La France et le Portugal s’affrontent ce soir au stade de France pour la finale de l’ Euro 2016 . C’est la première fois que les deux nations se retrouvent, pour un face à face, à ce stade de la compétition. Les deux équipes disposeront d’un effectif au complet puisque le Portugais Pepe, un temps incertain, a finalement été déclaré apte au combat.
La finale tant attendue de cet Euro nouvelle formule, avec ses vingt-quatre équipes, nous offre sans trop de surprises deux pays annoncés, avant le début du tournoi, comme de potentiels vainqueurs. En remontant le fil de leurs parcours respectifs, on se rend compte que ces deux sélections ont globalement hérité d’une adversité à leur portée. Hormis, la Croatie en huitièmes pour le Portugal (1-0) ou l’Allemagne en demi-finale pour la France (2-0), force est de constater que la voie était toute tracée pour tenter de soulever le trophée Henri-Delaunay.
La France est montée en puissance
Pour avoir le droit de fouler la pelouse de Saint-Denis ce dimanche, les deux équipes, telles des soeurs jumelles, ont d’abord vécu des débuts poussifs avant de connaitre une véritable montée en puissance. A l’issue de ses trois matchs de poule, la France a viré en tête au classement en devançant la Suisse. Mais cette pôle position ne doit pas faire oublier que le pays organisateur a définitivement obtenu ses victoires, contre la Roumanie (2-1) et l’Albanie(2-0), qu’en fin de match et grâce à Dimitri Payet, homme providentiel sur ces deux rencontres. Le nul obtenu face à la Nati (0-0) était par la suite d’ordre tactique pour s’emparer de la première place du groupe. Devant l’Irlande du Nord (2-1), en huitième de finale, cela aurait pu virer au cauchemar si les Irlandais, après avoir ouvert le score, avaient été un peu plus talentueux dans le dernier geste. Finalement, le génie d’Antoine Griezmann allait délivrer, par deux fois, des Bleus couleur pâle. Le match le plus abouti sera celui de l’Islande en quart de finale. Les camarades de Paul Pogba n’ont pas fait dans le détail en pliant le match dès la pause (4-0), puis en terminant le travail sur un score sans appel (5-2). Contre l’Allemagne, bien que dominés, les protégés de Didier Deschamps auront su profiter de circonstances favorables en obtenant un penalty, transformé par Griezmann, juste avant le retour au vestiaire. Il était écrit que la forteresse tricolore, avec un Lloris des grands soirs, tiendrait le choc face aux assauts allemands.Entre-temps, les Bleus auront doublé la mise par l’intenable attaquant de l’Atlético Madrid (2-0).
Malgré une domination générale sur ses adversaires, le Portugal n’est pas parvenu à faire mieux que des matchs nuls face à l’Islande (1-1), l’Autriche (0-0) et la Hongrie (3-3). Trois petits points qui ont toutefois permis aux Lusitaniens de se qualifier à la faveur de la nouvelle règle du meilleur troisième.Au tour suivant, les Portugais ont réussi à vaincre dans les prolongations la très redoutée Croatie (0-1). Une première victoire dans le temps règlementaire non rééditée contre la Pologne, en quarts, puisqu’il fallut recourir aux tirs au but (1-1, 5 tab 3) pour que la Seleçao valide son billet pour le dernier carré, et une confrontation face au Pays de Galles. En demie, les deux formations se sont tout d’abord neutralisées avant que Cristiano Ronaldo et Nani ne tuent le suspens, en trois petites minutes, juste après la pause (2-0, 50’ et 53’). En conférence de presse, l’attaquant du Real est d’ailleurs revenu sur la prestation globale de son équipe et sur le scepticisme qui l’a escortée « Nous n’avons pas commencé comme une course de sprint. Nous savions que c’était un marathon. Ils n’étaient pas nombreux à penser que nous pourrions aller en finale, mais nous y sommes. Nous éprouvons de la fierté », s’est félicité le triple ballon d’or.
Le Portugal a fait mentir les sceptiques
Si l’on compare les deux finalistes, les hommes de Didier Deschamps peuvent se targuer d’avoir fait la meilleure impression jusque là. Qui plus est après l’élimination de l’ogre allemand. De cela Fernando Santos en est convaincu même si le contexte d’une finale reste particulier à ses yeux. « La France a montré ses qualités contre l’Allemagne. Mais ce sera un match différent contre nous. IIs chercheront à avoir la possession et à exercer un pressing haut », anticipe le coach portugais. De son coté, le sélectionneur français, comme en écho aux propos de son confrère, décrit ce que devrait être la tactique adoptée par son futur adversaire : «Le Portugal a beaucoup de qualités, à commencer par un triangle défensif solide -Pepe, José Fonte et William Carvalho-. Elle se projette vite vers l’avant en comptant sur le talent de ses deux flèches, Cristiano Ronaldo et Nani. »Si l’entraineur des Bleus a pu construire patiemment son groupe depuis quatre ans, le natif de Lisbonne a disposé, en revanche, d’un peu moins de temps pour façonner un groupe qui a toujours eu pour ambition de jouer le titre à l’Euro. « Il y a deux ans, nous avions cet objectif de jouer la finale à Saint-Denis où j’avais disputé mon premier match sur le banc de la Seleçao, admet l’ancien arrière-gauche. L’équipe s’est améliorée. Elle est plus solide, plus compacte et plus solidaire. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour atteindre notre but ». Et de poursuivre avec force : « Une finale ça ne se joue pas, ça se gagne ». Une devise que fait assurément sienne la France qui part toutefois avec les faveurs des pronostics dimanche soir.
Plusieurs raisons expliquent ce statut de favori du pays hôte. Tout d’abord, la France a toujours gagné le tournoi qu’elle hébergeait, que ce soit l’Euro en 1984 ou la Coupe du monde en1998. Ensuite, les Tricolores sont d’une efficacité diabolique quand il s’agit d’aborder la dernière marche. Hormis celle de 2006, toutes les finales auxquelles ils ont pris part ont été remportées (1984, 1998, 2000 ainsi que les coupes de confédérations 2001 et 2003). De son coté, le Portugal a échoué pour sa seule tentative en 2004, à domicile, face à la Grèce. Enfin, l’historique des confrontations franco-lusitaniennes est très largement à l’avantage du coq gaulois. Sur les vingt-quatre oppositions entre les deux sélections, les Champions du monde 98 écrasent leurs homologues portugais par dix-huit victoires à cinq – soit un taux de réussite de 75% – pour un match nul. En se remémorant justement l’histoire de l’Euro, les deux nations se sont retrouvées à trois reprises au stade des demi-finales.Par trois fois, les Bleus se sont imposés (1984, 2000 et 2006). Et si l’on reprend ne serait ce que les dix dernières oppositions, les Français demeurent invaincus. Une statistique insolente qui dure depuis 1975.
Cette finale sera aussi le duel de deux stars du ballon rond, Cristiano Ronaldo et Antoine Griezmann. Si on peut se réjouir de voir, enfin, le Galactique être cette locomotive qui tire sa sélection, comme il le fait si bien avec le Real Madrid, on se délecte tout autant de la confirmation du talent de l’attaquant de l’équipe de France. Depuis le début du tournoi, le joueur formé à la Real Sociedad devance même le Madrilène en matière d’efficacité devant les buts. Avec six réalisations, le joueur de l’Atlético a déjà scoré deux fois plus que CR7, qui ne compte lui que trois unités. Cette belle performance permet au Colchonero d’être non seulement en tête des goleadors mais d’entrevoir le titre honorifique de meilleur buteur de l’édition 2016.
Quelques semaines après s’être affrontés en finale de ligue des champions, les deux attaquants se retrouvent donc sur la pelouse du Stade de France. Ronaldo a remporté la première manche à Milan, le 28 mai dernier, avec les Merengue de Zinedine Zidane. A Saint Denis, le natif de Mâcon aura cet avantage d’évoluer devant son public. Une belle occasion pour le gaucher de faire d’une pierre plusieurs coups : laver l’affront de San Siro, inscrire à 25 ans un premier titre avec les A et pourquoi pas décrocher le Ballon d’Or devant son concurrent du soir…
@Nasser Mabrouk