Ce n’était pourtant plus qu’un secret de polichinelle lorsque la FRMF a annoncé, officiellement, la nomination de Walid Regragui en qualité de sélectionneur des Lions de l’Atlas.
On était le 31 août, l’été vivait ses derniers soubresauts et dans la coulisse, il y a bien longtemps que le nom de l’ancien coach du Wydad Casablanca avait été épinglé pour succéder au Bosnien Vahid Halilhodzic.
Un homme d’expérience(s) qui avait tout de même qualifié le Maroc pour la CAN au Cameroun, terminée sur un quart de finale perdu contre l’Egypte, avant de valider le ticket pour Qatar 2022 après un barrage victorieux en mars contre la RD Congo (1-1, 4-1).
Depuis de nombreux mois, on le savait affaibli par la crise liée aux défections de plusieurs cadres (Mazraoui, Ziyech) qui ne souhaitaient plus revenir tant que coach Vahid serait en fonction.
Jusqu’à ce que le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ, siffle la fin de la récréation. Il n’était pas envisageable pour ce dernier que le Maroc soit privé au Qatar de deux de ses meilleurs éléments.
Le 11 août 2022, le contrat de son sélectionneur est résilié, en dépit de résultats globalement très positifs après trois ans de présence : 30 matchs dirigés, 3 défaites à peine pour 20 victoires et 7 nuls.
De son côté, Walid Regragui est libre puisqu’il n’a pas souhaité prolongé son bail à la tête du Wydad de Casablanca.
En l’espace d’une saison, il a remporté la Botola 2022, la Ligue des champions d’Afrique 2022 et atteint la finale de la Coupe du Trône.
Aux yeux de l’opinion publique comme à la FRMF, il apparaît comme l’homme de la situation. Après plusieurs semaines de discussions, il est intronisé. Aucune pression n’est mise sur ses épaules concernant le Mondial au Qatar.
Regragui, qui fut finaliste de la CAN 2004 en tant que joueur, a toujours été perçu comme un serviteur du football marocain dans le sens noble du terme.
En club, d’abord au FUS puis au Wydad. En sélection aussi, où il fut durant quelques mois l’adjoint de Rachid Taoussi en 2011-2012 au début de sa carrière de technicien.
L’heure est venue pour lui de vivre une expérience XXL avec son pays. Il ne le sait pas encore, il va écrire la plus belle page de la sélection marocaine au plan international.
De quoi faire enrager son prédécesseur qui va multiplier les déclarations, non pas contre lui, mais contre ceux qui ont abrégé sa mission et l’ont privé d’une Coupe du monde, comme la Côte d’Ivoire et le Japon avant le Maroc.
Un nouveau départ
Ambitieux et méthodique, Regragui débarque avec l’idée de redynamiser le groupe, de réintégrer les joueurs qui, écartés par Vahid, ne souhaitaient pas revenir s’il était en poste.
Le mois de septembre lui offre deux matchs de préparation et un premier rassemblement. Ce sera en Espagne, avec un succès sur le Chili (2-0) et un nul contre le Paraguay (0-0), après avoir battu Madagascar (1-0) à huis-clos à Rabat.
Avec son staff (Gharib Amzine et Rachid Benmahmoud), Regragui pose les bases du renouveau, de sa méthode et de ses valeurs en termes de jeu, d’engagement et de stratégie.
Le dernier test, avec la liste définitive se produit aux Emirats et se termine par un facile succès sur la Géorgie (3-0), quelques jours avant le coup d’envoi de la CDM au Qatar.
Les Lions de l’Atlas façon Regragui impressionnent par leur rigueur défensive : cela va se confirmer à Doha. Nul contre la Croatie (0-0) puis un succès mérité sur la vieillissante Belgique (2-0).
Qualifiés pour le deuxième tour, les Lions de l’Atlas terminent en tête du groupe après avoir battu le Canada (2-1). Le premier but encaissé (un CSC) s’est produit lors du septième match de l’ère Regragui !
En huitième, l’Espagne tombe aux tirs au but (0-0, 3 tab à 0). En quart, c’est au Portugal de Cristiano Ronaldo de succomber à ces Lion insatiables (1-0) sur un but d’En-Nesyri.
Voici donc le Maroc demi-finaliste d’une Coupe du monde, première nation africaine et arabe à atteindre un tel niveau. Regragui répète à l’envi que ce n’est pas une fin en soi, que le Maroc peut viser encore plus haut.
Mais la France, en demie, se charge de mettre un terme au rêve des Lions de l’Atlas, affaiblis par des absences et des blessures (0-2) en dépit d’une domination pendant une heure.
Les coéquipiers de Bounou terminent épuisés le Mondial et bouclent par une défaite contre la Croatie (1-2) le match de classement, leur septième rencontre de la CDM.
Cette défaite ne ternit pas pour autant la superbe épopée des Lions de l’Atlas. Dans la foulée, et après le retour triomphal à Rabat où ils ont été reçus au Palais par SM Mohamed VI, Regragui n’a pas fait mystère des prochaines ambitions de son équipe.
Après avoir pris place parmi le Top 4 mondial, le sélectionneur a expliqué qu’il souhaite aller chercher le titre africain lors de la prochaine CAN en Côte d’Ivoire.
La demi-finale au Qatar donne désormais des « obligations » au Maroc, onzième au classement FIFA après la Coupe du monde et première nation africaine et arabe…
@Frank Simon