Chaque jour et jusqu’au 31 décembre inclus, la rédaction de 2022mag consacre sa une à un évènement qui a fait l’actualité du football arabe durant cette année. Après un premier épisode consacré à la Decima du Ahly du Caire et le deuxième aux FAR féminines, retour sur les sacres arabe et africain du Raja.
Nul n’est prophète en son pays, et le Raja en a fait l’amère expérience il y a quelques mois. Couronné en Coupe arabe des champions après avoir gagné la Coupe de la Confédération africaine, la Botola Pro lui a filé sous le nez, lui préférant le Wydad. Tout a commencé à la mi-juillet du côté de Cotonou, Bénin, avec un succès 2-1 aux dépens de la JS Kabylie. Les 12 000 spectateurs du stade de l’Amitié Mathieu Kérékou de Cotonou (jauge sanitaire oblige), ont assisté à une finale âprement disputée. Le Raja de Lassaad Chabbi a rapidement pris le contrôle en inscrivant deux buts dans le premier quart d’heure, conséquences d’une domination sans partage des Aigles Verts. C’est d’abord Soufiane Rahimi, la perle rajaoui, qui exploitait une superbe ouverture d’Arjoune et battait la défense kabyle montée pour jouer le hors-jeu. Rahimi esquivait une feinte devant le gardien Benbot puis n’avait plus qu’à glisser le ballon dans le but vide (4 e ).
Dans un premier temps, le Sud-Africain Victor Gomes annulait le but pour hors-jeu. Avant finalement de l’accorder après révision de l’action par la VAR (1-0, 5 e ). Assommée, la JSK ne parvenait toujours pas à relancer proprement ni même à sortir de son propre camp. Un débordement du latéral Soukhane dans le couloir droit trouvait Ben Malango au point de penalty. Le Congolais contrôlait puis du gauche et en pivot, trompait Benbot au ras du poteau (2-0, 14e). La JSK était KO, dans les cordes. La première période se terminait sur une possession certes en faveur de la JSK mais une domination sans partage du Raja, sûr de son jeu face à un adversaire ne prenant aucun risque. La seconde période débutait sur un coup de tonnerre.
Alors que Lavagne faisait entrer Hamroune à la 46e, les Kabyles inscrivaient un superbe but consécutif à une frappe croisée du dangereux Boulahia à ras de terre qui laissait Zniti sans réaction (2-1). A partir de cet instant-là, la JSK prenait le contrôle des opérations et du jeu, ne laissant que des miettes au Raja. Le tournant de la rencontre intervenait à l’heure de jeu lorsque Arjoune donnait un coup de pied dans le visage d’Oukaci. Un geste dangereux qui conduisait l’arbitre, après avoir revu l’action grâce à la VAR, à exclure Arjoune (63e). Jusque dans le temps additionnel, et sur plusieurs corners qui voyaient Benbot monter dans la surface de son vis-à-vis Zniti, la JSK était toute proche de l’égalisation. Mais Zniti veillait au grain. Au coup de sifflet final, la joie du Raja, dont c’est le deuxième succès dans cette C2 après celui de 2018, contrastait avec la tristesse et l’abattement de la JSK qui a nettement dominé le second acte de cette finale.
Quelques semaines après ce sacre africain, le Raja de Casablanca s’adjugeait la Coupe Mohammed VI des clubs arabes champions aux dépens des Saoudiens de l’Ittihad Djeddah. Le tout à l’issue d’un incroyable scenario (4-4, 4 tirs au but à 3) au Complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat. A peine le temps de commencer la rencontre que déjà, le Brésilien Bruno Henrique donnait l’avantage aux visiteurs saoudiens (1-0, 4e). Mais le Raja réagissait immédiatement et Ilias Haddad donnait égalisait sur passe de Hafidi (1-1, 5e). Dans la foulée de ce but, les hommes de Lassâad Chabbi prenaient même l’avantage au marquoir grâce à Mahmoud Benhalib (2-1, 13e). Mais ce court avantage ne devait pas durer puisque l’Ittihad égalisait à son tour, sur un penalty transformé par Romarinho (2-2, 28e), dont c’était le début du festival…
Juste avant la pause, Zakaria El Wardi permettait aux Aigles Verts de se porter de nouveau en tête (3-2, 37e) sur une nouvelle passe décisive de Hafidi. Mais il était dit que ce match devait continuer à rebondir. Dès le début de la seconde période, la formation dirigée par le Brésilien Fabio Carille, lequel alignait quatre de ses compatriotes au coup d’envoi, encaissait un nouveau but, signé du meilleur joueur du dernier CHAN, la vedette rajaoui Soufiane
Rahimi (4-2, 50e). Avec deux buts d’avance, le Raja paraissait cette fois en mesure de maintenir son avance. Mais c’était sans compter sur le talent de l’inévitable Romarinho. Ce dernier, en l’espace de dix minutes, offrait la remontada à l’Ittihad (4-3, 53epuis 4-4 à la 64e). Plus rien n’allait ensuite être marqué dans les 25 minutes suivantes. Il fallait donc en passer par la séance des tirs au but. Un exercice qui voyait deux joueurs d’Ittihad se louper – Bruno Henrique le premier buteur et Fahed el-Muwallad – tandis que Romarinho, Igor Coronado et Abdulelah El-Malki transformaient leurs tentatives. Côté Raja, on était un peu plus adroits puisque seul Madkour manquait son tir. Rahimi, Azrida, Hafidi et Arjoune, en dernier tireur, offraient le titre arabe au club marocain à l’issue d’une incroyable soirée (4-4, 4 tab à 3). Cette victoire du Raja de Casablanca lui permet de décrocher son deuxième titre dans cette Ligue arabe des clubs champions après celui glané en 2006 aux dépens des Egyptiens d’ENPPI (2-1, 0-1).
Le Raja est le deuxième club marocain à s’adjuger le titre dans cette compétition après le sacre initial de son rival, le Wydad de Casablanca, en 1989, après avoir battu les Saoudiens d’Al Hilal (3-1). Ce titre vient aussi consoler les supporters du Raja après avoir abandonné le titre national au Wydad. Dans la foulée de ce double couronnement, le Raja a perdu ses deux vedettes, Ben Malango (Sharjah, Emirats) et Sofiane Rahimi Al-Aïn, Emirats) qui ont cédé aux offres émiraties. Un peu plus tard, le coach Chabbi a quant à lui été écarté au profit du Belge Marc Wilmots…
@Frank Simon