La France et l’Allemagne s’affrontent ce soir à Marseille pour le compte de la deuxième demi-finale de l’Euro 2016. Le vainqueur ira défier le Portugal qui a validé son billet pour la finale en battant le Pays de Galles (2-0).
Entre des Allemands privés de Gomez et de Khedira (blessures) et de Mats Hummels (suspension) et des Français requinqués par leur carton face à l’Islande (5-2), le match de ce soir s’annonce aussi passionnant qu’indécis. Quand on pense à la trajectoire du couple franco-allemand en matière de football, on s’aperçoit que celle-ci n’est jamais un long fleuve tranquille. Ceci est encore plus vrai si l’objectif du match est l’attribution d’une place en finale. En convoquant l’histoire entre les deux pays, on ne peut s’empêcher de se remémorer cette cruelle défaite des Tricolores en demi-finale du mondial espagnol de 1982 (3-3, et victoire allemande aux tirs au but). Depuis l’eau a coulé sous les ponts mais la confrontation entre les deux équipes a toujours cette saveur particulière, fruit d’une rivalité sportive jamais démentie.
Les Allemands gagneront-ils encore à la fin…?
Pour les Bleus, la célèbre formule de Gary Lineker, affirmant que le foot est un jeu qui se joue à 11 mais que ce sont toujours les Allemands qui gagnent à la fin, est une douloureuse réalité.Du moins en compétition officielle. Si l’on excepte la victoire française de 58 en coupe du monde (6-3), le coq ne s’est jamais imposé face à l’aigle sur les cinq phases finales qui les ont opposé. La dernière fois, c’était lors du quart de finale du mondial brésilien de 2014. Ce jour là la bande à Manuel Neuer avait triomphé sur la plus petite des marges (1-0). « on est tombé face à plus fort, face à une équipe qui avait sans doute plus d’expérience à ce moment là et qui a eu la réussite au bout », reconnait deux ans plus tard Hugo Lloris.
Ce qui caractérise en effet la Mannschaft, c’est son impressionnante constance. La sélection allemande a ainsi participé aux douze Euro organisés par l’UEFA depuis 1968. Trois titres (1972, 1980 et 1996) sont venus garnir son escarcelle et trois finales, perdues, ont conforté ce statut de meilleure nation européenne. Il faut remonter à l’édition 2004 pour voir le seul accroc dans l’histoire de la sélection avec une élimination dès la phase de groupe. La France quant à elle a eu la joie de soulever le trophée à deux reprises.Une première fois en 1984, à domicile, puis en 2000. Malgré ces statistiques fort appréciables, les Bleus de Didier Deschamps manquent encore de maturité par rapport à leurs homologues d’outre-Rhin. Le sélectionneur français est pleinement conscient qu’aucun de ses joueurs n’a atteint le dernier carré d’un tournoi majeur: « On ne peut pas lutter avec cette équipe allemande sur l’expérience du très haut niveau, le nombre de sélections, le nombre de demi-finales, de finales qu’ils ont joué. ».
Griezmann, Pogba, les épouvantails
Si le vécu compte pour beaucoup dans les performances, la vérité du moment peut venir renverser certaines certitudes. Joachim Löw est ainsi persuadé que Paul Pogba et ses camarades n’entreront pas ce soir, sur la pelouse marseillaise, en victimes expiatoires. « « La France est encore plus forte qu’en 2014. Il faudra être concentré pour contenir leurs attaques et leur rendre la vie difficile, prévient le technicien allemand. Payet, Giroud et Griezmann sont des attaquants de grande envergure, qui représentent un vrai danger ». De son coté, le coach tricolore préfère, de bonne guerre, rejeter la pression sur son adversaire en lui déléguant le statut de favori : « Cette équipe allemande a toujours l’habitude de maîtriser son sujet, d’avoir une possession fréquemment supérieure à l’adversaire.Elle a donné la plus belle impression sur ses cinq premiers matches de l’Euro».
Quoi qu’il en soit, si le terrain est le lieu de l’analyse d’une rencontre, un facteur à ne pas négliger est l’environnement qui accompagnera les vingt-deux acteurs. Car, c’est au Vélodrome que la demi-finale se déroulera.Terre de passion et de démesure. Nul doute que le public sera au diapason de la température caniculaire qui sévit actuellement dans la région. Une perspective réjouissante pour Hugo Lloris. «Marseille ça reste particulier, c’est une ville avec une ferveur, du caractère, reconnait le capitaine des Bleus. Ce genre de rencontre se joue souvent sur les détails.On espère que l’appui du public nous permettra de nous donner ce petit pourcentage pour créer la réussite. » Un scénario craint mais anticipé par Joachim Löw : « On va jouer contre une grande équipe, mais aussi un pays entier. On a ressenti cette énergie dans tout le pays ». Et si le douzième homme tricolore était l’homme du match ce soir ?
@Nasser Mabrouk