. Les Espagnols terminent finalement seconds du groupe avec six points.
L’Allemagne
Sans être dominatrice, ni transcendante dans le contenu de ses matchs, l’Allemagne a assuré l’essentiel en finissant en tête de son groupe. Avec deux victoires contre l’Ukraine (2-0) et l’Irlande du Nord (1-0) et un nul face aux Polonais (0-0), les hommes de Joachim Löw réalise un parcours sans défaite. Bien que la Mannschaft totalise le même nombre de points que la Pologne (7 pts), elle finit première grâce à un nombre de buts plus élevé.
L’Italie
L’Italie est en soi une petite révélation dans ce tournoi tant les observateurs transalpins étaient assez pessimistes quant aux chances de réussite de la Nazionale. Devant faire face au forfait de titulaires indiscutables ( Verratti, Marchisio ), Antonio Conte a dû s’en remettre à ce qui fait une des forces des Italiens : l’esprit de groupe dans l’adversité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mayonnaise a encore pris puisque la Squadra Azzurra a fini non seulement leader avec six points (victoires contre la Belgique, 2-0 et la Suède, 1-0), mais elle a également séduit par son collectif bien rôdé. Seule zone ombre au tableau, cette défaite lors du troisième match face à la république d’Irlande (1-0), mais avec une équipe de remplaçants.
Les surprises «
Chaque Euro surprend par son lots de nations que l’on attendait pas à ce niveau de la compétition ou à un tel état de forme. Et parmi ces réjouissances pour les yeux, figurent deux équipes qui se sont notamment qualifiées lors des barrages : l’Islande et la Hongrie
La Croatie
Elle est l’une des révélations de ce début de tournoi. Aussi bien pour la qualité de son collectif que pour la confirmation de ses talents individuels (Rakitic, Modric, Perisic) . Le match qui symbolise cette force croate est la victoire obtenue, face au tenant du titre l’Espagne (2-1), en fin de match grâce à au joueur de l’Inter, Ivan Perisic. En damant le pion aux Espagnols, les camarades du capitaine Srna finissent logiquement en tête de leur groupe avec une partie de tableau qui peut les amener très loin dans la compétition.
L’Islande
Qui aurait parié sur une nation représentant 300 000 âmes et qui s’est qualifiée pour la première fois de son histoire pour une phase finale d’un Euro? Et pourtant les Islandais l’ont fait. Et de fort belle manière en restant invaincus dans leur groupe. On se souvient tout particulièrement de son match inaugural face au Portugal. Un résultat nul arraché aux Portugais (1-1) grâce à une abnégation de tous les instants? Une prouesse qui aura peut-être constitué un déclic psychologique pour cette sélection venue du grand nord. En terminant avec cinq points, et à la seconde place, les coéquipiers de Gunnarsson s’offrent un chouia de rêve supplémentaire
Le Pays de Galles
Et si la belle saison de Gareth Bale avec le Real Madrid avait rejailli sur l’ensemble de ses partenaires pendant ce tournoi? La question mérite d’être posée tant le onze gallois a démontré une qualité de jeu fort appréciable et des individualités (Bale, Ramsey, Allen) à la hauteur du grand raout européen. A l’instar du joueur madrilène, qui trône avec Alvaro Morata en tête du classement des buteurs avec trois unités, le reste de l’équipe s’est mise au diapason de sa star du Real. Au total, deux victoire face à la Slovaquie (2-1) et la Russie (3-0) et une courte défaite face à l’Angleterre (2-1). Cerise sur le gâteau, les Dragons en profitent même pour coiffer sur le poteau le grand voisin anglais et finir premiers.
La Hongrie
Issue des qualifications en barrage, une première depuis sa dernière apparition en 1974, la Hongrie poursuit sur sa lancée et détonne dans cet Euro. Sans véritable star, les Hongrois ont su faire preuve d’un véritable esprit de corps comme en témoigne le magnifique match contre le Portugal (3-3), rencontre durant laquelle les coéquipiers de Dzsudzsak ont mené par trois fois avant de se faire rejoindre au score. Dans cette poule, les hommes de Bernd Storck finissent invaincus (une victoire contre l’Autriche, 2-0, et deux nuls face à l’Islande, 1-1 et au Portugal). Avec cinq points au compteur, les Màgikus Magyarok prennent la tête du groupe, devant l’Islande, et valident leur billet pour les huitièmes de finale.
La Pologne
Emmenée par son attaquant vedette, Robert Lewandowski, la Pologne est bien au rendez vous de cet Euro. Sans être véritablement spectaculaires, les poulains du sélectionneur Adam Nawalka ont fait preuve d’une belle solidité, grâce à certaines valeurs sûres (Krychowiak, Blaszczykowski, Fabianski), et d’une grande efficacité.Un réalisme qui leur a permis d’engranger deux courtes victoires, à chaque fois par un but d’écart, face à l’Irlande du Nord (1-0) et l’Ukraine(1-0), et de tenir en échec l’Allemagne de Manuel Neuer (0-0). Avec un total de sept points, la Biale Orly (l’Aigle blanc) concède la première place à la Mannschaft pour une différence de buts moins favorable.
Les déceptions
Chaque compétition internationale charrie son lots d’échecs. A ce petit jeu, la Russie et l’Ukraine se sont particulièrement bien illustrées tout comme la Suède et la république tchèque qui rentrent à domicile sans avoir engrangé la moindre victoire.
La Russie : C’est incontestablement l’un des plus gros échecs de cet Euro. La Russie termine dernière d’un groupe dont elle pouvait aisément s’extraire. L’égalisation in extrémis pour son premier match face à l’Angleterre (1-1), avec un but de Berezutski en toute fin de rencontre, avait pourtant laissé entrevoir de belles ressources mentales. Ce ne fut qu’une illusion puisque les protégés de Leonid Slutski sombreront par la suite en concédant deux défaites, face à la Slovaquie (2-1) et au Pays de Galles (3-0). A deux ans de la coupe du monde 2018, qu’elle organisera chez elle, l’inquiétude est palpable. A tel point que que le sélectionneur actuel, usé par son double poste d’entraineur avec celui du CSKA Moscou, a décidé de jeter l’éponge en annonçant d’ores et déjà qu’il ne poursuivrait pas à la tête de la Sbornaya.
L’Ukraine : Le passage de l’Ukraine dans cet Euro 2016 restera dans les annales. Pour la simple raison que la Zbirna est la seule sélection à terminer la compétition avec un total de zéro point. Trois malheureuses défaites face à l’Allemagne (2-0), l’Irlande du Nord (2-0) et la Pologne (1-0), et une ligne d’attaque désespérément muette. Avec des joueurs de la trempe de Konoplyanka ou de Yarmolenko, on pouvait s’attendre à ce que les Ukrainiens finissent, au pire, parmi les meilleurs troisièmes. Comme pour son voisin russe les lendemains seront difficiles dans ce pays en guerre. L’ex-star Andrei Shevchenko est annoncée pour tenter de relancer sa sélection dans la perspective du mondial 2018.
La Suède : Malgré son statut légendaire à Paris, le destin de Zlatan Ibrahimovic avec sa sélection nationale s’est arrêté en phase de poule. Quelques semaines après avoir quitté le PSG, c’est sur le sol français que la carrière internationale de l’attaquant suédois s’achève depuis que le natif de Malmö a déclaré qu’il se retirerait une fois l’Euro terminée. La faute à une Suède qui sort par la petite porte après une entrée de tournoi ratée face à la république d’Irlande (1-1) et deux défaites contre l’Italie (1-0) et la Belgique (1-1). Le seul génie du meilleur buteur de l’histoire du championnat de France n’aura donc pas suffi à un groupe manquant cruellement de talents.
La République Tchèque (18è) : Qualifiés à deux journées de la fin pour l’Euro, dans un groupe comprenant les Pays Bas, la Turquie et l’Islande, les Tchèques avaient fait une bonne impression technique et collective pendant les qualificatifs. Malheureusement pour eux, une phase finale ne ressemble jamais à des éliminatoires. Les coéquipiers de Jaroslav Plasil en ont fait l’amer expérience. Avec deux défaites, face à l’Espagne (1-0) et la Turquie (2-0), et un match nul contre la Croatie (2-2), la Narodni Tym n’a pu éviter la position de lanterne rouge, synonyme d’élimination. A sa décharge, le groupe dont a hérité la république tchèque était probablement le plus relevé du tournoi avec la présence de l’Espagne et de la belle formation croate.
Quelques statistiques :
Meilleur buteur : Alvaro Morata et Gareth Bale (3 buts)
Meilleur passeur : Aaron Ramsey et Eden Hazard (2 passes décisives)
Meilleure possession de balle : l’Allemagne (65%), Portugal et Espagne (61%)
Efficacité par match : la Hongrie et le Pays de Galles (deux buts par match en moyenne)
Taux de passes réussies : l’Espagne (93%), l’Allemagne et la Suisse (91%)
Tentatives de tirs au but : Le Portugal (69), l’Angleterre (65)
Plus grand nombre de sauvetages par gardien : Hannes Halldorsson (19), Michael McGovern (16)
69 buts ont été marqués soit une moyenne de 1.92 buts par match et un but toutes les 47 minutes.
Sur ce total les filets ont tremblé 13 fois dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps, 15 fois dans le premier quart d’heure de la seconde mi-temps et 13 fois dans le dernier quart d’heure de la seconde mi-temps. Par ailleurs, 7 buts ont été inscrits dans le temps additionnel.
Les huitièmes de finale
Pour la suite du tournoi, les matchs à élimination directe font leur apparition. Et quelques belles affiches, pas forcément prévues à ce stade de la compétition, sont au menu de ces huitièmes de finale. Ainsi l’Italie croisera le fer contre l’Espagne tandis que les camarades de Cristiano Ronaldo iront défier les redoutables croates. A noter que la partie de tableau concernant les Bleus est incontestablement la plus relevée avec la présence des principaux favoris de l’épreuve (Allemagne, Italie, Espagne, Angleterre et France). Dans l’autre versant, la Croatie, le Portugal, la Pologne ou la Belgique ont une belle carte à jouer pour viser au moins le dernier carré.
Calendrier des huitièmes de finale
Samedi 25 juin
15h : Suisse vs Pologne (Saint-Etienne)
18h : Pays de Galles vs Irlande du Nord (Paris)
21h : Croatie vs Portugal (Lens)
Dimanche 26 juin
15h : France vs République d’Irlande (Lyon)
18 : Allemagne vs Slovaquie (Lens)
21h : Hongrie vs Belgique (Toulouse)
Lundi 27 juin
18h : Italie vs Espagne(6è) (Saint Denis)
21h : Angleterre vs Islande (Nice)
Fodil Mansour