La France et la Roumanie s’affrontent ce soir au Stade de France à Saint-Denis pour le match d’ouverture de l’ Euro 2016. Pour la première fois de son histoire, une phase finale d’un championnat d’Europe comptera vingt-quatre équipes pays contre seize habituellement. Bien qu’aucun favori ne se dégage, les Bleus de Didier Deschamps partent avec un ballotage favorable. Ils tenteront de remporter leur troisième championnats en 32 ans.
La France en pole position
Traditionnellement quand la France organise une compétition à domicile, elle finit par la remporter. Ce fût le cas pour la génération de Michel Platini qui triompha lors de l’Euro 84 et pour les camarades de Zinédine Zidane qui montèrent sur le toit du football en s’offrant leur premier titre mondial en 1998. Didier Deschamps qui souleva la coupe au soir du 12 juillet 98, en vivant ce sacre de l’intérieur, saura à n’en point douter gérer comme il se doit les attentes accompagnant ce type d’événement. Son expérience ne sera pas de trop pour préparer au mieux mentalement un groupe que d’aucuns annoncent comme le plus talentueux, nonobstant la double absence de Karim Benzema et d’Hatem Ben Arfa, parmi les vingt-quatre sélections engagées dans le tournoi. Un coup d’oeil panoramique sur le probable onze de départ indique que les Français disposent d’une véritable force de frappe offensive avec des joueurs hyper performants en club cette saison (Griezmann, Payet ou Giroud). Une redoutable attaque, à laquelle on ajoutera les remplaçants de luxe Martial et Coman, soutenue par un trio du milieu qui force l’admiration (Pogba, Matuidi et Kanté). Le seul point d’interrogation pour la sélection française réside dans sa défense centrale qui reste encore expérimentale alors que la compétition débute. Adil Rami, appelé fin mai pour pallier la défection de Mathieu, et Koscielny ne donnent pas encore toutes les garanties nécessaires pour voyager jusqu’en finale. Lors du tirage au sort, les Tricolores on hérité d’une poule très largement à leur portée avec la Roumanie, l’Albanie, la Suisse. La qualification pour les huitièmes de finale et la pôle positon dans ce groupe ne devraient donc pas constituer un obstacle insurmontable, sauf cataclysme lié à l’enjeu. Une première place au classement offrirait aux Bleus une voie assez dégagée jusqu’en demi-finale avec la possibilité de croiser l’Allemagne ou la Belgique. Poussé ensuite par une dynamique collective et par un engouement populaire et médiatique, un ouragan bleu n’est pas à exclure pour tout balayer sur son passage.
La Mannschaft toujours placée
Si la France part avec l’avantage du terrain, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique peuvent aussi légitimement prétendre à la victoire finale. La Mannschaft est une valeur sûre en Europe. La formation dirigée par Joachim Löw s’invite régulièrement dans le dernier carré des compétitions auxquelles elle participe. Le sélectionneur allemand pourra pratiquement s’appuyer sur l’équipe qui humilia le Brésil sur son propre terrain- le fameux 7-1 en demi-finale – avant de s’emparer de la coupe du monde en 2014. Manuel Neuer et ses partenaires sont fin prêts et ont tous » hâte d’entrer sur le terrain », dixit le portier du Bayern. L’Espagne viendra défendre son titre de 2012 qu’elle a brillamment conservée après avoir raflé la timbale en 2008. Le passage à vide matérialisé par un énorme ratage au mondial brésilien, une élimination dès le premier tour pour le tenant du titre, semble désormais n’être qu’un vieux souvenir puisque les hommes de Vicente Del Bosque ont retrouvé leurs esprits. Le sélectionneur ibérique pourra s’appuyer sur une ossature madrilèno-barcelonnaise ainsi que sur la dynamique des récents vainqueurs des coupes européennes avec le Real Madrid et le FC Séville. Le seul hic pour la sélection espagnole est l’état de fraicheur dans lequel se trouveront les joueurs qui ont étiré cette longue saison en accumulant un nombre impressionnant de matchs.
Les Diables Rouges grandiront-ils?
Frontalière avec la France, la Belgique pourra quant à elle compter sur une grosse colonie qui fera le court déplacement pour venir les encourager à travers l’hexagone. En reprenant en 2012 un groupe qui partait à la dérive, Marc Wilmots a réussi son pari. En meneur d’hommes qu’il est, l’ex-buteur du Standard de Liège a su redonner de la fierté à tout un peuple – dans un pays traversé par la sempiternelle division entre Wallons et Flamands – et construire une belle unité autour de ses Diables Rouges. Et cela s’est traduit logiquement sur le terrain puisque les camarades d’Eden Hazard ont réussi à aligner les performances, comme cette belle victoire à Saint-Denis en amicale face à la France, en juin 2015 (3-4), et occuper pour la première fois de leur histoire la place de numéro au classement FIFA (ils sont actuellement seconds). Avec une attaque de feu (Hasard, De Bruyne, Lukaku), un milieu de terrain de très haut niveau (Witsel,Dembélé, Fellaini) et un Thibaut Courtois an tant que dernier rempart, la Belgique allie le parfait équilibre entre la technique, la puissance et la sécurité. Un attelage suffisamment solide pour endosser l’étiquette de potentiel favori. Le gros point noir dans ce ciel dégagé réside en l’absence du capitaine Vincent Kompany qui a dû déclarer forfait sur blessure.
L’heure de Cristiano Ronaldo ?
A ce trio, on peut rajouter des outsiders comme le Portugal ou l’Angleterre. Les Portugais emmené par un Cristiano Ronaldo tout auréolé de son titre de champion d’Europe de la C1 a des arguments à faire valoir avec une génération de joueurs qui évoluent désormais parmi les meilleures équipes du continent. On attend toutefois que CR7 confirme en sélection ce qu’il démontre avec le Real en étant cette locomotive capable de tirer tout un groupe vers le succès. Quant à l’Angleterre, elle pourrait être cette invitée surprise qui s’annonce au dernier moment. Plus jeune équipe du tournoi (25,8 ans d’âge moyen), les 23 anglais pourront profiter de la grande expérience de leur sélectionneur Roy Hodgson, le plus âgé du tournoi avec 68 ans au compteur, pour jouer les trouble-fêtes. Les coéquipiers de Wayne Rooney tenteront de surfer sur une campagne parfaite des éliminatoires à l’Euro ( six victoires, vingt buts marqués pour deux concédés) et sur ces nombreuses révélation ou confirmation dans le très disputé championnat de Premier League (Dele Ali, Jamie Vardy, Harry Kane, Jo Hart). Si les Three Lions, habituellement peu performants en sélection, parvenaient à décrocher leur second titre international, cinquante ans après avoir conquis leur unique coupe du monde (1966), ce serait un sacré pied de nez au destin du ballon rond.
@nassermabrouk
Palmarès
2012 : Espagne . 2008 : Espagne. 2004: Grèce. 2000 : France. 1996: Allemagne. 1992: Danemark. 1988:Pays-Bas. 1984: France. 1980: Allemagne. 1976: Tchécoslovaquie. 1972: Allemagne (RFA). 1968: Italie. 1964: Espagne. 1960: URSS